
L’esthétique de la révolte a le vent en poupe.
Sous les banderoles du printemps, rapidement s’est profilée la silhouette type du jeune : acteur, résolu, déterminé. Le nez fin et des euros plein les yeux, les publicitaires voient le coup se faire : l’imagerie de la contestation et des manifestations semble être la carte à jouer pour assurer une communication à la fois provoc’ et dans le coup.
La technique n’est pas nouvelle. Déjà, les hypermarchés Leclerc avaient détourné les affiches de « L’Atelier Populaire » au profit d’une campagne de lutte contre la hausse des prix. Cette récupération d’emblèmes anonymes de Mai 68 leur avait valu une polémique salée autour du droit moral et des biens communs de la culture. M-E Leclerc, qui avait qualifié sur son blog à l’époque les anti-campagnes d’ « anars pas encore sevrés de leur lecture récente de Bakounine », semble bel et bien dépatouillé de l’affaire : il a même donné, au nom d’un libéralisme décomplexé, des idées à d’autres.
Depuis quelques jours en effet, les lecteurs de journaux découvrent un mystérieux publi-rédactionnel au sein des colonnes de leur quotidien. Un communiqué faisant état d’actions surprenantes et fantaisistes dans plusieurs villes de France : passage de montgolfière, inscription à la faux dans un champ de blé... Seul trait commun : la signature. Certifiés « P.A.M. », ces happenings (réels ?) détonnants invitent à la visite d’un site curieux : www.antimorosite.fr, qui convie le visiteur, sur la page d’accueil, à rejoindre le « Programme Anti- Morosité ». Le plan d’action est en majeure partie fait de manifestations en ligne sur un parcours ponctué de sites internet bien choisis (Libération, Yahoo, TF1...).
le P.A.M. sent bon la campagne populiste et faussement militante
Avec pour slogan « Les jeunes. Les femmes avec nous. Les moroses, on s’en fout », le P.A.M. sent bon la campagne populiste et faussement militante. Déguisé en vrai site de collectif contestataire, les anti- moroses se sont vite faits démasqués, grâce à la vive réaction de blogs qui balancent en cœur : le P.A.M., c’est du bidon. Du flan même : il s’agirait de la dernière action du FNPCA (Fonds national de promotion et de communication de l’Artisanat), établissement public qui contribue au développement du secteur de l’Artisanat. Avec pour fond de commerce la parité homme/femme et l’insertion des jeunes, leur agence de com’ a en tous cas fait preuve d’une imagination osée et débridée. S’appropriant les banderoles des dernières semaines pour vanter un secteur d’activité, elle brouille les pistes et mélange les genres entre contestation, rue et petite bourgeoisie. Mais le buzz marketing a ses limites, et Internet ses internautes malins : un groupuscule anti anti morosité se fait entendre... Sur le site http://hellopam.c.la/, parodie grinçante du site d’origine, les manifestants du P.A.M. sont qualifiés de syndicalistes aigris et de fils de putes en pat’ d’eph roses. C’est vrai quoi... La rue, c’est la rue. La pub, c’est la pub.
Claire Robin
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