Les ailes du chat papillon : le festival universitaire prend des allures orientales
Une création collective sur fond de légende chinoise
Parmi les jeunes troupes qui ont fait leurs premières armes lors de ce 12ème festival universitaire, la compagnie « Mao Hudié  » est certainement l’une des plus étonnantes. Le titre de la pièce à lui seul, Les ailes du chat-papillon, annonce bien la couleur d’un spectacle qui ne manque certes pas d’ambition. Ne pouvant résister à sa curiosité naturelle, Fragil a voulu en savoir plus et a rencontré Kévin Martin, acteur et scénographe, et Caroline Chantal, l’actrice principale...
Ce qu’il y a de bien avec le festival universitaire, c’est qu’il nous réserve toujours quelques surprises. Entre deux présentations des travaux des ateliers théâtre et un spectacle de danse ou de musique, on y découvre de jeunes compagnies toutes plus débordantes de créativité les unes que les autres. C’est ainsi que, par une agréable soirée d’un printemps déjà bien installé, les spectateurs du TU ont pu assister aux ailes du chat-papillon, texte écrit et mis en scène par la troupe Mao Hudié.
Une quête initiatique
L’histoire, on n’en sera guère étonné (vu le nom de la troupe), se passe en Chine, à une époque non précisée mais que l’on devine ancienne. La jeune Susan doit épouser contre son gré un riche seigneur, et son père n’est pas décidé à renoncer à ce mariage ; quant à son amoureux, il est arrêté pour le vol d’une précieuse statuette...
Pour fuir ce mariage forcé et venir en aide à son prisonnier d’amoureux, Susan entreprend un long voyage en quête de la parole d’un grand sage, seul capable de la secourir. Lors de cette fabuleuse (au sens propre du terme) aventure, la jeune Chinoise va rencontrer des êtres tous plus étranges les uns que les autres, et ces diverses rencontres forment autant d’histoires dans l’histoire.
Naissance d’un spectacle
Si cette intrigue ne manque pas d’intérêt, la genèse du spectacle forme à elle seule une histoire incroyable : tout a commencé en décembre 2005, lorsque Kévin Martin, étudiant en sociologie, a décidé de réunir autour de lui des étudiants désireux de monter un spectacle pour le festival universitaire. La troupe ainsi formée était composée d’étudiants de tous horizons, dont deux étaient chinoises. Il a alors fallu choisir un texte, et la jeune compagnie a préféré (audacieuse solution !) écrire elle-même son texte. Puis, le cadre chinois posé et les grandes lignes de l’intrigue établies, chaque membre de la troupe a rédigé une partie du texte. Le tout a pris un peu plus d’un mois, et ce n’est qu’à partir de la mi-février que les comédiens ont disposé d’un texte définitif sur lequel travailler !
Un résultat (d)étonnant
Peu de temps, donc, pour une troupe amateur (prise par d’autres occupations) et pour un spectacle s’étendant tout de même sur une heure et demie ! Si les conséquences de ce manque de temps sont parfois visibles sur scène, l’histoire elle-même est pleine de créativité : Susan croise tour à tour le livreur de soleils, la balayeuse de mauvais souvenirs, ou encore le tordant « peuple bleu » : pour conserver la pureté de leur corps, les membres du peuple bleu ont décidé de ne plus inhaler d’air extérieur, ce qui revient à ne plus respirer... Du coup, leur visage est bleu, et leurs lois interdisent d’inhaler de l’air en public...
la douce folie du peuple bleu qui a cessé de respirer ou l'étrange poésie du livreur de soleils qui ignore ce qu'est un nom...
A ce texte dont la richesse imaginative n’est pas sans rappeler certaines des créatures de Lewis Carroll (le génial père d’Alice au pays des merveilles), la compagnie Mao Hudié a voulu ajouter d’autres formes de spectacle : on assiste ainsi à plusieurs chorégraphies, à des ébauches de théâtre d’ombres et à quelques combats d’arts martiaux. Kévin Martin explique ce foisonnement visuel par « la volonté de faire quelque chose dont les gens se souviennent »... Il y a cependant fort à parier que ce qui restera dans la mémoire des spectateurs, ce sera avant tout la douce folie du peuple bleu qui a cessé de respirer ou l’étrange poésie du livreur de soleils qui ignore ce qu’est un nom...
Gaël Montandon
Bloc-Notes
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