Undergang : le pied sur l’accélérateur et la langue chargée
UNDERGANG au ‘St Seb Sound System’
Venu de Toulouse, UNDERGANG -aka ‘la pieuvre’- avait posé ses machines, ses break-beats et son flow sur la scène de l’Escall. Retourné par la performance et médusé par l’homme, Fragil a voulu en savoir plus. Constat : ‘la pieuvre’ a mis son cerveau dans sa bouche.
Undergang est seul sur scène, ombre noire agitée de spasmes, courbée derrière ses platines. Trépignant, fulminant, Il balance ses break-beats violents et ses scratches compulsifs, puis se cabre et assène comme un marteau-pillon ses lyrics concernés et véhéments : « Le sens / au delà du son / du débit / et des DB ! », « On est tous fatigués de ne pas exister, de n’avoir que des merdes à la télé pour avoir l’impression de vivre ! ».
Assister à un set d’Undergang, c’est comme se retrouver propulsé, l’accélérateur bloqué, sur une autoroute nocturne ! On était prévenus : l’écoute de l’album ‘Alter-native’ avait auguré du live. Cette drum&bass nourrie d’emprunts ragga, funky ou abstract hip-hop, devient support à une prise de paroles que n’aurait pas renié Programme, Assassin ou AsianDubFoundation. Les titres ’Artère’, ‘Une vraie Evolution’, ‘Un autre Train’, ‘Return’ alpaguent l’oreille et ne la lâchent plus, tandis que les instrumentaux ‘Bodybagdad’ ou ‘Epilogue’ calment le jeu et apportent des couleurs définitivement dub et soul.
Du coup, après une heure de frénésie éreintante, on appréhendait un peu la rencontre... L’appréhension laisse place à la stupéfaction : sorti de scène, l’homme est méconnaissable. Derrière cette stature athlétique de l’ère industrielle se découvre un homme souriant, lucide, réfléchi, et d’une gentillesse désarmante !
Cédric -c’est son vrai nom- sirote son Perrier : « Je fais de l’électro par hasard. Quand j’ai commencé, je ne savais pas ce que c’était. Je faisais du rock avec des potes, on jouait avec deux notes sur des guitares même pas accordées. C’est en récupérant par hasard une machine que j’ai réalisé que je pouvais tout faire moi-même. » Il ajoute en souriant : « Bizarrement, chez moi, je compose des morceaux hip-hop, reggae, funky ou métal, mais pas d’électro ! Le prochain LP, , sera nettement plus rock ! » (Lire la critique de "Rue du Maroc")
Rien d’étonnant quand on apprend que les titres sont enregistrés avec le chanteur de La Phaze -des potes avec qui notre homme tourne pour quelques dates.
En réajustant ses lunettes, il définit sa musique : « Mes morceaux , c’est 25 % de musique, et 75 % de textes. Quand j’écris, je n’ai pas de thème et je ne cherche pas à approfondir le premier jet : je suis le fil de ma pensée. C’est seulement après que je retravaille le débit et la diction. »
« Je n’aime pas les mecs qui calculent leurs textes, ni les démagos qui flattent les jeunes dans le registre ‘fumez des pets et fuck la police’... Moi, je suis fan de Férré. Il était critique des autres autant que de lui-même : pour lui rien n’était tout noir ou tout blanc. ».
Je n'aime pas les mecs qui calculent leurs textes, ni les démagos qui flattent les jeunes...Moi, je suis fan de Férré : pour lui rien n'était tout noir ou tout blanc.
Le passionné d’histoire ajoute : « Je ne fais pas la morale : j’établis le constat de ma génération. Il y a tant de choses à faire, mais les Etats privilégient leurs vieilles rengaines. A cause de l’économie, le monde tourne à l’envers. » Il ajoute dans un rire à la Desproges (une autre influence) : « Je serais presque favorable à ce qu’on devienne moins riches ! »
Finalement, rencontrer UNDERGANG, c’est un peu du kung-fu : on commence par se prendre des coups, mais on ressort musclé des pieds à la tête !
En attendant la prochaine taloche et toujours le pied au plancher, on abusera encore de l’album ‘Alternative’ et de sa « ...poésie moderne et énervée / avec un bémol / pour tous les excités ! » .
Renaud CERTIN
Undergang. Album : "Alternative"
Undergang. Album : "Rue du Maroc", critiqué dans Fragil.
Plus d’infos sur le site d’Undergang
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