La promesse de Nihil : du métal au rock
Nihil est un groupe rare. Jamais là où on les attend, ils brouillent les pistes, mélangent les genres à travers une musique aérienne qui se situe dans les hauteurs d’un rock classé « atmosphérique  ». Le résultat ? Des albums riches et denses qui nécessitent plusieurs écoutes afin d’en mesurer toute la dimension.
Du talent donc, mais le succès se fait attendre... Difficile de survivre dans ce métier que l’on sait impitoyable, pourtant ils le promettent, ils persévèrent ! De passage à l’Olympic en première partie de Killing Joke, ces 5 Bordelais sont venus nous donner un avant-goût de leur prochain album « figures and creatures », qui sera bientôt dans les bacs.
Dès le début de votre carrière on vous a apposé l’étiquette de groupe « métal », pourtant votre musique est plus proche de la pop-rock de U2, comment l’expliquez-vous ?
Nihil : Les premières chroniques ou sollicitations des médias nationaux provenaient de journaux qui traitaient uniquement d’artistes issus du milieu du métal, cela a eu pour conséquences en terme de communication, de nous classer dans ce genre musical. Il est vrai qu’à l’origine notre son était relativement plus lourd, nous utilisions un accordage en do qui est spécifique aux musiciens qui évoluent dans le métal, mais avec les années notre musique a progressé et a gagné en légèreté. Aujourd’hui on peut dire que Nihil se place définitivement dans une tendance rock.
Pendora’s box, votre dernier album, marque-t-il justement une volonté de votre part de vous éloigner de cette image ?
Nihil : Plus pragmatiquement, Pendora’s box est né d’une impulsion de notre label qui nous a demandé de réfléchir à des réorchestrations de nos anciens titres, afin de leur conférer un caractère acoustique. Les mélodies ont été épurées, mises à nu. Ce travail nous a particulièrement intéressés, nous nous sommes véritablement investis dans ce projet, et il est vrai, pour répondre à la question, que le moment était venu pour nous de passer à autre chose. Une page a été tournée. Il transparait, à travers cette démarche, une volonté de montrer que malgré cette facade métal dont nous avons été affublés, nos morceaux fonctionnaient également avec des cordes. Les ventes de Pandora’s box n’ont pas atteint les objectifs fixés mais sa conception répondait davantage à un besoin du groupe qu’à un besoin commercial.
On vous compare à de grands artistes américains tels que Tool ou A Perfect Circle, vous trouvez ça plutôt flatteur ou au contraire réducteur ?
Nihil : Sincèrement, nous pensons que la comparaison n’a pas lieu d’être, il y a une grande différence entre la qualité d’un groupe comme Tool et celle de Nihil, que ce soit en terme de compositions ou en terme d’instrumentistes. Cependant on ne peut nier qu’ils font partie de nos influences.
Vous êtes les seuls à produire ce style de musique dans un paysage musical français encore trop restreint. N’est ce pas une place plutôt inconfortable ?
Nihil : On est très satisfaits d’occuper un tel créneau, c’est une vraie fierté, cela nous a permis à nos débuts d’avoir une couverture correcte et d’être exposés. Des labels nous ont suivis en apportant le budget nécessaire au fonctionnement du groupe. Paradoxalement, plus notre musique devient abordable moins le public français semble apprécier nos créations ! Finalement se situer à un croisement de différentes influences est une position complexe à maintenir.
Vos textes sont majoritairement en langue anglaise, avez-vous des perspectives internationales ?
Nihil : Notre premier album est sorti dans plusieurs pays (Brésil, Argentine, Japon, Suisse, Belgique) sur de petites distributions. Nous avons même failli signer sur un gros label américain mais l’affaire n’a pas abouti pour diverses raisons. Il est primordial pour Nihil de poursuivre dans cette voie afin de rencontrer des personnes qui seraient plus réceptives à notre musique que le public français. Récemment, une grande opportunité nous a été proposée : les Sisters of Mercy, avec lesquels nous avons joué au Zénith à Paris , nous ont invités sur une partie de leur tournée européenne avec notamment trois dates en Allemagne et peut-être plus...
Votre nouvel opus « figures & creatures » sort le 9 mai, pouvez-vous nous en dire plus ?
Nihil : Le travail sur « figures and creatures » a commencé en janvier 2005, il s’est étalé sur une longue période car l’album a subi de nombreuses transformations. Nous avons travaillé chirurgicalement sur chaque titre.
Nous avons travaillés chirurgicalement sur chaque titre
Fred, le guitariste du combo « Watcha » a rejoint l’équipe pour effectuer un mixage de certains morceaux, sa collaboration a été essentielle à la finalisation du produit. Au départ 18 chansons ont été composées et mixées mais nous en avons seulement sélectionné une douzaine. Celles qui n’ont pas été utilisées seront probablement pour certaines, mises en ligne en téléchargement gratuit sur notre site. A propos du contenu même, on peut dire qu’il s’inscrit dans la continuité de Pendora’s box, les cordes demeurant toujours présentes, mais il développe de nouveaux horizons musicaux que jusque-là Nihil n’avait pas abordés. On trouve dans ce disque des titres plus courts d’environ 3 minutes ainsi qu’un triptyque dans lequel un quatuor à cordes nous accompagne.
Pourquoi avoir inclus un titre en français à l’album ?
Nihil : tout simplement parce que les lois françaises, un peu absurdes il faut le souligner, nous obligent à intégrer une chanson dans la langue de Molière. Et puis, ce morceau « cautérise » apparaitra en France comme notre single, grâce à lui nous aurons la possibilité d’être écoutés à la radio, ce qui n’est pas négligeable. Nous lui avons associé un vidéo-clip qui sera bientôt diffusé sur les ondes hertziennes. Pas d’amalgame, nous ne méprisons absolument pas la culture française mais artistiquement nos compositions s’orientent vers la langue anglaise, c’est notre mode de création. Chaque groupe connaît des contraintes qui lui sont propres, elles sont aussi génératrices d’expérience, l’essentiel est de ne pas baisser les bras...
Propos recueillis par Laurence Guillevic
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