Entretien
Pain-Noir : voir des morceaux de nous dans les nuages
François-Régis Croisier, ex-fleuron de la scène folk clermontoise avec St. Augustine, présente, avec Pain-Noir, un continent nouveau, passerelle entre un folk-rock indé américain à la Bill Callahan et une chanson française d’orfèvre façon Dominique A. De passage à Nantes pour une soirée « Clermont et Merveilles  » à Stereolux, l’artiste est revenu avec simplicité sur l’origine et la vie d’un premier album à remettre sans cesse sur l’ouvrage pour qu’il révèle la richesse dans le dépouillement.
Son entourage lui a bien déconseillé de tendre le bâton aux jeux de mots faciles. La presse aurait tôt fait de se délecter d’un nom comme « Pain-Noir », qui fait autant référence à Victor Hugo qu’à des temps difficiles. François-Régis Croisier a pourtant choisi de faire confiance à un rêve qu’il raconte dans l’ultime et hypnotique chanson de son premier album éponyme. Après voir vu en songe ces deux mots tatoués sur des mains comme celles du pasteur dans La Nuit du Chasseur, il a fait prendre à sa carrière musicale un nouveau virage. Il tourne le dos au label Kütu Folk qui avait vu l’apogée de la scène clermontoise à la fin des années 2000, ainsi qu’à la langue anglaise, sans pour autant abandonner l’influence des grands espaces du rock indé américain. Pain-Noir donne vie, de sa voix légèrement nasillarde, à des images fortes posées sur des compositions tout en épure qui ne demandent qu’à être apprivoisées. En live, les chansons flirtent parfois avec la chanson-variété, et connaissent leurs plus belles envolées lors des chœurs délivrés par les compagnons de route de l’auteur, rappelant ainsi les Fleet Foxes. Rencontre avec François-Régis Croisier, un artiste hautement sympathique et accessible.
Dans Pain noir, il y a beaucoup de claviers, beaucoup de batterie, beaucoup de voix, mais j’ai fait le choix de les traiter avec beaucoup de retenue.
Fragil : Tu t’es lancé en solo avec Pain-Noir après avoir arrêté le projet St. Augustine, qui était déjà le groupe d’un seul homme. Peux-tu expliquer quelles étaient les limites de St. Augustine et comment s’est passée ton émancipation de Kütu Folk Records ?
François-Régis Croisier (Pain-Noir) : Ce n’était pas vraiment des limites, mais le bon côté de Kütu Folk a pris fin après les Transmusicales de Rennes en 2011. J’ai fait le deuxième album de St. Augustine, mais ça ne se passait déjà pas très bien. Quand j’ai quitté Kütu Folk sur des histoires sombres et pas très intéressantes, je pense que cela a cassé un truc par rapport à St. Augustine que j’associais vraiment à Kütu Folk. Il a fallu un peu de temps pour assimiler tout ça, puis je me suis retrouvé à vouloir faire quelque chose de nouveau. Au départ, c’était plus un projet de livre et de dessins, qui ne s’est pas concrétisé, mais qui m’a redonné goût au français. Enfin plutôt donné, car je n’avais jamais écrit en français tout bêtement, et je me suis rendu compte que cela venait beaucoup plus facilement, une fois franchie la barrière. Après il a fallu passer le cap de les chanter. En fait St. Augustine est le chemin qui m’a amené jusqu’à Pain-Noir. Les deux sont des projets très personnels, mais Pain-Noir est celui qui rassemble vraiment tout ce que je cherche à faire.
Fragil : N’as-tu pas l’impression de te sentir plus exposé dans tes paroles, maintenant qu’elles sont en français ? Qu’est-ce que cela a changé dans l’écriture ?
F.-R. C. : Je dis des choses aussi personnelles, mais dans St. Augustine je les cachais de manière assez littérale, car je ne maîtrisais pas assez bien l’anglais. Aujourd’hui, dans Pain-Noir, je les cache autrement grâce aux multiples possibilités du français. Quand je parle de choses qui paraissent très naturalistes, je dis finalement des choses très personnelles, même si ce n’est pas conscient. C’est une autre manière de cacher les choses…un peu plus fine peut-être.
Fragil : Sur Facebook, tu dis d’ailleurs que Sterne ne parle en fait pas de la nature auvergnate comme on pourrait le croire, mais de ta famille. En quoi les lieux t’influencent-ils dans ton écriture ? On imagine une source d’inspiration intarissable dans la campagne auvergnate !
F.-R. C. : C’est drôle car j’habite en ville malgré tout. J’ai beaucoup travaillé en milieu rural, et puis je connais très bien la campagne auvergnate autour de Clermont, mais ça n’est pas vraiment une influence. Les éléments naturalistes, encore une fois, je les utilise pour dire des choses plus personnelles, comme des métaphores : cela peut être une montagne, un océan, une rivière…qui va dire autre chose de plus intime. J’essaie d’utiliser de bons et beaux objets, comme des outils pour faire passer quelque chose de plus profond.
J’essaie d’utiliser de bons et beaux objets, comme des outils pour faire passer quelque chose de plus profond
Fragil : Est-ce que les lieux où tu te trouves influent sur ton écriture, quand tu es en tournée ou que tu voyages par exemple ?
F.-R. C. : Je pense, au moins de manière inconsciente, car j’écris de toute façon beaucoup en mouvement : quand je conduis, quand je fais du vélo, quand je marche…Forcément, on est influencé par les endroits que l’on traverse…Parfois c’est juste une image qui va me donner une piste pour écrire une chanson, parfois c’est juste un mot qui me vient…Je n’ai pas de méthode, donc j’imagine que mon environnement a forcément une influence. Mais je n’ai pas l’impression d’avoir une écriture profondément naturaliste. Si j’étais dans un environnement totalement urbain, les métaphores seraient peut-être autres, mais je dirais la même chose au fond.
Fragil : Tu as fait appel au crowdfunding sur le site Microcultures pour sortir un EP… ?
F.-R. C. : Alors c’est un peu compliqué, mais c’était une première mouture de l’album en fait. Il n’était sorti qu’en vinyle, avec seulement 9 titres, en édition très limitée. Avant même qu’il ne soit sorti, Melissa et Maÿlis, les filles du label Tomboy, qui n’existait alors pas encore, m’ont contacté pour me dire qu’elles adoraient mes morceaux et qu’elles aimeraient leur donner une vraie vie. Pour des raisons personnelles notamment, je ne voulais pas le sortir tout de suite, on a donc attendu pour le ressortir plus tard, en faisant les choses bien. Il y a trois chansons en plus, un nouvel artwork un peu fou, très riche…Tout cela s’est fait très progressivement finalement, avec une première mouture, puis une version définitive via Tomboy Lab.
Fragil : Que penses-tu des artistes qui font appel au crowdfunding pour leurs projets ? N’y a-t-il pas un risque de lassitude de la part des internautes très sollicités ?
F.-R. C. : Moi j’étais très content de pouvoir en bénéficier avec Pain-Noir. Je n’avais pas le choix car j’ai enregistré les premières chansons de la manière la plus artisanale possible, avec très peu de budget, et le peu de budget qu’on a réussi à avoir, c’est grâce au crowdfunding, donc jamais je ne cracherais dessus. Et Microcultures fait les choses de manière très sincère et passionnée. Ensuite, effectivement, il commence à y avoir énormément de projets, et il ne faudrait pas que cela devienne la norme. C’est un peu triste qu’il n’y ait plus de label prêt à monter un budget, à se bouger. Et puis faire du crowdfunding, ça veut dire aussi que c’est à l’artiste de faire une grosse part du boulot et parfois cela parasite un peu tout le reste.
Fragil : Tu joues à Nantes ce soir dans un contexte particulier d’échange entre des groupes de Clermont-Ferrand et des groupes de Nantes (Bantam Lyons, Lenparrot et Von Pariahs jouaient à la Coopérative de Mai le même soir que Youth Disorder, Matt Low et Pain-Noir à Stereolux, ndlr), vois-tu des similitudes entre les scènes des deux villes ?
F.-R. C. : Des similitudes je ne sais pas, mais en tout cas je vois Clermont comme une toute petite ville par rapport à Nantes. La scène de Clermont est très éclatée, avec des gens très différents, et en même temps c’est tout petit, petit, tout le monde se connaît, avec tous les bons côtés que ça a…et avec tous les mauvais côtés aussi. Il y a vraiment ce côté ville moyenne, qui est parfois très cool car on a tout à portée de main et c’est agréable de connaître du monde. Et à la fois il y a ce côté panier de crabes qui ne me parle pas du tout et dont je me suis extrait. J’apprécie Nantes qui est une ville beaucoup plus grande et où j’ai beaucoup de copains dans des groupes qui sont très chouettes, même s’il y a sûrement des chapelles, comme partout.
Je vais être un peu noir, mais la scène folk à Clermont, c’est vraiment fini. Il n’y a plus de scène dans le sens où nous n’organisons plus de concerts ou d’expos comme nous le faisions à une époque.
Fragil : Quand je pense à Clermont-Ferrand, je pense à la scène folk, alors que Nantes est sans doute plus connue pour ses groupes d’electro et de rock un peu plus pêchu… ?
F.-R. C. : Je vais être un peu noir, mais la scène folk à Clermont, c’est vraiment fini. Kütu Folk c’était vraiment chouette de 2007-2008 à 2011, et même si cela existe encore, ça n’a plus rien à voir avec ce que cela a pu être. Il n’y a plus de scène dans le sens où nous n’organisons plus de concerts ou d’expos comme nous le faisions à une époque. Et tant mieux dans un sens, car je ne pense pas qu’un label, comme un groupe, doive forcément exister pendant 10 ans, surtout quand un apogée – c’est un peu pédant de dire ça – , mais en tout cas quelque chose d’assez chouette a été atteint. Il vaut mieux disparaître plutôt que lentement se carboniser…
Fragil : Que se passe-t-il alors en 2016 à Clermont-Ferrand ? Quelle relation entretiens-tu avec les groupes qui jouent ce soir avec toi, Youth Disorder et Matt Low (ce dernier est le bassiste de The Delano Orchestra) ?
F.-R. C. : Je ne connais pas Youth Disorder, mais c’est cool, ils sont tout jeunes, encore plus jeunes que Zak, mon guitariste, qui a 21 ans…
Fragil : C’est Zak Laughed ?
F.-R. C. : Eh oui, c’est Zak Laughed, il a bien grandi. C’est chouette de voir des gamins – et ce n’est pas péjoratif, c’est plutôt de la jalousie – arriver et faire du rock’n’roll. C’est agréable de voir de nouvelles têtes, car que ce soient Pain-Noir, Matt Low ou The Delano Orchestra, on est tous des vieux, on a tous passé la trentaine, et ça n’est pas grave évidemment ! J’ai la chance d’avoir un label et un tourneur parisiens, complètement extraits de la scène clermontoise, de voir tout cela d’un œil extérieur. Je ne crache pas dessus hein, mais c’est bien de sortir de ce petit milieu pour essayer de se réinventer. Cela n’a pas été une démarche évidente pour moi, mais je n’ai jamais été aussi heureux de l’avoir fait.
Fragil : L’album est très dépouillé, qu’est-ce que Pain-Noir donne sur scène, entouré de trois musiciens ?
F.-R. C. : Disons que l’album est dépouillé, oui et non. Il y a beaucoup de claviers, beaucoup de batterie, beaucoup de voix, mais j’ai fait le choix de les traiter avec beaucoup de retenue. Sur scène, on retrouve un peu les mêmes ingrédients, et on essaie de jouer sur la nuance, avec des moments très calmes, et de mettre en avant les claviers et les chœurs. L’idée n’était pas de recréer ce côté très feutré du disque en live car cela n’aurait pas été judicieux, mais on essaie de garder l’ambiance du disque : à la fois il se passe plein de choses, et à la fois il y a ce côté aride. On essaie de garder l’équilibre entre tout ça et de jouer sur les nuances….J’espère que l’on y arrive, tu verras ce soir.
Fragil : Avez-vous déjà beaucoup tourné dans cette formule ?
F.-R. C. : Non, là on est vraiment au début. Moi j’ai fait beaucoup de concerts solo, quelques concerts en groupe par-ci par-là. Mais là par contre on fait un bel enchaînement d’une dizaine de dates dans des beaux lieux, on est invités par des chouettes musiciens, on va jouer avec des gens qu’on aime beaucoup, et dans des belles villes, donc tout va bien.
Fragil : Justement, j’ai vu que tu avais récemment joué avec Dominique A, l’une des références à laquelle j’ai pensé en écoutant ton album. Que lui as-tu demandé ?
F.-R. C. : C’était la première fois que je le rencontrais. Ce qui est chouette, c’est que c’est lui qui m’a invité. Et le mec est à la hauteur de sa légende ! Il est extra, et sur scène moi je ne l’avais jamais vu, alors que j’adore ses disques et qu’il a forcément compté dans le fait d’oser chanter en français, et j’ai pris une grosse claque ! J’ai ouvert deux fois pour lui et j’ouvre encore pour lui cette semaine. Plus que lui demander des choses, cela a plutôt été une rencontre évidente, on s’est retrouvés à parler de choses qui n’ont rien à voir avec la musique…
Dominique A est à la hauteur de sa légende ! Il est extra. J’adore ses disques. Il a forcément compté dans le fait d’oser chanter en français, j’ai pris une grosse claque !
Fragil : De littérature peut-être… ?
F.-R. C. : Ah mais des choses encore plus bêtes comme parler des enfants, parler de la vie, du fait d’être musicien…Cela s’est passé très naturellement, et je suis donc très impatient de le revoir dès mercredi, lui et ses musiciens, qui sont tout aussi géniaux.
Fragil : Tu chantes avec Mina Tindle sur le morceau Jamais l’or ne dure, peux-tu raconter comment s’est passée cette collaboration ?
F.-R. C. : Pauline (de Lassus Saint-Geniès, ndlr), Mina Tindle donc, je l’avais rencontrée en faisant sa première partie avec St. Augustine, et on avait bien accroché, avec elle et ses musiciens, notamment Olivier Marguerit qui fait O (également musicien de projets tels que Thousand ou Syd Matters, ndlr). Quand il a fallu enregistrer l’album, j’avais deux-trois démos sur lesquels j’envisageais l’idée d’une voix féminine. Le label pensait que ce serait super de faire un duo, sauf que moi j’ai très mauvais caractère quand il s’agit de la musique, et j’ai dit : « Pourquoi pas, mais si c’est quelqu’un que je choisis ». Et Pauline était quasiment la seule personne avec qui cela me paraissait évident. Elle a tout de suite été super enthousiaste, et cela s’est fait en trois-quatre prises malgré le fait que nous n’avions jamais fait de musique ensemble. Ça s’est passé comme cela devrait toujours se passer finalement, de manière très naturelle. Et j’étais très fier, parce qu’au-delà du fait que je l’aime beaucoup, elle et sa musique, elle a un côté chanteuse parfaite : quand elle ouvre la bouche, moi je me sens tout petit.
Fragil : J’ai eu l’occasion de voir Mina Tindle jouer en première partie de Sufjan Stevens récemment, et toi, de qui aimerais-tu faire la première partie ?
F.-R. C. : Eh bien j’avoue que Sufjan Stevens, je ne dirais pas non. Faire les premières parties de Dominique A, c’est quelque chose de vraiment important pour moi, comme un adoubement incroyable. Sinon pour être franc, je ne me suis jamais vraiment posé la question, il y a tellement de gens que j’aime bien ! Des gens comme Jason Lytle de Grandaddy ont vraiment compté pour moi par exemple. On a fait la première partie de Giant Sand, qui est un de mes groupes préférés, donc entre Giant Sand et Dominique A, ce sont un peu les deux spectres qui comptent beaucoup pour moi : ce côté rock indé et le fait de réussir quelque chose en français de vraiment incroyable.
Fragil : Ta chanson La Retenue m’a à la fois fait penser au lac de Guerlédan, où tu as tourné un Concert à Emporter avec la Blogothèque en juillet 2015 lors de son assèchement, mais également au barrage de Tignes, qui apparaît dans la série Les Revenants, dont l’ambiance me rappelle ta musique. Qu’est-ce qui t’a inspiré pour ce morceau ?
F.-R. C. : À la base je suis passé à côté d’un barrage à la limite du Puy-de-Dôme et du Cantal, qui s’appelle le barrage de Bort-les-Orgues, mais il n’y a pas eu de village englouti dans ce cas (le barrage se trouve en fait à la limite de la Corrèze et du Cantal, et il semble y avoir eu trois villages engloutis, ndlr). L’idée m’est venue comme ça, et en rentrant chez moi, j’ai donc cherché beaucoup de vidéos sur ce sujet, notamment sur le site de l’INA, et je suis tombé sur beaucoup de choses concernant le barrage de Tignes. Et puis cette chanson, je l’ai écrite avant de voir Les Revenants. C’est rigolo car c’est mon ami Renaud du groupe H-Burns qui a tout de suite pensé à la série en écoutant ma chanson. Moi je ne l’avais pas vue, mais je l’ai vue depuis, et j’ai adoré la première saison ! Et pour la petite histoire, c’est l’oncle de Zak, mon guitariste, qui a fait le son sur Les Revenants, et qui a fait écouter le morceau au réalisateur.
Fragil : Le réalisateur Fabrice Gobert est un fan de musique, c’est Mogwai qui a fait la BO des Revenants pas exemple. Aimerais-tu composer la BO d’une série ou d’un film ?
F.-R. C. : Ah oui, j’adorerais forcément ! Utiliser un morceau de cette manière, cela change forcément le sens du film, mais également celui de la chanson, que l’on ne voit plus de la même manière après.
Fragil : Concernant ton rapport au visuel, tu as utilisé pour la pochette de ton disque une collection de photos sépia qui, en plus de l’ensemble des chansons, donne au tout un côté très mélancolique : te considères-tu comme quelqu’un de nostalgique ?
F.-R. C. : Oui forcément un peu ! Ces photos de famille ont toutes été prises par mon grand-père qui est décédé, et je n’ai plus de famille du côté de la branche paternelle. Les utiliser, ce n’est pas forcément de la mélancolie, mais comme c’est la seule chose qu’il me reste d’eux, c’est une manière de les faire vivre. Je recrée une espèce de sentiment de filiation, j’essaie de perpétuer quelque chose.
Je recrée une espèce de sentiment de filiation, j’essaie de perpétuer quelque chose
Fragil : Tu accordes une grande place au visuel dans ton travail. Tu as par exemple dessiné à la main les pochettes d’un des albums de St. Augustine. Tes dessins t’inspirent-ils dans l’écriture, ou est-ce l’inverse ?
F.-R. C. : Ni l’un ni l’autre, et l’un et l’autre à la fois. Parfois des idées de dessin deviennent des idées de chansons, et des idées de chansons deviennent des dessins. Je ne vois pas trop de distinction, c’est un moyen d’expression qui me permet de sortir une idée, même si je maîtrise mieux l’écriture de chansons que le dessin. Mais là où une chanson veut dire quelque chose, un dessin peut juste être fait pour le plaisir et pour l’exercice de style.
Fragil : Vois-tu des similitudes entre le boulot d’instituteur (le deuxième travail de François-Régis) et le fait de monter sur scène ?
F.-R. C. : Je n’y avais jamais pensé, mais oui forcément, car il y a toujours un public, et moi j’adore ça. Je me rends compte à quel point le fait d’être tout le temps devant une classe de 25 ou 30 gamins m’a rendu à l’aise devant un auditoire, ce que je n’étais pas du tout au départ, et vice-versa d’ailleurs. Cela n’était pas du tout gagné. Et puis dans un cas comme dans l’autre, on essaie toujours de transmettre quelque chose. L’idée de filiation compte beaucoup pour moi et est très présente dans mes chansons, même si cela n’est pas de manière consciente. Je vois vraiment la transmission comme un point commun entre mon métier et…mon deuxième métier (sourire).
Fragil : Le terme de pareidolia (une paréidolie en français est une sorte d’illusion d’optique qui consiste à associer un stimulus visuel informe et ambigu à un élément clair et identifiable, souvent une forme humaine ou animale, ndlr) revient dans le titre de deux chansons, à la fois chez St. Augustine et chez Pain-Noir. Et toi, que vois-tu le plus souvent dans les nuages ?
F.-R. C. : (rires) Moi ce que je vois le plus souvent, dans les nuages, le toit d’une maison ou sur une carte, ce sont des têtes. Et puis le fait d’avoir un enfant de 6 ans, cela permet d’avoir de longues discussions sur les nuages, c’est assez chouette. Ce qui est drôle, c’est que le morceau de St. Augustine parlait clairement de la paréidolie, et quand j’ai écrit ce morceau en français pour Pain-Noir, Pareidolia (continent nouveau), je n’avais pas de titre. Je me suis rendu compte que le mot collait aussi, mais c’est devenu quelque chose de complètement détaché du sens premier : c’est juste un mot que je trouve super-chouette !
Fragil : J’avoue que j’ai appris ce mot en préparant l’interview, merci !
F.-R. C. : Eh bien de rien, c’est mon côté instit ! (rires)
Propos recueillis par Sandrine Lesage
Photos promo : Julien Bourgeois
Photos concert : Sandrine Lesage
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