Une poésie brute et urbaine... Mashiro
Mashiro à la Barakason
Entre rap et voix harmoniques, Mashiro met des mots sur les non-dits. Il fallait braver le froid et la neige en cette fin de janvier pour découvrir cette poésie « brute et urbaine  » où les guitares percutent la mélodie d’un accordéon. Guillaume, chanteur-rappeur dit « Zingaman  » accepte de répondre à mes questions. Portrait d’un groupe à la fois énervé et patient...
Fragil : Vous étiez en résidence à la Barakason toute la semaine dernière. En quoi ça consistait exactement ?
Guillaume : C’était un atelier, une sorte de laboratoire auquel nous ont invité Manu de la Barakason et Julien de Ping, un laboratoire de recherche avec l’idée d’un support multimédia. Pour nous, il s’agissait de développer la scénographie, c’était une découverte du multimédia aussi avec des intervenants comme Cédric Doutrieau qui bosse avec Jo Bitume, Pierre qui bosse avec Gong Gong, Benjamin de Labo Media à Orléans, Julien de Ping, Thomas du Florida et la Cinquième Roue Du Carrosse !
Fragil : Vous souhaitez intégrer la vidéo sur scène ?
Guillaume : Ouais, mais on a pas envie de la faire trop vite et de mettre des images juste pour mettre des images parce que tout le monde le fait maintenant. On veut prendre notre temps et travailler. Puis Manu nous a invité et ça a super bien fonctionné avec les intervenants donc on a commencé à chercher des supports et ça nous a donné plein d’idées. Nous on voudrait pousser l’univers des morceaux, faire une « filmographie » pour approcher une sorte de poésie brute et urbaine...
Fragil : Et vous avez trouvé des réponses grâce à ce « laboratoire » ?
Guillaume : Oui, on a rencontré des gens extraordinaires qui connaissent vraiment leur métier et on a découvert tout ce qu’on pouvait faire avec des images. Il y a une vraie interaction à développer entre l’image et le son. Mais il doit être en lien avec la thématique des morceaux, des textes. On a envie de s’en servir pour faire passer des choses, faire voyager les gens... Un peu comme Docteur Flake ce soir, il t’emmène dan son voyage et c’est super intéressant !
Fragil : On rencontre de plus en plus de groupes qui ont de la vidéo sur scène, notamment des images de vieux films...
Guillaume : A la base, c’est pas pour ça que ça nous intéresse mais c’est vrai que c’est dans l’air du temps et que la technologie permet ça .Nous, c’est l’aspect « spectacle »qui nous intéresse. On a pas envie de rester cantonné à un concert de rock « bête et méchant » même si on peut apprécier ce genre de démarche, nous on a envie de le faire différemment !
Fragil : C’est un moyen de se donner une identité alors ?
Guillaume : C’est clair, l’identité passe aussi par là. Nous on a fait sept concerts, c’est encore le tout début. Là, ce soir, c’était le premier concert de Manu aux lumières... Tout est en train de s’enclencher ! Je pense que dans six mois, on présentera un concert avec plus de scénographie qu’un concert de rock, jump ou reggae...Mais , c’est encore assez flou pour nous... On est encore au stade où on doit maîtriser avant tout les morceaux qu’on joue et je pense qu’on en a pas fini avec ça ! Mais ça se passe sur plusieurs étapes. Ca fait deux an qu’on bosse sur ce groupe, on a rencontré les tourneurs de « Zaine Music » à Paris. Là, on est à la fin du répertoire au niveau de la création !En fait, on recherche une régularité, ne plus être dépendant de paramètres comme le stress , le manque de concentration ou de maîtrise, on essaie de planifier tout ça... A près, on pourra passer à la scénographie !
Fragil : Et ce soir, vous êtes plutôt satisfait du concert ?
Guillaume : Oui, même s’il y a plein de raisons qui auraient pu faire qu’on le soit pas. On a répondu à un échange avec Manu, répondu à son invitation et travaillé là une semaine. Et puis, on est content parce qu’il y avait du monde malgré la neige ! Dans l’absolu, on est pas tellement contents mais je pense qu’on est jamais totalement satisfait d’un concert Quand tout est vraiment impeccable, quelque part, ça devient dangereux car tout est rodé, millimétré... On fuit ce coté aseptisé !
Fragil : Peux-tu me parler des débuts de Mashiro ?
Guillaume : Je travaillais déjà avec Malika avant. On s’est rencontré dans des ateliers en prison, on a bossé avec des mineurs incarcérés avec l’association « Pulsart », une asso qui lutte contre les exclusions à travers les pratiques artistiques. Puis on a voulu monter un projet, un groupe... Moi, je connaissais Kazim qui jouait dans Upset et Malika chantait avec eux. On s’est retrouvé naturellement. On a envie de construire notre projet sur du long terme et d’en vivre. Nos expériences passées nous permettent de ne pas foncer tête baissée. Dès le début, on s’est mis dans cette optique là : arriver à trouver un univers et un terrain d’expression pour nous et les gens qui nous entourent...A un moment donné, monter un groupe est devenu une nécessité... Se retrouver, jouer, prendre du temps ensemble, partager des idées, des émotions...Nous devions créer un espace commun qui nous apporte un équilibre...Y’a un truc vital là-dedans...Si on le fait pas, on meurt !
Fragil : C’est assez violent ! Un peu comme les textes...
Guillaume : On est pas vraiment originaux à ce niveau-là parce qu’on est dans le constat de ce dans quoi on vit. On est très touché par cet énorme déséquilibre qui est en train de se mettre en place ! A partir de là, on se sent pas l’ame de faire une musique festive, on ne vit pas dans un monde festif. Mais à coté de ça, on est plutôt des gens portés vers l’humour ! C’est comme une sorte de psychologue, Mashiro, à qu on dit tout ! Après ça va mieux !
Fragil : C’est une sorte de cri alors ?
Guillaume : Ouais, on cherche à exprimer ce qui nous empêche de vivre ! C’est un groupe super émotif. C’est une marmite de mots qui ont besoin d’être posés et dits. J’essaie de me rapprocher de quelque chose qui ressemble à une sorte de poésie mais sans prétention, une poésie du fond du ventre pour arriver à évacuer ! On a aussi le souci de pas tomber dans un constat social alarmant et compagnie ! Par exemple, « Fleur Sanguine »est un morceau sur le racisme mais ce mot n’est pas prononcé une seule fois. Il n’y a que des métaphores et des images ! Y’a un truc viscéral dans ce qu’on dit !
Fragil : Il y a aussi quelque chose de tragique qui vient du mélange entre toi qui rappe et la voix de Malika...
Guillaume : Malika apporte l’émotion féminine, elle est bien plus contrôlée et mure que celle de l’homme. Il y a une sorte d’équilibre effectivement. Moi, je suis plus porté vers le rap, « spoken word », les lectures de textes... Malika est dan l’harmonie, la mélodie. Mais c’est aussi une sorte de violence portée sur l’harmonie, la sensitivité...
Fragil : Votre album va sortir bientôt ?
Guillaume : On sait pas encore s’il va sortir avant l’été ou en septembre. C’est en train de se décider ! Par contre, il sera fini de mixer mi-avril. On travaille pour savoir avec qui on le sort. Tout ça, c’est pas calé mais il sortira en septembre au plus tard ! On a pas encore trouvé le titre.
Fragil : Quelle est la suite du projet ?
Guillaume : Là, on finit la résidence avec Artistes en Scène (Mashiro a obtenu le parrainage d’Artiste en Scène avec Trempolino). C’est un travail d’approche de la scène avec eux. Pour l’instant, on finit les morceaux de l’album, le répertoire et on s’organise pour la sortie de l’album. On a quelques dates mais c’est surtout à partir de la rentrée. Pour l’instant, elles sont assez sporadiques...
Sabrina Rousseau.
lien vers le site : www.mashiro.com
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