Les rêves de Catalina et le monde de l’usine
L’histoire émouvante et drôle de Catalina
Entre le rêve et la réalité, "Catalina in fine", offre aux petits et aux grands enfants un spectacle drôle et surprenant. A travers Catalina, si attachante, Fabrice Melquiot,l’auteur, aborde les thèmes difficiles de la différence et de la mort.
Catalina, interprétée par Valérie Dablemont, est une drôle de petite fille qui a une anomalie. Eh oui, ce petit bout de femme de 13 ans a deux visages. L’un à la place habituel, et le second dans son dos, là où poussent ses cheveux. Deux visages qui ne cessent de se contredire, quand l’un rit l’autre pleure, le premier parle le jour et le deuxième la nuit ... Mais Catalina veut mener sa vie et trouver sa place dans la société malgré cette anomalie.
La pièce commence quand Catalina décide d’arrêter l’école et de travailler à l’usine d’articles de voyages. Elle y rencontre Honorin, un vieil homme, ouvrier depuis plusieurs générations et né au pied de la machine à valises. Lui aussi a une anomalie, il boîte et joue au PMU ! Leur rencontre est drôle et émouvante. D’un coté Catalina, insatisfaite de la société, rêveuse, souhaite tout changer et de l’autre Honorin, installé dans son train-train quotidien et satisfait de sa vie. Malgré leurs désaccords Honorin va s’attacher à Catalina et va la protéger.
La nuit, le deuxième visage de Catalina écoute les voix de sa petite mère morte de chagrin à sa naissance et de son petit père. Elle fait aussi la rencontre d’un prince mais c’estun prince Pas Charmant, il est juste là en extra, pour remplacer les Princes Charmants tous partis à des défilés de mode ! Décidément, Catalina n’a pas de chance ! Alors, elle s’en remet à l’auteur qui l’a fait naître, Fabrice Melquiot, pour qu’il décide de son destin mais... il choisit de la faire mourir.
Décidément, Catalina n'a pas de chance ! Alors, elle s'en remet à l'auteur qui l'a fait naître, Fabrice Melquiot, pour qu'il décide de son destin mais...
Fabrice Melquiot, l’auteur de "Catalina in fine", propose une pièce pour les enfants (à partir de 8 ans) mais pas seulement. Il explique qu’il « écrit des pièces de théâtre pour adultes qui peuvent être vu par des enfants ». Un pari certes difficile mais réussi. Le Prince Pas Charmant, le comédien Flavien Tassart, explique que « le spectacle touche à des moments différents les adultes et les enfants. D’habitude les parents ne se sentent pas concernés par les pièces pour enfants. Là, on touche les deux ». Entre les jeux de mots et les stéréotypes qui plaisent aux adultes, les plus jeunes sont séduits par le vocabulaire familier des acteurs et par la mise en scène ludique de Vincent Goethals. "Catalina in fine" est jouée dans un décor de vielle usine. Des machines à pistons, fruit d’une imagination débordante, trônent sur la scène. Entre les fumigènes, les tubes de peinture qui colorent à la vie, les lumières, les confettis et les effets sonores la mise en scène ne laisse aucun spectateur indifférent. Adultes et enfants sont séduits par ce spectacle entre rêve et réalité.
Les rêves de Catalina et le monde du réel de l’usine se mêlent et se choquent tout au long de la pièce. Entre le monde de l’imaginaire et celui du réel un personnage : le Prince Pas Charmant. « Il est un peu entre le rêve et la réalité. Il a un peu une fonction de passeur ». Elle le rencontre dans ses rêves et il l’a cherche. Il est le passeur d’une perspective de rêves.
Des sujets difficiles abordés avec légèreté
"Catalina in fine" « parle de sujets crus et pas faciles : la mort, la différence, la handicap, un passé plus ou moins lourd », des sujets qui ne sont pas souvent abordés dans le théâtre tout public, souligne Flavien Tassart. « Dans notre société, un enfant ne doit pas voir ça, nous on le montre clairement ». Fabrice Melquiot aborde, en effet, des thèmes difficiles avec une légèreté impressionnante.
A travers l’anomalie des deux visages de Catalina, le problème de l’intégration sociale et du regard de la société est posé. Fabrice Melquiot énonce des questions de fond qui s’adressent sans doute davantage aux adultes mais aussi aux enfants puisque le vocabulaire utilisé est léger et drôle. Avec humour, l’auteur tente de montrer les maux de la société actuelle et du monde des adultes.
In fine, Catalina s’en remet à l’auteur pour qu’il choisisse son destin. « L’auteur décide de la faire mourir car il a peur de mourir. Par la fiction, il se décharge de sa peur de sa mort » explique le comédien Flavien Tassart. Une mort où l’on ne pleure pas mais où l’on sourit. L’auteur, par une voix off, lui dit simplement qu’elle est morte alors elle meurt en souriant, en trouvant ça presque banal comme fin. La mise en scène de la mort, pleine d’humour et de répliques surprenantes permet à Fabrice Melquiot d’aborder un sujet délicat sans tomber ni dans le pathétique, ni dans le dramatique. Il réussi à monter le coté presque positif de la mort de Catalina. En effet, « à la mort de Catalina, le théâtre continue, le théâtre est encore ouvert et la vie aussi ». Le Prince Pas Charmant, Flavien Tassart, explique que « cette mort permet à Honorin de se libérer d’un système de vie, de s’ouvrir à la vie, d’aller vers les autres, d’accepter qu’il y a quelque chose qui vit autour de lui. Pour le Prince Pas Charmant il assume le fait d’être une nourrice », ce qu’il a toujours voulu être. Catalina a transmis à ces deux hommes une part de rêve et sa volonté de tout changer.
Pauline VANNIER
Photos : JMLobbe DR
Note : Le texte de "Catalina in fine" est disponible chez L’Arche éditeur.
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