A l’origine de cette création, une commande de la DRAC (ministère de la culture en région) et du service culturel de Nantes qui souhaitaient financer une œuvre du compositeur Arturo Gervasoni « en résidence » dans la ville depuis plusieurs années.

Dès lors le compositeur s’isole pour écrire une cantate pour chœur, orchestre et, particularité du projet, décide d’y incorporer des solistes qui se présenteraient sous la forme de danseurs-narrateurs. Tout naturellement, il fait donc appel aux formations présentes à l’Université que sont la compagnie de la Taille Unique dirigée par Françoise Chedmail, le Chœur universitaire et son chef Ghislain Louvet et enfin l’orchestre mené par Stephane Oster.

Un véritable défi

Basée sur des contes traditionnels sahéliens où il est surtout question de la vie des animaux, l’œuvre contemporaine s’annonçait complexe à interpréter. Les danseurs, notamment, ont dû adapter leur gestuelle à une partition parlée, ce qui sous-entend un respect des tempos mais également d’une structure rythmique et narrative qui ne correspond pas aux travaux auxquels ils sont généralement confrontés.

Le texte a permis à Françoise Chedmail d’instituer une ligne directrice avec, comme processus, « un mot, un geste » qu’elle désigne comme de l’écriture chorégraphique. L’espace restreint de la scène se révéla être la contrainte majeure ; en effet, une fois le chœur et l’orchestre installés, il restait une bande d’1,50 m sur laquelle les artistes devaient évoluer. Dans ce couloir, la troupe a mis l’accent sur un jeu d’acteur, imposant ses humeurs, sa légèreté face à l’immobilité des musiciens et jouant avec l’animalité suggérée dans les récits.

il est rare d'avoir à nos côtés un compositeur vivant !

Pour les choristes, la difficulté résidait principalement dans la diction du texte, relativement rapide, ainsi que dans le rythme de la musique, différent dans chaque mouvement. Selon certains protagonistes, "la venue de Arturo Gervasoni à plusieurs répétitions aidait à une meilleure compréhension du texte et par là améliorait la qualité du chant, de plus il est rare d’avoir à nos côtés un compositeur vivant !"

Des répétitions dans un contexte délicat

Les manifestations étudiantes qui ont eu lieu avant la représentation ont quelque peu perturbé le bon déroulement de la préparation. Un certain nombre de choristes étaient absents aux réunions et il s’est avéré que certaines divergences d’opinion entre artistes créaient parfois des conflits au sein des différentes formations. Pourtant c’est l’esprit de groupe qui a primé, le fait que les étudiants éprouvent un sentiment d’appartenance à un collectif d’activité aussi fort et investi dans une création leur permettait de s’évader d’un climat politique oppressant. L’aventure humaine et artistique s’est donc construite en intégrant ce qui se passait à l’ntérieur comme à l’extérieur.

Au final...

Il se dégage de cette cantate symphonique une incroyable légèreté. Les archets semblent littéralement danser devant notre regard surpris, les mains directrices du chef d’orchestre virevoltent dans l’air et indiquent magistralement les variantes des mouvements aux musiciens concentrés et attentifs. Et, lorsque que la contre-basse gronde, les choristes répondent en élévant leurs douces voix au-dessus de ces cordes furibondes. Parfois surgissent du décors des danseurs aux allures félines, narrateurs malgrés eux ils nous murmurent un texte emprunt de poésie et d’animalité.

Laurence Guillevic

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