Extravagance et attitude sexy pour Liquid Architecture au festival Art Rock
Un duo proche de la scène de l’art contemporain.
Les têtes d’affiches présentes lors du festival Art Rock feraient presque oublier les artistes plus émergents. Mais peut-on encore parler d’émergence pour le duo électro-rock de Liquid Architecture : Audrey Mascina et Jérôme Sans, personnalité reconnue de la scène de l’art contemporain et désormais engagée sur des voies plus musicales mais toujours aussi visuelles.
Personnalité majeure de l’art contemporain, Jérôme Sans a été co-directeur du Palais de Tokyo, site de création contemporaine à Paris, pendant quatre ans avec son compère Nicolas Bourriaud, commissaire de nombreuses expositions et critique d’art. C’est avec étonnement que nous le retrouvons lors du festival Art Rock à l’espace presse pour une interview en toute intimité avec Audrey Mascina, l’immense majorité des journalistes préférant comme de coutume suivre les artistes les plus courus.
Le duo rock parisien est habitué des scènes rock pointues parisiennes et joue plus particulièrement à l’étranger : à New York, Zurich, Barcelone... Issu des arts visuels comme de très nombreux musiciens, le duo gravite dans cet univers. Liquid Architecture est un terme emprunté à l’architecte Frank Gehry qui évoque en ces termes la musique. Audrey Mascina ajoute également qu’avec la dématérialisation des supports et la puissance de l’Internet, le concept de Liquid Architecture trouve inévitablement sens pour évoquer les chemins vers lesquels s’engouffre la musique.
« Vivre une époque, c'est l'embrasser largement »
Liquid Architecture est une histoire avant tout, fruit de rencontres. Invité par un ami à produire un Dj set pour l’ouverture d’un centre d’art contemporain à Chicago, Jérôme Sans se voit proposer d’inaugurer un studio pro tools et pose les bases avec le morceau « Not for Hire », « Je ne suis pas à louer ». Ecouté et encouragé par leurs amis Laurent Garnier et Alex Kid, le duo poursuit l’aventure, chapitre après chapitre dans le plaisir et l’urgence de l’instant.
Limitation du temps, lieux différents, une somme de contraintes dites positives pour la composition de l’album. Les textes créent le fil rouge et posent des questions. Des thèses sur les différences générationnelles sont développées dans une approche presque sociétale, et Liquid Architecture questionne sur le sens des utopies, sur ce qu’il en reste, comment elles peuvent se renouveler. Désormais l’utopie se vit individuellement ou en tribus (comme le dit le sociologue Michel Maffesoli) et se réinvente chaque jour d’où le titre de l’album : « Revolution is over ».
Une utopie révolutionnaire des années 70 mêlée à la froideur de la musique électronique caractérise les compositions. La voix d’Audrey, froide et sexy, confronte chant et voix parlée. Un flot de filtres électroniques, de guitares saturées revisite les références que sont les Stooges, le Velvet Underground, les New York Dolls entre autres.
Les arts visuels
Chaque concert est unique et laisse place à un univers visuel toujours différent. Selon Jérôme Sans, la musique est indissociable des arts visuels et pour preuve, la plupart des artistes musiciens sont issus d’écoles d’arts. Ainsi Bruno Peinado est intervenu à New York avec une scénographie faite de peinture dégoulinante ou encore Kader Attia « avec une scène couverte de carrés de miroirs qui se pétaient à chaque pas, faisant jaillir de grands éclats lumineux ».
Cette approche visuelle se retrouvera prochainement dans un Dvd présenté à la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) où de nombreux artistes auront mis en boites les clips de l’album. Ainsi Liquid Architecture revendique une proximité avec « Andy Warhol et de cette notion de Factory où les créateurs collaboraient ensemble pour ne pas se cantonner à un seul domaine ».
Pascal Couffin
Bloc-Notes
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