Lauréat du concours des Inrocks Lab
La saison Des Roses
Pratiquant une dream-pop sous influence Beach House, Des Roses fait certainement partie des jeunes pousses nantaises à suivre en 2015. Suite à sa participation au concours Les Inrocks Lab au Ferrailleur, le groupe est l’un des 15 lauréats qui se produiront à la Gaîté Lyrique à Paris le 29 mai prochain. Rencontre avec Des Roses au complet : Ana Benabs (claviers, chant), Louis (guitare, chant) et Suzanne (orgue, chant) Lemoine.
Fragil : Comment est né le groupe Des Roses ?
Louis : « Suzanne est ma sœur et Ana ma copine : on se connaît donc tous depuis longtemps et j’ai eu l’occasion de faire de la musique avec Suzanne et Ana. Ça faisait un certain temps qu’on y pensait, mais on a dû mettre une bonne année avant de savoir ce qu’on avait envie de jouer et de trouver notre style. »
Suzanne : « Ça nous a paru évident de faire de la musique tous les trois puisqu’on passait déjà tout notre temps ensemble. »
Fragil : Ça s’est passé à l’île d’Yeu non ?
Suzanne : « C’est là qu’on a enregistré l’EP : Louis travaillait là-bas, on l’a rejoint et on y a passé les deux mois de l’été 2014 à ne faire que de la musique. »
Louis : « On n’avait qu’un seul titre, c’était Old Mistake, qu’on avait mis six mois à écrire, puis tout s’est enchaîné pendant l’été. On a passé un mois à composer, puis un mois à enregistrer et à répéter : on devait être prêts pour un concert en septembre, et pouvoir faire un set de 4-5 chansons. »
On aurait pu s’appeler « Plage des Roses » en fait... Mais ça aurait fait un peu trop roman-photo
Fragil : Le nom Des Roses, c’est votre côté romantique ?
Suzanne : « Des Roses, c’est le nom d’une plage de l’île d’Yeu, un symbole qui fait référence à l’endroit où le groupe s’est form, mais c’est aussi pour le côté mélancolique qui colle bien à la musique. »
Fragil : L’ajout du « Des » devant « Roses » est assez original…
Louis : « Au début, on avait juste le nom « roses » qui sonnait un peu bizarre, un peu Guns’n’Roses, du coup le « des » rajoutait ce côté poétique, élégant et romantique dont tu parlais. »
Ana : « Et puis on a voulu garder Des Roses car c’était la Plage des Roses. »
Louis : « On aurait pu s’appeler « Plage des Roses » en fait (rire général). »
Ana : « Mais ça aurait fait un peu trop roman-photo (sourire). »
Un garçon, deux filles : un groupe dream-pop
Fragil : Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer ce style de musique ? On pense à Beach House en vous écoutant, et un passage de Nothing goes ahead me rappelle Pink Floyd…
Louis : « Le gros déclic, ça a été deux achats au même moment : l’orgue de Suzanne, un orgue des années 1980 qui a une certaine valeur et qu’on a acheté pour presque rien, et le microKorg, le petit synthé d’Ana. »
Ana : « On savait aussi qu’on voulait chanter tous les trois, donc deux voix de filles et une voix de garçon. Pour bien exploiter cette formation et pour que ça reste cohérent, on n’avait pas mille possibilités : on s’est donc tournés vers la dream-pop. »
L’idée de départ était de donner une place à part entière à tous les membres du groupe en tant que chanteurs
Louis : « Les voix de filles comme celles d’Ana et de Suzanne collent très bien à ce genre d’univers diffus. Et puis il y a nos références communes en matière de musique : Tame Impala ou Beach House. Le psyché est aussi une de nos influences. On voulait également jouer sur les harmonies de voix, et pas seulement sur un chant lead pour telle ou telle chanson, car des groupes comme The Beatles nous ont toujours fascinés. »
Ana : « L’idée de départ était de donner une place à part entière à tous les membres du groupe en tant que chanteurs. »
Louis : « Ca n’a pas été évident tout de suite de mettre en place un chant avec le contraste d’une voix grave et de voix féminines, on a pas mal travaillé dessus. »
Fragil : Vous n’avez pas pensé intégrer un batteur à la formation ?
Louis : « Non. D’une part, on n’avait pas le choix pour l’enregistrement, car on ne passait pas l’été avec un batteur et un bassiste. Et puis la boîte à rythmes est utilisée par des groupes qui font partie de nos influences. Joy Division par exemple avait un batteur, mais qui sonnait comme une boîte à rythmes. A l’avenir, pourquoi pas, car ça apporterait un peu de spectacle de voir quatre-cinq personnes avec un batteur sur scène, mais pour l’instant, on ne se pose pas la question. »
Fragil : Comment se passe la composition d’un morceau ?
Louis : « La plupart du temps, l’un d’entre nous amène une idée de chanson, avec une structure et des paroles, et le tout est repris par les deux autres, selon la force de chacun. C’est très collectif. »
Fragil : De quoi parlent les chansons de Des Roses ?
Louis : « Au niveau des paroles, c’est assez aléatoire : je peux parler d’amour, d’un ami ou raconter quelque chose qui m’a perturbé. Il y a aussi une influence littéraire et cinématographique forte. »
Ana : « On ne se dit pas à l’avance qu’on va écrire sur tel ou tel truc, c’est la musique qui peut aussi inspirer les paroles, ou certaines phrases fortes qui se retrouvent ensuite dans nos textes. »
Fragil : En parlant de l’influence du cinéma, vous avez tourné un clip pour Old Mistake...
Suzanne : « On l’a aussi enregistré à l’île d’Yeu l’été dernier : on était partis voir les étoiles filantes et au final on ne les a pas regardées, car on n’a fait que parler du clip. C’est une copine en école de cinéma qui l’a réalisé et une amie d’Ana qui joue dedans, c’était familial. On a dû le tourner en 24 heures, quasiment en temps réel, comme dans le clip : depuis la soirée jusqu’au petit matin sur la plage. »
Une grande famille
Fragil : Vous avez fait assez peu de concerts pour le moment (une dizaine), vous commencez à vous sentir plus à l’aise sur scène ?
Ana : « On a dû se préparer assez vite parce qu’on a eu des dates rapidement, comme celle de la Carène. On n’a pas eu le temps de douter, et on n’allait pas refuser des dates parce qu’on avait la trouille (rires). »
Louis : « Le groupe est tout jeune : on a été obligés de travailler de manière assez intense au début pour avoir un truc qui tienne la route, même si maintenant le rythme de travail est plus normal. »
Suzanne : « Les retours de différentes personnes nous permettent aussi d’être plus confiants et de savoir ce sur quoi il faut travailler. »
Fragil : Quel est votre meilleur souvenir de concert ?
Tous : « Hier, (ndlr : le 2 avril au Ferrailleur pour les Inrocks Lab) c’était vraiment cool. »
Suzanne : « On est contents de tous nos concerts, même si les ambiances sont différentes à chaque fois et qu’on a plus les jetons quand c’est un concours. »
Louis : « On a eu la chance de jouer avec des groupes vraiment chouettes, qu’on aime musicalement, comme Baston, Venera 4 ou Disco Anti-Napoleon qui nous a invités à la release-party de leur album en décembre. Et puis on a deux filles dans le groupe, du coup les gens sont sympas avec nous (rires). »
Suzanne : « Le concert avec DAN a été l’occasion de dévoiler le projet dans notre ville, et c’était vraiment notre premier gros concert, dans des conditions professionnelles. »
Fragil : Si vous deviez jouer avec un groupe demain ou le mettre sur votre cassette idéale ?
Suzanne : « Moi j’aimerais bien jouer avec Rendez-Vous, un groupe de new-wave de Paris. Ils sont sur la même structure de management que nous, Hello Acapulco, et c’est mortel ce qu’ils font. »
La prochaine étape c’est l’enregistrement d’un deuxième EP, qui devrait sortir à la rentrée 2015
Ana : « Chocolat pour moi ! (ndlr : groupe québécois à l’affiche du festival White Nat/White Heat aux Ateliers de Bitche le 22 mai). »
Louis : « J’écoute plutôt des anciens trucs comme le « Souvlaki » de Slowdive, qu’on a vu à La Route du Rock l’année dernière, c’était assez incroyable. Sinon en ce moment, il y a aussi les albums de Viet Cong ou de Pond qui sont très bien. »
Fragil : Comment avez-vous atterri sur la structure Hello Acapulco ? Et sur Nothing ?
Louis : « J’avais contacté le responsable, Nicolas Jublot de l’Espace B., pour faire une date sur Paris, et finalement il s’est proposé pour faire du management. Il nous a beaucoup aidés pour trouver des dates et nous faire des contacts, gérer les contrats ; il nous donne des conseils précieux. Nothing est un collectif fondé par Yann, le guitariste de Venera 4, et on n’a pas hésité à l’intégrer vu tous les groupes qui sont dedans. »
Suzanne : « Nothing, c’est une sorte de grande famille : on parle de musique, on essaie de trouver des dates communes… »
Ana : « …on va se voir en concert, ça permet de se reposer sur un réseau de groupes présents dans plusieurs villes comme Nantes, Paris ou Rennes. On s’aide mutuellement, en plus les groupes sont assez éclectiques. »
Fragil : Si vous gagniez le concours Les Inrocks Lab, quel projet la bourse reçue vous permettrait de réaliser ?
Louis : « Elle pourrait servir à tirer des vinyles, à partir en tournée ou permettre de commencer l’enregistrement d’un album. La prochaine étape c’est l’enregistrement d’un deuxième EP, qui devrait sortir à la rentrée 2015, et qu’on enregistre à la maison. On n’a pas le talent d’un ingé-son… »
Ana : « …mais l’autoproduction nous permet aussi de maîtriser ce qu’on enregistre et de prendre notre temps. »
Suzanne : « L’objectif c’est avant tout le nouvel EP et le clip qui va avec. On attend de voir les retours avant de penser à enregistrer un album. »
Propos recueillis par Sandrine Lesage
Photos : Carla Rondeau
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