
Live-report
Indomptable Julia Holter
Julia Holter avait envoà »té le public du Festival Soy 2013 de ses pièces à la lisière du jazz, de la musique contemporaine et de la pop synthétique. Après avoir ravi une place de choix dans de nombreux tops en fin d’année 2015, la Californienne vient enfin présenter ce 8 février l’album de l’ouverture mélodique dans la salle du New Morning à Paris, après une date annulée en novembre dernier. Impressions.
La jeune femme timide montée sur la scène de la Maison de quartier de Doulon lors du Festival Soy 2013 en s’excusant de sa présence a pris de l’assurance. Depuis, Julia Holter a publié - à la rentrée 2015 - Have You In My Wilderness, un disque salué par la critique. Artiste prolifique - c’est son quatrième long format depuis 2011 – à la formation classique, spécialiste de l’album-concept aux références littéraires, souvent qualifiée de cérébrale, Julia Holter défriche avec son dernier album des territoires jamais encore explorés, qui s’adressent plus directement au sensible. Malgré des constructions toujours accidentées, ses morceaux laissent une place à la légèreté mélodique et aux refrains à reprendre.
Confiante, l’artiste choisit de débuter son concert du New Morning par deux anciens morceaux, extraits de Loud City Song, son précédent album. C’est un hasard, dit-elle, que ces pièces dédiées à sa ville de Los Angeles fonctionnent aussi bien en début de set, et qu’ils paraissent finalement si bien convenir à Paris. Après une date annulée en novembre 2015 suite aux attentats du 13 novembre, la jeune femme se dit ravie de pouvoir passer quelques jours dans la capitale : l’occasion pour elle de visiter le Louvre pour la première fois, de voir (et d’ « être vue » par la Joconde) et de se laisser subjuguer par les sarcophages du département égyptien. Tout cela en compagnie d’une formation constituant le noyau de la tournée Have You In My Wilderness. Julia, aux claviers, tantôt joué en notes éparses, tantôt en clavecin trépidant, est entourée de Corey Fogel aux percussions, de Devin Hoff qui, avec sa contrebasse, offre une couleur jazz à l’ensemble et de Dina Maccabee au violon. Cette dernière seconde également la chanteuse de sa voix éthérée, comme sur les premières notes de Silhouette ou de Feel You, qui figurent parmi les sommets pop de son dernier album.
Betsy On The Roof soulève l'émotion par ses méandres vocaux accompagnés par le piano, le tressaillement des cymbales et les sinuosités du violon
Malgré les contre-champs rythmiques, les mots heurtés, le public peut enfin chanter avec Julia. Elle avoue elle-même avoir un registre bien plus limité que celui de Dionne Warwick dont elle reprend en rappel le Don’t Make Me Over composé par Burt Bacharach, mais donne largement le change, que ce soit dans un phrasé parlé ou lorsqu’elle atteint des notes plus aiguës. Betsy On The Roof soulève en ce sens l’émotion par ses méandres vocaux accompagnés par le piano, le tressaillement des cymbales et les sinuosités du violon. Sobre d’apparence, son habituelle garde-robe noire recouverte ce soir-là d’une longue tunique fluide aux motifs écossais, Julia Holter provoque parfois l’agacement par une attitude empruntée qui frise le maniérisme. (Sur)jouant avec ses cheveux entre les morceaux, elle prend des poses faussement timides et introduit Silhouette comme un morceau parlant d’amour, grimace dégoulinante de mièvrerie à l’appui.
Attendue, la chanson Sea Calls Me Home, premier single extrait de Have You In My Wilderness, clôt cette soirée. Julia Holter convainc, malgré un set court (13 morceaux), par un univers profondément inédit, et une aisance qui font de ce concert une expérience alternant entre moments de grâce furtive, expérimentations sonores et profondes envolées.
Texte : Sandrine Lesage
Photos : Sandrine Lesage et Christian Chauvet
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses