
Danse numérique
« Le mouvement de l’air  » : quand les émotions entrent en lévitation digitale
La compagnie Adrien M / Claire B évolue dans le champ des arts numériques et du spectacle vivant depuis sa création en 2010 par le duo Claire Bardainne et Adrien Mondot. Forts de leurs compétences, ils se placent en chercheurs du mouvement. Le mouvement numérique, le mouvement des corps, le mouvement dansé, le mouvement des sons, le mouvement éphémère... pour que se dessine un tout : « Le mouvement de l’air  », leur création 2015.
La rencontre entre Claire Bardainne et Adrien Mondot est la fusion de deux âmes artistiques. Elle : plasticienne, designer graphique et scénographe. Lui : jongleur et informaticien. Leur leitmotiv créatif ? Mettre l’humain au centre des enjeux technologiques, au cœur de l’image.
Un spectacle frontal ?
Le mouvement de l'air donne à voir et à ressentir des impossibles
Pourquoi qualifier « Le mouvement de l’air » de spectacle frontal ? Car le spectateur reste scotché par la prouesse technique live où chaque sens plonge dans une douce euphorie artistique, où chaque pore de la peau transpire d’émotion ; en témoignent un sourire naissant, des poils qui se hérissent ou encore des rétines pétillantes. Le mouvement de l’air donne à voir et à ressentir des impossibles : l’homme qui vole, qui se confond avec l’image virtuelle grâce à une chorégraphie mêlant savamment acrobaties et numérique.
Générée en direct, grâce à une intervention en régie couplée à des capteurs de mouvement sur scène, la lumière transperce le noir de la salle pour mieux prendre vie sous les yeux du public. Technique et algorithmes accompagnent les chorégraphies. L’alchimie se fait. Science, machine et humain se complètent, se respectent. L’immatériel prend corps dans une énergie scénique partagée. Le dialogue entre image et danse s’installe ; il livre toutes ses nuances. De vrais tableaux de maîtres s’enchaînent.
Des artisans du digital
L'immatériel prend corps dans une énergie scénique partagée
« Des artisans du digital » : curieuse expression pleine de contradictions, choisie à défaut pour définir cet harmonieux mélange d’humain et de technique. Si les corps des trois danseurs se lient aux images sur scène, la performance ne s’arrête pas là. Instrumental et digital s’élèvent à l’unisson pendant près d’une heure. Jérémy Chartier interprète en live la musique qu’il a composée. Carillons, harpe chinoise, guitares..., et même verres sont les instruments d’une voix guidant le spectateur dans un rêve éveillé. La musique résonne à chaque pas, à chaque image, amplifiant toute la profondeur de l’instant.
Dans l’art cinétique, le mouvement est partie prenante d’une œuvre, qu’il soit induit par des forces naturelles (comme le vent) ou la mécanique. Ici, les trois interprètes flottent par intermittence dans l’espace. Ces corps, suspendus à l’aide de dispositifs d’élévation motorisés, sans artifices pour les cacher, invitent le réel à entrer en mouvement avec le virtuel. En apesanteur ou cloué au sol par la gravité, le ballet du chorégraphe Yan Raballand joue avec la densité des corps afin de sculpter la sensualité d’un geste, capturer puis laisser s’évaporer cette beauté éphémère.
Et durant une heure se danse...
Le noir se fait au Grand T. Le décor numérique se dresse sur trois pans blancs qui délimitent l’espace. Une batterie retentit. Trois danseurs habitent littéralement la scène. Ils vivent le son et s’agitent dans une course effrénée au rythme des images saccadées. Acoustique, visuel et danse ne font plus qu’un : la salle est immergée dans leur univers. L’invisible aérien devient presque palpable d’émotions.
L'invisible aérien devient presque palpable d'émotions
Les corps se mêlent, se portent, s’attirent puis se fuient. Tour à tour, ils rentrent dans l’image, jouent avec elle et surtout, ils volent. Ils s’élèvent en douceur ou dans une lutte poétique, à travers une alternance de scènes qui maintient le spectateur en haleine, avide de ressentis. L’image s’impose telle une tierce personne, une copine de jeux, chaleureuse et poreuse de lumière. La scène et la salle sont en totale osmose. Un monde se crée, bercé par ses quatre éléments originels : l’air, l’eau, la terre et le feu, suggérés tout en poésie. Le temps est suspendu au Grand T. L’heure défile en un éclair. Une salve d’applaudissements retentit. L’audience est conquise.
Retrouvez un extrait du spectacle, ainsi que les dates de la tournée Le mouvement de l’air.
Texte : Stéphanie Lafarge
Photos : Le Grand T
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