Culture et communication numérique
Clack : l’image et le tempo
Ils ont fait leurs premières armes sur les festivals de l’Ouest : HIP OPsession, Scopitone, Transmusicales, Hellfest, Au phil du son... Les deux community managers et deux photographes qui composent le collectif Clack proposent une stratégie de communication numérique basée sur l’image et les réseaux sociaux. Rencontre.
Image et immédiateté. Le collectif nantais Clack est certain d’une chose : ces deux éléments constituent aujourd’hui les piliers d’une communication événementielle efficace notamment en matière culturelle. Composé de deux community managers (CM) et deux photographes, Clack a fait parler de lui sur la dernière édition du festival HIP OPsession à Nantes, travaillant main dans la main avec les organisateurs de Pick up production. Si le format du collectif est assez novateur, le principe d’action reste simple : produire des images de concerts, ou autres événements culturels, les envoyer en direct sur les réseaux sociaux du festival (Twitter, Instagram et Facebook pour l’essentiel) pour ainsi développer et animer la communauté de fans autour de l’événement culturel.
Rien de bien original pourrait-on penser, dans la mesure où les spectateurs sont généralement légion à photographier les artistes en plein show. Quelle est donc la plus-value de Clack ? « Elle est double », répond Valentin Beauvineau, l’un des deux CM du collectif. « Il y a d’abord la qualité des photos. Car nous devons présenter des clichés réalisés par des professionnels et non de simples photos smartphone. On a donc des images qui sont construites et qui véhiculent de véritables informations. »
Qualité et storytelling
« L’autre plus-value », poursuit Adeline Moreau, photographe de Clack avec David Gallard, « c’est que Valentin détermine un storytelling en amont en fonction du déroulement de l’événement. Nous ne sommes pas là pour diffuser quinze fois la même photo d’un artiste. Tout est réfléchi à l’avance et nous suivons un scénario. » Un storytelling qui comporte des incontournables (photo en coulisses, du public en fin de concert...) et qui doit aussi s’adapter aux desiderata des artistes ne jouant pas toujours le jeu.
Certains festivals comme HIP OPsession, ou encore le Hellfest à Clisson, ont tout de suite compris l’intérêt de faire appel à un tel collectif. La communication événementielle se joue aujourd’hui sur le web et les réseaux sociaux. « Il n’y a rien de plus efficace qu’une photo postée sur les réseaux pendant un concert », estime Valentin Beauvineau. « Cette image va circuler entre les spectateurs mais aussi entre ceux qui n’ont pas eu la possibilité d’assister au concert. L’artiste sort de scène, regarde son smartphone, partage la photo, et là on a tout gagné. Car il atteindra une communauté de fans qui lui est propre et qui n’est pas forcément reliée aux réseaux sociaux du festival. » C’est particulièrement vrai, semble-t-il en matière de hip-hop (HIP OPsession) et de métal (Hellfest) où l’on a à faire à des communautés réunies autour de codes esthétiques bien précis.
Il n'y a rien de plus efficace qu'une photo postée sur les réseaux pendant un concert.
Alors, novateur ce collectif nantais ? Oui et non. « Localement, je ne connais pas d’autres collectifs sous cette forme », reconnaît Valentin Beauvineau. « Mais on sent clairement qu’on est à la traîne sur le sujet en France. Ce n’est pas si simple de trouver des événements culturels qui voient tout de suite l’intérêt d’une telle communication. Si HIP OPsession fait appel à nous, c’est aussi parce qu’on les connaît bien. C’est comme ça que ça marche en France. » D’autres pays sont évidemment plus avancés en la matière. « Au Québec, sur un festival, il y a des hashtag partout », appuie Eric Perrin, second CM du collectif.
Clack se donne l’année 2015 pour voir si sa démarche séduit et pour peut-être envisager une forme juridique plus solide. D’importants projets pourraient voir le jour dans les semaines à venir, mais le collectif préfère garder le silence... En attendant, les quatre membres aiguisent leurs armes en prévision des futures collaborations : la deuxième édition du Dub camp festival (10, 11, 12 juillet) et bien sûr le prochain Hellfest (19 au 21 juin). Adeline Moreau, aussi passée par le magazine Fragil, complète l’offre de Clack avec des productions vidéo. De courtes réalisations ont déjà vu le jour avec, par exemple, Under Kontrol, La Fine équipe ou encore Eagle gift.
La fin du rédacteur ?
Le duo image et immédiateté signifie-t-il pour autant la mort du rédacteur en matière de communication culturelle ? La photo a-t-elle définitivement pris le pas sur l’écrit ? « Non », réplique Adeline Moreau. « Un de nos projets est d’associer un rédacteur à notre collectif. » L’idée étant de jouer une fois de plus sur la rapidité de diffusion. « Ce serait particulièrement intéressant sur un festival de plusieurs jours où les spectateurs retrouveraient chaque matin un live report du concert de la veille », ajoute Valentin Beauvineau. Avec une offre photo-vidéo-texte et une réelle expertise en matière de stratégie digitale, Clack entend se positionner à l’avant garde des nouvelles formes de communication événementielle et pourrait bien convaincre, à force de travail, au-delà de son escarcelle locale.
Pierre-Adrien Roux
Crédits :
M / Festival Papillon de nuit / David Gallard pour Clack
De la boucle / Festival HIP OPsession / Adeline Moreau pour Clack
Battle OPsession / Festival HIP OPsession / David Gallard pour Clack
Under control / / Festival HIP OPsession / Adeline Moreau pour Clack
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