Un voyage hors du temps avec Guilherme Botelho
Guilherme Botelho
Après le succès du Poids des éponges, Guilherme Botelho revient avec son nouveau spectacle « Guilherme Botelho  ». Sa dernière création renverse les schémas de la danse « classique  » puisque c’est dans un univers aquatique déjanté, entre requins et pêcheurs, que nous accueille la compagnie Alias. Que feriez-vous si votre peau, votre chair et vos nerfs se mettaient à vibrer ? Voici la question à laquelle tente de répondre les danseurs en explorant, à leur manière, nos terreurs les plus intimes. Elles vont être alors portées par le jeu des pions, métaphore des danseurs, de cette fable fantastique où les genres et les émotions se mélangent.
Rien qu’à entendre le titre du spectacle, le public ,ne connaissant pas Guilherme Botelho, se demande dans quoi il s’est aventuré ! Dans « I want to go home », le chorégraphe a décidé d’innover, en mélangeant sa danse avec du théâtre. Son spectacle ne raconte pas de véritable histoire mais plutôt des tranches ou tronches de vie auxquelles il ajoute des textes gonflés d’humour et de poésie.
A la fois surprenant, drôle et inattendu, le mélange des genres renverse le cours endormant des choses. Le spectateur est aussi touché par l’imagination folle et débridée que les danseurs réussissent à retranscrire à travers leur danse et le caractère théâtral de la pièce. Au départ, la mise en scène de ce mélange théâtre/danse a été compliquée et délicate car cette méthode n’était pas dans les habitudes du chorégraphe. Mais cette complication n’a pas ralenti la préparation du spectacle et ce qui paraissait difficile s’est en fait révélé bénéfique pour l’ensemble des danseurs.
La combinaison théâtre/danse permet à cette fable de mêler tous les sentiments et émotions du spectateur qui évolue au fil de la représentation. Il passe d’un état d’angoisse à l’humour en quelques secondes selon les tableaux dansants et théâtraux réalisés par les danseurs.
Un jeu d’acteur/danseur et un décor original
Les artistes de ce spectacle ont leur propre personnalité. Chacun apporte l’ingrédient qui fait le plus de son personnage. L’utilisation de leur propre langue maternelle dans les textes du spectacle, s’ajoute à leur jeu d’acteur. Le spectateur ne saisit pas forcément les dialogues de certains comédiens mais leur gestuelle, emprunt à des instincts naturels, permet de comprendre la scène.
A cet instant, l’association entre la performance dansée et le travail d’acteur est à son apogée. Les danseurs réussissent à transmettre au public le ressenti de leur personnage. Ils entraînent alors le spectateur dans leurs mouvements et il ne peut que suivre l’évolution des pas qui se présentent devant lui sur scène. Lancés sur la scène comme on jette quelqu’un « dans la gueule du loup », ou plus précisément dans la gueule d’un requin, les danseurs explorent nos craintes les plus profondes. La présence des requins sur la scène rejoint cette idée de la peur de l’inconnu.
le requin n'est-il pas le symbole universel de la plus grande frayeur des hommes ?
En effet, le requin n’est-il pas le symbole universel de la plus grande frayeur des hommes ? Le chorégraphe a choisi de mettre en avant cette pensée en jouant avec la mise en scène et le jeu des danseurs. La musique, est également un plus dans la mise en scène. Délibérément préparée par Guilherme Botelho, elle permet de donner plus d’ampleur au jeu des acteurs/danseurs. « Tout doit servir à la scène... même la musique. » « I want to go home » a donc été créé en dehors de tout cadre scénique et va à la rencontre du public. Toutes les caractéristiques citées précédemment me font dire que ce spectacle peut être qualifié d’ original et d’ incontournable.
Elise Sabater
Bloc-Notes
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