Fort de ses expériences passées sur d’autres œuvres de Shakespeare, Georges Richardeau a voulu mettre en scène, cette fois-ci, Roméo et Juliette. Pour lui, « c’est un bonheur d’interpréter des personnages qui crient, qui aiment... ».

Malgré la beauté de la langue, l’étude du texte fut assez longue. L’objectif du metteur en scène étant de rendre accessible le texte par le jeu des comédiens, il a fallu travailler sur l’adaptation et sur plusieurs traductions. L’une de ces traductions (la plus lisible mais pas la plus contemporaine) a permis de donner « un coup de jeune » à la pièce de Shakespeare tout en respectant sa structure. En effet, dans cette adaptation, par exemple, les jeunes se tutoient et s’insultent. La participation d’un scénographe anglais a été un bonus pour l’équipe qui a ainsi eu la possibilité de se référer au texte original.

Roméo et Juliette : une pièce qui traverse les époques et les mœurs

Pourtant la tâche, à savoir réadapter une pièce ancienne ne fut pas chose simple. Tout le monde connaît le nom de la pièce ainsi que son auteur mais peu connaissent la véritable histoire de Roméo et Juliette. Peu, également l’ont vu montée au théâtre. La plus connue des adaptations reste le film de Baz Luhrmann, Roméo et Juliette, interprétés par Léonardo Di Caprio et Claire Danes. Mais tout ceci n’a pas empêché Georges Richardeau d’aller au bout de ses idées.

la naïveté n'est plus d'actualité dans le milieu théâtral

Cette pièce est un texte qui traverse le temps et il n’y a pas qu’une histoire d’amour, chaque personnage a sa propre histoire. Des coupes ont notamment été nécessaire, puisqu’à l’époque la pièce durait plus de quatre heures. Mais aujourd’hui le regard sur l’histoire est différent de celui du passé : la naïveté n’est plus d’actualité dans le milieu théâtral.

Il ne faut pas oublier que derrière l’histoire d’amour se cache des problèmes politiques de l’époque. Dans cette adaptation, c’est au travers de Mercutio que s’exerce la critique de la société. Cette dimension a plus d’impact, de sens qu’une guerre familiale, puisqu’à la fin de la pièce, une réconciliation plus ou moins écrite des deux familles se dessine. Ces deux adolescents confrontés aux règles du monde se battent pour que leur amour perdure et que la guerre familiale cesse.

Un bilan positif

Aujourd’hui, adapter des pièces anciennes n’est pas une nécessité mais cela plaît au public. Pour Roméo et Juliette, environ deux mille places avaient été réservées. On constate que les pièces plus contemporaines n’ont pas autant de succès que les pièces plus anciennes. Celles-ci correspondent en effet « au fantasme collectif des spectateurs ». Le metteur en scène a voulu montrer qu’il n’y avait pas seulement l’aspect romantique qui trônait. Cette histoire peut encore se passer aujourd’hui et c’est ce qui plait au public. Le théâtre n’est-il pas « plus fort lorsqu’on laisse au spectateur une part d’imagination » ?

Elise Sabater