Sara Rastegar, une réalisatrice remarquée
Première projection de l’Ami lors du festival des 3 continents
On retiendra du 27ème Festival des 3 Continents une très bonne sélection de films documentaires. En compétition, se distingue le documentaire de Sara Rastegar sur un vieux berger chanteur perdu dans l’immense solitude des montagnes du centre de l’Iran. Une ballade entre la réalisatrice et un témoin, un jeu simple et sincère entre celle qui filme et celui qui est filmé.
Lentement mais sûrement, les films documentaires trouvent depuis quelques années le chemin des salles de cinéma. Ce genre reste cependant marginal mais il participe au renouveau du cinéma tant les propositions effectuées sont singulières et pertinentes. La force de tels films est d’interroger, de questionner et de porter un regard souvent subjectif sur un état du monde par une analyse des inquiétudes, l’enquête, la captation d’images ou le recueil de témoignages. Mais ce n’est pas une fin en soi. D’autres réalisateurs s’emparent d’une caméra pour raconter des histoires plus intimistes. L’apparition de petites caméras numériques, peu encombrantes et relativement peu onéreuses expliquent en partie la production de nombreux documentaires.
Cet outil pratique a été choisi dès ses études par Sara Rastegar, réalisatrice du documentaire « L’Ami ». La pratique de la vidéo dans ses études d’architectures a pris une place importante, tant et si bien que la jeune réalisatrice décide de revenir en Iran une douzaine d’année le temps d’un voyage de repérage pour un travail photographique mais accompagnée de sa petite caméra. Ses grands parents, habitant la ville d’Ispahan, connaissaient un berger à la voix d’or et qui à la nuit tombée, les villageois venaient écouter chanter en compagnie de musiciens.
Un berger chanteur
Curieuse, Sara Rastegar décide de rejoindre ce vieux berger pendant une quinzaine de jour dans les montagnes arides et désertiques des montagnes du centre de l’Iran. Le documentaire présente un fil de discussions et de questionnement inattendus avec le berger. La caméra est devenue un jeu entre les deux protagonistes, Sara la réalisatrice et le berger filmé. La caméra introduite directement dès le départ dans la relation donne une approche de la réalité. Juste et sensible, une complicité naît au long des prises de vues et de la ballade dans le désert, sur un âne, à la poursuite des moutons ou à la recherche de ronces sèches pour alimenter le feu. L’univers est particulier et dur. L’homme seul dans cette immensité et loin des villages n’en porte pas moins un regard critique et sans complaisance sur ses contemporains. Il évoque ainsi les rapports hommes/ femmes dans un pays islamique où les femmes se voilent pour ne pas susciter la tentation des hommes. Une ineptie selon le berger car cela ne suscite que frustration et idées malsaines. La représentation de l’Iman Ali est, elle aussi, questionnée quand le berger remarque que l’image ressemble presque à une femme, avec ses sourcils lissés. Cette succession de réflexions impromptues de la part d’un berger empli d’une douce malice, transparaît allégrement dans le documentaire de Sara Rastegar. Bien que souvent loin de tout village, ce berger se tient informé comme il le peut de l’état du monde. A méditer.
Habituée du Festival des 3 Continents en tant qu’interprète persane, Sara Rastegar a été sélectionné dans la très bonne section documentaire. Espérons que cette première projection publique de « l’Ami » en augure d’autres. Commence alors pour Sara Rastegar, la tâche de trouver un diffuseur.
Pascal COUFFIN
Prix du Public : une mention spéciale est faite au film de Sara Rastegar "Bâ doust" (L’ami)
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