Quand l’Art rencontre le Rock
Point de vue d’une festivalière avide de nouveautés
Le rock n’est plus seulement un mouvement musical, il exprime depuis les années 50 la rébellion et la contestation face à un monde considéré comme trop réglé et normatif. Cet esprit de sédition a teinté la mode de ses couleurs subversives et, a plus généralement influencé les arts, du cinéma à la peinture en passant par la littérature. La 23ème édition du festival Art rock nous a justement proposé, en ce début de mois de juin, une programmation étincelante restituant les diverses facettes de l’expression rock.
La modeste ville de Saint-Brieuc est agréablement aménagée pour accueillir les acteurs et spectateurs du festival. Le Magic Mirrors, magnifique scène mobile aux allures de cabaret, accueille aussi bien les célébrités que les artistes moins renommés.
Cirkus, dernier groupe de Neneh Cherry, est ainsi monté sur ces planches pour nous livrer quelques morceaux de son répertoire. La fameuse chanteuse a de nouveau su ravir le public par sa voix suave mais, c’est bien Cirkus qui a conquit le public. Neneh Cherry est ainsi complétée par les chants poignants de Burt Ford et de Lolita Moon. L’incontestable qualité de la prestation du groupe ne l’empêche pas pour autant de rester simple et humble. Mixant soul, hip-hop et rock, ces cinq artistes savent varier les rythmes, les genres et les émotions.
La Compagnie de l’uppercut, nous a livré un spectacle surprenant. S’inspirant du slam, deux comédiens jouent leurs propres textes rythmés par une poésie moderne et pleine de réflexion. De nombreux thèmes, tels que la consommation, le monde des apparences ou l’avenir, sont abordés et critiqués : « Nous sommes les sans père, les sans peau, les sans révérends, les sans référents. Et c’est à nous de forger le monde. » Sons et sens ne font qu’un et créent un nouvel art qu’il est indispensable de découvrir.
4 espèces de chanteur, est un magnifique quatuor réunissant Bastien Lallemant, Albin de la Simone, Bertrand Belin et JP Nataf. Quatre voix, quatre guitares et un piano, fusionnent en une séduisante harmonie. Ces gais lurons mêlent humour, camaraderie et histoire de tout genre afin de ravir nos oreilles et de nous faire rire. Les spectateurs ne se contentent pas seulement d’écouter, ils deviennent eux-mêmes des musiciens. Aucun de ces artistes ne se prend au sérieux, si bien que l’on se croit plus à une fête entre ami qu’à un concert.
Saint-Brieuc a également organisé pour l’occasion, différents lieux culturels tels que son musée transformé en Pavillon de l’art numérique. Quelques installations interactives se proposent de nous faire découvrir l’art contemporain et ses différents aspects. En voici deux, qui ont su captiver les amateurs comme les débutants :
Sonic Wire séduit les plus jeunes tout comme les adultes, en leur proposant de créer un dessin en 3D accompagné d’étranges notes de musique. Le principe est simple : tracer un trait et ce geste enfantin produira de lui-même (en fonction de sa longueur et de sa forme) un certain type de son. Ainsi l’esquisse d’une fleur peut devenir une mélodie. Le résultat n’est pas toujours harmonieux mais l’instrument sait hypnotiser et charmer son public.
Circles Mirror est une sculpture composée de 900 disques connectés à une caméra et assemblés sur une grande planche d‘environ deux mètres de longueur et de largeur. En s’approchant et en observant l’œuvre on voit apparaître son propre portrait. L’installation est complexe, l’idée est simple mais ce travail artistique est astucieux et surprenant.
A proximité, le Forum recevait des artistes encore peu connus mais dont les performances laissent présager un avenir prometteur.
David Walters, auteur, compositeur, interprète et homme orchestre des temps modernes, fait parti de ces musiciens qui méritent une plus ample reconnaissance du public. Grâce à une pédale et de nombreux instruments parfois inqualifiables, ce jeune chanteur est à lui seul un véritable groupe de musiciens. Se situant entre Keziah Jones et Leny Kravitz, la voix de David Walters se substitue à la batterie et peut créer une multitude de sons graves ou aigus. De même, il utilise le sol pour faire des percussions et ne se restreint pas à un seul style de musique. Allant de la folk aux rythmes créoles, il compose également avec des beats plus électroniques et peut jouer du reggae pour rendre hommage à Bob Marley, comme ce fut le cas lors de ce festival. David Walters est pour le moins polyvalent et plein d’imagination.
La grande scène, installée en plein cœur de Saint-Brieuc, place Poulain Corbion, présentait la majorité des têtes d’affiche telles que Fishbone, Seun Kuti et Egypt 80, Deus, Katerine, Thomas Fersen, Da Silva et bien d’autres groupes renommés.
Saint - Brieuc s’affirme véritablement comme une ville conviviale et festive. Art Rock nous prouve donc de nouveau qu’il est un festival hétéroclite à ne pas rater pour bien commencer l‘été.
Solenne Legeay
Bloc-Notes
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