la révolution anarcho-syndicaliste du début du siècle en Espagne
Ceci est l’histoire d’hommes et de femmes qui tracent leur route en marchant
Un autre futur est un documentaire émouvant et très instructif sur la révolution anarcho-syndicaliste du début du siècle en Espagne. Cette période est complexe mais la démarche de Richard Prost en fait un sujet passionnant dont les témoignages doivent rester en mémoire. Ici on sort complètement des livres d’histoire pour découvrir une réalité humaine où des milliers d’hommes font preuve d’un courage déconcertant. « Ceci est l’histoire d’hommes et de femmes qui tracent leur route en marchant.  »
Pourquoi avez vous choisi d’aborder un sujet aussi délicat que le mouvement anarcho-syndicaliste espagnol des années 30 ?
Richard Prost : « En sortant de l’école de cinéma j’ai réalisé un film sur les conditions de travail aux usines d’USINOR Dunkerque et sur le SLT, syndicat très actif dans les années 80. Puis en allant à divers projets associatifs, j’ai rencontré des personnes de la CNT (Confédération National du Travail). Celles-ci m’ont expliquées que rien n’avait été fait sur la mémoire de ces travailleurs. De là j’ai écrit un scénario. Le film a commencé à être réalisé en 1985 et a été terminé en 1990. Les raisons qui m’ont amené à faire ce film ne sont donc pas familiales mais sont syndicales et idéologiques. »
Quelle a été votre ligne directrice ?
R.P : « J’ai choisi de raconter l’histoire des exilés syndicalistes espagnols de façon personnelle avec l’aide d’un historien, Alain Doboeuf, qui gère un fond anarchiste et qui a écrit de nombreux documentaires. C’est ensemble que nous avons écrit ce film. »
Comment avez vous rencontré les différents témoins que nous voyons dans le documentaire ?
R.P : « En allant à la commémoration (de la révolution espagnole) à Toulouse. C’était une sorte de casting de fiction. Je recherchais des personnes de la résistance : une du sud, une des Alpes...et surtout des résistants du plateau des Glières puisque sur 500 exilés, il y avait 50 espagnols. Puis il y a eu des personnages évident comme le ministre de la santé. »
Comment les entretiens se sont-ils déroulés ?
R.P : « Nous n’avons pas pu tout montrer car certains moments étaient forts et vraiment intenses. On peut parler d’excès de sentimental. Les souvenirs ont ravivé des sentiments très difficiles. Je n’avais que 30 ans à l’époque et ces instants sont restés gravés. Ces personnes étaient âgées mais dans leur regard le temps n’était pas passé. »
Ont-ils vu le documentaire ?
R.P : « Oui et ils étaient très contents et touchés. C’est une communauté qui a une vision du cinéma très intéressante. Ils sont très respectueux. Même si ce ne sont pas des cinéphiles, le cinéma ne représente pas seulement, pour eux, un véhicule d’idée. »
Pourquoi avoir découpé votre film en 3 parties et faire de la 4ème un autre film ?
R.P : « J’ai découpé le film en trois chapitres en ce qui concerne la narration. La quatrième partie a été faite en 1997 car j’avais un stock d’image pour parler de la résistance sous Franco. En revenant sur cette partie on termine de raconter l’histoire de l’exil. C’est une sorte de clôture. »
Avez vous de nouveaux projets documentaires ?
R.P : « Maintenant j’ai changé d’orientation. Je crois que c’est aux cinéastes espagnols de continuer. Je suis revenu à des désirs d’étudiants : j’ai plusieurs projets sur la Chine. Je travaille d’ailleurs avec Arte pour laquelle je fais des documentaires. L’Espagne et la Chine sont des pays qui me passionnent. J’ai passé 15 ans à me consacrer à l’Espagne donc pour la Chine ça va durer un bon moment. »
Solenne Legeay
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