Antoine et Cléopâtre version comédie musicale
Un Shakespeare détonnant
Sobrement baptisée A&C, c’est une version spectaculaire d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare qu’a accueilli la MCLA. Une adaptation et une mise en scène grandioses, signés Lewis Furey, spécialiste du spectacle musical. Tout commence par... un retard.
Car ce mercredi 8 mars, ce sont les intermittents nantais qui ont d’abord pris la parole sur la scène de l’espace 44. Un jour de mobilisation nationale pour sensibiliser le public, qui, malgré l’urgence de la situation et les fréquentes interventions des artistes, ne semble pas prendre conscience du danger du protocole mis en place, et qui a fait perdre leur statut à des milliers d’artistes professionnels. Certes, il y a toujours autant de (bons) spectacles dans les programmations des théâtres. Certes, les dégâts ne se voient pas encore. Mais si les publics, qui sont la raison d’être des artistes, ne soutiennent pas le mouvement, d’ici peu nous n’auront plus beaucoup de choix, à moyen terme nous devront aller dans les théâtres privés payer une fortune,et à long terme nous n’irons plus au théâtre. A méditer...
Mais revenons à nos moutons... shakespeariens. Antoine et Cléopâtre donc, mais en chantant s’il vous plaît. Et enchantant puisque toute la force de Shakespeare est parfaitement restituée dans cette version musicale. Qui ne connaît pas l’Histoire ? Antoine, l’un des trois dirigeants de l’Empire romain après la mort de César, et Cléopâtre, reine d’Egypte, tombent follement amoureux l’un de l’autre... Mais cet amour va à l’encontre de leurs devoirs politiques et de leurs responsabilités. Dévoré par la passion, Antoine délaisse Rome et répudie sa femme, la sœur d’Octave. Ce dernier (magistralement interprété par Renaud Paradis) leur déclare la guerre ; et là c’est le drame : la guerre, l’amour, la mort, tout cela ne fait pas bon ménage !
en faire une comédie musicale était un pari osé, mais c'est un pari gagné
Une sombre histoire d’amour, d’ambition et de guerre où Shakespeare se penche sur les contradictions qui hantent ses personnages jusqu’à les anéantir (un peu à la Corneille, des alexandrins en moins et de la passion en plus, du Shakespeare quoi !). Une œuvre magistrale avec laquelle on ne rigole pas, et en faire une comédie musicale était un pari osé, mais c’est un pari gagné. Lewis Furey signe une partition d’une grande finesse, en adéquation avec les sentiments des personnages. Quant au livret, il garde toute la beauté et la poésie du texte d’origine, et l’adaptation française ne dépareille pas.
Des comédiens polyvalents et surprenants
Les interprètes sont impressionnants, à la fois comédiens, danseurs et chanteurs, excellant dans les trois domaines. Le travail sur la musique, le chant, les chœurs, les chorégraphies et l’interprétation est époustouflant dans sa rigueur et sa perfection. Quant à la scénographie, elle va à l’économie : pas de décor, seuls quelques modules noirs sculptent la scène ; le piano et l’ordinateur pour les effets sonores sont sur le plateau. Octave se sert même de l’ordinateur pour élaborer sa stratégie miliaire ! On regrettera peut-être le côté modernisant et branché des lumières fluo et aveuglantes mais la qualité du spectacle et des interprètes fait vite oublier ce petit désagrément !
En bref, c’est un spectacle magnifique et d’une grande force, une version très moderne de la pièce de Shakespeare, qui va à l’essentiel, qui nous montre des sentiments bruts et des personnages hauts en couleur. Et qui nous fait redécouvrir Shakespeare avec bonheur.
Mathilde CLEMOT
Bloc-Notes
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