
Plongée au cœur du Dub Camp Festival
Back to Roots
La seconde édition du Dub Camp Festival a eu lieu le week-end du 10, 11 et 12 Juillet 2015 au bord du canal de la Martinière, au Pellerin. Près de 15 000 amateurs de cultures Dub et Sound System se sont réunis. Tout cela rendu possible par le travail d’une grande famille de plus de 600 bénévoles. Ce rassemblement annuel est sans aucun doute un grand succès et réussit progressivement à se faire un nom dans le cercle international des festivals reggae.
Comme nouveauté à cette édition du Dub Camp Festival, l’association nantaise Get Up ! a mis en place un espace supplémentaire de grande envergure pour les vrais aficionados de musique, le Uplift ! Corner. Exposition de photographies, conférences et débats pleins de passion y étaient organisés. Une poignée d’artistes ont ainsi pu partager leurs visions artistiques et des expériences de vie avec le public.
À l’ère du numérique et de l’individualisme, où tout le monde a la capacité de réaliser et partager sa musique juste avec un ordinateur et le logiciel adapté, Fragil est allé dans le sens opposé en partant à la rencontre de trois personnages que l’on pourrait qualifier de Gardiens du Roots. Il s’agit de Ras Digby Austin, Paul Axis Huxtable et du Français Emmanuel Maizeret alias Daddy Reggae.
Ras Digby Austin
Ras Digby Austin commence à faire tourner les vinyles vraiment tôt, plus précisément à l’âge de 11 ans. Son expérience musicale fait de lui l’un des meilleurs selectors de l’Angleterre ayant obtenu le titre de Revival Champion. Spécialiste du ska et rock steady des années 1960, il est surtout connu pour sa condition de maître de la musique jamaïcaine des années 1970.
Sans les racines, l'arbre ne pourra pas continuer à pousser, affirme Digby Austin
En intégrant la première génération d’immigrants jamaïcains dans le quartier populaire de Brixton (sud de Londres), Digby Austin a pu constater et vivre de près le racisme institutionnel et le harcèlement policier que sa communauté subissait. Faits qui ont conduit à des révoltes sociales violentes en 1981 et plus tard à 1985... Ce contexte, combiné à sa passion de la musique, l’a entraîné vers le chemin du militantisme, diffusant dans les sound systems le message d’unification, d’égalité et de paix contenu dans le rastafarisme. Mettre ses meilleures intentions dans la musique est devenu une mission vitale pour le Ras qui cherche aussi à préserver les origines de la culture jamaïcaine. « Sans les racines, l’arbre ne pourra pas continuer à pousser », affirme-t-il.
C’était dimanche sous le chapiteau du Outernational Arena que les chemins de Digby et de notre prochain protagoniste se sont croisés. On a pu profiter d’un live exceptionnel de ce selector aux commandes du vaisseau sonique Valv-A-Tron, sono à lampes, chef-d’œuvre de Paul Axis Huxtable.
Paul Axis Huxtable
Véritable puriste, défenseur du vinyle et de la culture reggae, Paul habite à Huddersfield depuis maintenant 19 ans. Alors que cette petite ville du nord de l’Angleterre ne pouvait pas rivaliser d’un point de vue culturel avec Birmingham et Londres, il y a néanmoins une culture de sound system hors de toute proportion qui s’y est développée. Là-bas, afin de préserver ce vaste héritage et influence de la communauté caribéenne, Mandeep Samra propose à Paul de l’aider à écrire le livre Sound System Culture publié l’année dernière maison d’édition One Love Books.
L’aventure de Paul avec le reggae n’est pas du tout quelque chose de récent. Il s’y intéresse depuis son adolescence, attiré pour les paroles de conscience portées par ce genre musical. Mais ce n’est seulement qu’après 30 ans de carrière derrière lui que Paul Axis Huxtable arrive à s’en sortir. D’un côté, l’homme a sa propre entreprise, Axis Sound, avec laquelle il développe des sonos à lampes sur mesure en mode Do it yourself. De l’autre, Dr. Huxtable fait vibrer les clubs et les festivals au rythme des meilleurs hits du reggae vintage et classique. Affichant une telle persévérance et un engagement sans faille pour la culture dub, Paul Axis Huxtable était clairement l’une des figures les plus marquantes de ce Dub Camp Festival 2015.
Manu Daddy Reggae
Tout au long du week-end, le Français Manu, alias Daddy Reggae, a apporté un extra de bonheur aux festivaliers en les accompagnant sur le site du Dub camp, toujours avec un grand sourire, boostant le volume de son vieux camion aménagé en tant que Truck System. Armé d’une platine vinyle installée dans la cabine, de gros caissons de basses sur le plateau arrière, Manu honore à sa manière cette vieille tradition des disco mobiles originaire de la Jamaïque.
C’est au début des années 1990 qu’il prend un avion pour découvrir cette île de rêve et s’imprégner de sa culture. Des concerts, des sonos, des marchés de vinyles, des rencontres avec divers artistes... Toute une explosion de vie dans les rues de Kingston, c’est encore l’âge d’or du Reggae ! Cette expérience le rend tellement heureux qu’il y retourne une dizaine de fois par la suite.
À part sur des festivals, on peut croiser Manu et son camion jaune dans certains quartiers parisiens dès que le ciel envoie de bons et chauds rayons de soleil sur la capitale. Comme il le dit, avec humilité : « C’est pour le plaisir... C’est ce que je fais le mieux dans ma vie. Le camion, la sono et le reggae... C’est ce que je sais faire ! »
Texte et photos : Xoel Freire
Vidéo : Maud Wargnier
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