L’Alchimie selon Hocus Pocus
Quelle est la formule secrète de ces magiciens du rythme ? Une bonne base de hip hop, agrémentée de jazz et d’épices afro-américaines ? Pas seulement. Pour que la potion fonctionne il faut surtout de véritables passionnés de la scène. Le mélange est audacieux et l’envoà »tement assuré.
Ces 5 nantais ont confirmé ce vendredi 18 mars à l’Olympic, leur talent novateur. L’ensorceleur du groupe, 20Syl, manie les mots avec une telle habileté que le public est aussitôt « scotché ». C2C (Triple champion du Monde DMC dont 20Syl et Greem font également partis) était lui aussi présent et stupéfiant... Pour tout dire ces artistes ne sont pas seulement à écouter, il faut aussi les voir pour apprécier toute la magie du groupe.
Comment votre groupe s’est il formé ?
MC 20Syl : « Hocus Pocus est composé de 5 membres : piano, batterie, basse, DJ et MC. On a aussi un guitariste pour quelques dates et pour les gros concerts comme ce soir on a des instruments supplémentaires : flûte-traversière, trompette, saxo et quelques DJ. Pour l’historique le groupe a une dizaine d’années, c‘était en 1995-1996. On était juste 2 MC et Greem est venu nous rejoindre aux platines en 1998. Les zicos sont arrivés en 2000-2001 et la formation s’est élargie avec un pianiste, un bassiste et un batteur. »
On parle souvent de vous comme un Ovni de la scène hip hop. Vous sentez vous en décalage avec le rap français ?
Greem : « Il y a plusieurs scènes, plusieurs tendances de rap français. On va avoir des affinités avec des groupes comme Triptyque ou d’autres qui ne sont pas forcément connus. Par contre on ne se sent pas du tout dans la même veine que certains plus hardcore comme le 113, Tandem...Et puis il y a une autre scène de rap français plus électro comme TTC, Club des loosers. Nous on est plus jazzy et on tripe sur les textes. En tout cas on ne s’assimile pas à ce que l’on voit et diffuse principalement du rap français. »
Je vous ai vu il y a quelques jours dans une émission de Nantes7 et vous disiez aller un peu partout dans le monde. En ce moment votre carrière est plutôt internationale ?
Greem : « Là on est vraiment dans une période active. On a des dates à Miami, Berlin...mais on fait aussi des p’tits bleds comme Vil Lebon sur Yvette...On l’a pas dit à Nantes7 parce que ça aurait tout de suite fait moins bien...(rires). Là on tombe vraiment à une période clef et, en plus, 20syl et moi faisons aussi partis de C2C. Donc on doit alterner. Les plannings sont chargés. On fait environ 50 à 70 dates par an. »
Votre mixte DJ, MC et musiciens est une véritable originalité en hip-hop. N’est ce pas pour cela que vous êtes autant apprécié ?
20Syl : « Effectivement c’est une particularité bien que c’est une tendance qui se développe pas mal, ce qui est super bien ! Pour nous, c’est essentiel. »
DJ Greem : « Quand t’as goûté à la scène avec musiciens, t’as du mal à revenir à une formation initiale DJ - MC. Ça nous semblerait vide et beaucoup moins vivant. »
20Syl : « C’est vrai que c’est un coté atypique du hip hop qui s’ouvre à d’autres personnes qui n’écoutent pas forcément de rap. Je pense que c’est aussi notre état d’esprit positif et nos messages qui sont appréciés. On se place dans le hip-hop jazzy avec une influence américaine donc on ne se place pas dans la tendance super hardcore. C’est donc beaucoup plus accessible et au niveau des textes on ne tombe pas dans les clichés du rap actuel. »
N’est ce pas également votre aisance scénique qui permet à votre groupe d‘acquérir une telle notoriété ?
20Syl : « Je me rappelle justement un soir où à la sortie d’un concert un mec est venu me voir et m’a dit que c’était la première fois qu’il venait à un concert de rap et qu’il n’était pas déçu par rapport à l’album. Et ça c’est quelque chose qu’on nous a souvent dit. C’est vrai que dans le rap français, les mecs se prennent pas la tête à amener quelque chose de nouveau sur scène, en plus de leur album. En général ils mettent les instruments derrière et chantent dessus...et ça s’arrête là. Il n’y a plus cet esprit de spectacle comme avec NTM ou IAM. Maintenant si tu vas à un concert de rap, non seulement c’est exactement comme album, mais en plus tu comprends pas ce que les mecs racontent parce que le son n’est pas travailler ou parce que la voix n’est pas préparée pour la scène. C’est souvent pour ça que les artistes hip hop sont décevants en France. Aux Etats-Unis s’est un peu différent. Certains font vraiment un show mais c’est aussi parce qu’ils ont des instru. »
Greem : « C’est quelque chose qui dépend de chacun. Certains ne sont pas intéressés par le coté scénique et préfèrent faire leurs albums, les vendre et faire des clips. Ils font un peu de scène pour faire de la promo mais ne se prennent pas la tête pour faire un show. Pour nous c’est un véritable Kiff. On ne conçoit pas notre carrière sans studio et scène : ils sont au même niveau sur la balance. Communiquer avec le public est notre truc et on essaie d’en jouer. On aime partager la musique avec le public et on a aussi envi de montrer aux gens que le hip-hop c’est pas forcément ce qu’ils ont en tête. On est donc super content quand le public passe une bonne soirée et qu’il apprécie d’écouter autre chose que l’album. C’est normal, tu viens voir un spectacle. Tu viens pas écouter ton cd sur du 1000 kW. »
Comment vous qualifiez vous musicalement ?
20Syl : « Notre base est le Hip-hop et les morceaux sont plus ou moins soul, jazz, latino, funk avec des passages plus électro. En fait, on prend tous les sons assez chauds et le point commun de tout ça c’est la rythmique. La basse et la batterie font des sons plus rentre-dedans, plus claquants et même si on rajoute un piano bossa-nova ça sonnera toujours hip-hop. On joue sur les boucles ce qui est différent du jazz ou du funk où t’as pas 2 mesures pareilles. On va plus s’attarder sur les breaks, sur les arrêts et les mises en place. Finalement on fonctionne un peu à la manière de machine mais avec de vrais instruments. »
Greem : « D’ailleurs au début on voulait s’appeler Alliage mais on nous a piqué l’idée...(rires). »
Et finalement pourquoi avez vous choisi Hocus Pocus ?
20Syl : « Pour l’anecdote, c’est la première cassette qu’on a fait...c’est en quelque sorte notre premier album que l’on a vendu a 150 exemplaires dans la cour du lycée. Ça s’appelait Hocus Pocus 1ère formule et c‘était le nom de la cassette. On était dans un délire autour de la formule magique et de la formule dans le sens jeux de mots. Le second album était donc la 2ème formule et là Hocus Pocus était le nom du groupe. Finalement on a conservé le nom et la magie... »
Solenne Legeay
Photo : Ludovic Failler
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