L’essor des « zones de chalandises »

L’occasion de rappeler que Nantes reste une ville bien pourvue niveau cinématographique avec deux multiplex côte à côte (tout le monde a bien reconnu nos chers UGC et Pathé), et trois cinémas d’art et essais , le Katorza, le Concorde et le Cinématographe. Pour CL-E Poiroux, les problèmes sont les mêmes que pour le Cinématographe. Il a très vite constaté l’abandon des salles de quartiers pour les zones de « chalandises ». C’est grâce à la dynamique de son équipe et à un travail de proximité qu’il a pu voir ses entrées passer de 850000 à 1.2 millions en six ans, avec un écran de plus. Son objectif : « tout montrer, dans de bonnes conditions », en étant le seul à proposer des films d’art et essai en VO .

Quand est-il pour le Cinématographe, petit cinéma d’art et essais face aux énormes multiplex ? « Le Cinématographe, est avant tout un projet », précise Emilie Mottier, directrice adjointe du cinématographe « Nous proposons une sensibilisation à l’image plus qu’une éducation, nous voulons avant tout attiser la curiosité des spectateurs. Pour les enfants, par exemple, les films sont simples mais très bien construits au niveau de l’image. Nous avons ainsi des lignes de programmation qui traversent l’année. La programmation de cette année « animaux animés »leur permet une certaine identification. ». On l’a compris, le cinéma d’art et essai reste une passion, « Ce qui compte, c’est l’ouverture d’esprit » ajoute Emilie « le contenant, le style et la forme sont privilégiés par rapport au contenu ». Autrement dit, ne vous attendez pas à voir « Taxi »,ou une autre grosse production sans originalité !

L’arrivée du numérique, progrès ou menace ?

On arrive ensuite à la question du numérique et de la conservation des films en pellicule « La numérisation des films et l’équipement numérique nous coûterait trop cher. » précise Emilie « Beaucoup de films des années 70 n’ont pas été conservés. Sur les grosses productions, par exemple, 600 copies sont brûlées et on en garde que 20 . Entre les années 30 et 60, des copies ont virées. » Le numérique pose donc plutôt un problème de liberté de diffusion par rapport à l’ultra- rationalisation des grands comme Gaumont ou Pathé, les cinémas d’art et essai sont encore libres du choix du films, de l’heure de la diffusion… « Le Cinématographe garde une certaine indépendance dans le secteur ultra commercial du cinéma. Nous sommes protégés du numérique grâce à une politique de conservation et par le souci de soutenir la création. Nous fonctionnons avec la Commission de programmation et nous devons arriver à un consensus pour la diffusion des films. »

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« Les cinémas d’art et essai ! »

La question de l’argent revient souvent, alors comment survit un cinéma d’art et essai ? « Une commission CNC composée de 100 professionnels, labellise les films et ce label permet d’obtenir de l’argent .Avant, il y avait une vraie distinction entre Art et Essai, les deux se sont refondus en 2002.Depuis, tout le monde fait de l’art et essai et a une subvention globale » Mais entre films de Répertoire, de Recherche et d’Art et Essais, on s’y perd un peu… « Les films qui font partie du Répertoire sont plutôt ceux d’avant les années 50/60 » explique Emilie « L’art et essai, c’est le bon cinéma européen, grand public, celui d’Almodovar, par exemple qui peut générer des millions d’entrées ou d’autres films de réalisateurs moins connus et plus risqués niveau scénario. Nous, nous sommes labellisés Patrimoine et Répertoire/ Jeune Public, le Katorza, Art et essais…Avec des films dits de Recherche, les salles perdent de l’argent, les films qui ne font pas assez d’entrées ne restent que deux semaines et n’ont pas le temps de s’installer. Malgré tout, c’est important de ne pas augmenter le prix des places. »

Concurrence avec les multiplex, concurrence avec les autres cinémas d’art et essais… et ce n’est pas fini ! Reste encore le souci du DVD ! « Il n’y a pas de problème de concurrence avec le DVD » affirme Emilie « Le home-cinéma et les DVD sont davantage les rivaux des multiplex. Non, le problème vient plutôt du fait que ceux qui acquièrent les droits DVD acquièrent aussi les droits films, certains distributeurs les restaurent très bien, d’autres moins. D’autres rachètent les droits mais pas les films. Résultat : le Cinématographe ne peut pas diffuser certains films. »

Un lieu de vie sociale

Alors, face à tous ces problèmes, quel sera le cinéma de demain ? La directrice du Cinématographe, Catherine Cavelier , l’affirme : « Ce qui nous sauve aujourd’hui, c’est la liberté d’exister totale. » Chaque cinéma a son public et la salle, au-delà du « business et du pognon » reste un lieu de partage, d’échanges , et pas seulement une relation œuvre/ spectateur , « La salle des 400 Coups est un véritable lieu de vie sociale. » affirme Cl-E Poiroux… Pour combien de temps ?

Sabrina ROUSSEAU

lien vers le site du Cinématographe