Nuit des reconfigurants
À l’École de Communication Visuelle, on enfile des perles
Le bizutage n’avait pas que du bon. Pour cela, Olive Martin et Patrick Bernier investissent l’Ecole de Communication Visuelle de Nantes pour proposer un retour aux racines - sous trip amérindien - et redéfinir le rituel de l’inclusion sociale. Reportage.
Dans la nuit du 10 au 11 avril derniers de 22h à 5h a eu lieu la Nuit des Reconfigurants à Cosmopolis. Ce projet porté par les Nouveaux Commanditaires est le fruit de l’alliance d’un couple d’artistes : Olive Martin et Patrick Bernier. Accompagnés par une quinzaine d’étudiants à l’ECV (Ecole de Communication Visuelle). Entre-deux et Eternal network y tenaient le rôle de médiateurs. Ces professionnels du monde de l’art accompagnent les artistes et les commanditaires afin que chaque partie ait un rôle défini et que le projet se déroule au mieux. Cette soirée était le dernier événement d’une œuvre immatérielle commandée par l’école et se voulant alternative au bizutage.
Un colloque d’étranges hallucinations
Les 200 jeunes présents ont pu profiter d’un colloque mêlant l’étrange et l’hallucination. Les jeux sonores et lumineux permettaient de mettre en valeur la multitude des représentations proposées. Au programme : Projection vidéo, sculpture musicale, fresque participative ou encore conférence poétique. En déplaçant à la nuit un événement d’habitude journalier, celui ci a pu approfondir les questions soulevées par le projet et à le faire connaître à l’extérieur. En mêlant l’étude à la fête ou au rêve, le but était de créer un état second propice aux idées nouvelles, aux initiatives révolutionnaires. « La soirée était géniale ! » raconte Anna, une des invités. « C’est assez osé d’organiser une soirée dans un lieu d’exposition et surtout d’y proposer autant d’activités variées. »
Les Reconfigurants, ce sont les nouveaux élèves qui au lieu d'être « intégrés », c'est à dire dépouillés de leur identité, seront investis comme « personnes »
Olive Martin, l’une des artistes et Marion et Gwendoline, deux élèves porteuses du projet expliquent que l’œuvre est née suite à l’interdiction du bizutage à l’ECV. Les Reconfigurants, ce sont les nouveaux élèves qui au lieu d’être « intégrés », c’est à dire dépouillés de leur identité, seront investis comme « personnes » qui, par leur arrivée, leur présence et leur action vont modifier l’identité de l’école. « L’œuvre créée n’est pas seulement la Nuit des Reconfigurants, mais tout le protocole qui l’entoure » précise Olive. Basées sur les rites autochtones d’Amérique du Nord, les assemblés de tramage permettent tout au long de l’année de se retrouver pour organiser la future Nuit des Reconfigurants.
Bizutage et traditions
En effet, la trame fabriquée par les volontaires s’inspire des wampums amérindiens, ceintures de perles tissées et échangées notamment lors de rencontres diplomatiques et dont les motifs graphiques codent les ententes conclues. Les anciens élèves et les nouveaux se retrouvent ainsi autour d’un arc a tisser créé par l’ensemble des participants et le collectif Fichtre. Au début d’une nouvelle année, les Reconfigurants se rassemblent pour le dénouement. On y lit la bande de perles tissés puis on la dénoue. Cette pratique remplace le bizutage par un moment positif de partage. « C’est un moment clé, la symbolique du bizutage est présente mais avec beaucoup plus de sens » ajoute Marion.
La trame fabriquée par les volontaires s'inspire des wampums amérindiens, ceintures de perles tissées et échangées notamment lors de rencontres diplomatiques
Gwendoline explique qu’après l’interdiction du bizutage en 2010, elles ont essayé d’y trouver des alternatives. Elle conclut « au final même celle du parrainage a pu être un moment difficile pour certains. L’avantage du dénouement c’est que personne ne se sent gêné ou forcé ». Pour Marion, « c’est une très belle expérience, une belle opportunité, un plus intellectuel, enrichissant humainement. » C’est une belle entente entre artistes, associations et jeunes pour créer une alternative positive au bizutage. Tout comme Olive Martin, on espère vraiment que « ce projet s’inscrira dans le temps. »
Pauline Olivier
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