L’Envers du Décor, Acte 2
Au Conservatoire de Nantes, la musique des coulisse
Poursuivons notre visite des lieux culturels nantais dans le labyrinthe des coulisses du Conservatoire de Nantes où des notes suspendues dans le silence des lieux attendent leur tour pour éveiller nos sens.
Karim Semlali, responsable technique sécurité du Conservatoire est prêt à nous ouvrir les portes de l’univers dans lequel il évolue depuis 2000. Son bureau est petit et confortable, et il sort un trousseau aux mille et une clés qui présage déjà de la multitude des espaces qui constituent ce lieu nantais de la formation musicale et artistique.
Outre la formation, le Conservatoire de Nantes accueille régulièrement des spectacles en partenariat avec le CREA et avec l’orchestre Nantes Philarmonie, mieux connus des Nantais sous le diminutif « Philhar ». La visite commence : on emprunte un petit escalier de métal en colimaçon, on s’accroche au bastingage, et on découvre l’antre des techniciens, grenier magique du deux ex machina qui surplombe la salle de spectacle principale. Cette dernière, la grande salle du conservatoire, fut construite en 1976 par un architecte qui obtint le Prix de Rome pour son œuvre. C’est la deuxième salle après celle de la Cité des Congrès en terme de capacité d’accueil. Mille personnes peuvent y prendre place. L’acoustique est reconnue par tous les professionnels comme excellente grâce à son plafond métallique et ses multiples coupoles incrustées, technique avant-gardiste lors de la construction.
Dans l’antre des machinistes, une console numérique qui fait la fierté de Loïc, régisseur lumière, côtoie une caméra 35 mm d’une époque pas si lointaine
Dans l’antre des machinistes, une console numérique qui fait la fierté de Loïc, régisseur lumière, côtoie une caméra 35 mm d’une époque pas si lointaine. La console Avab venue de Norvège, label de qualité, enviée par les collègues régisseurs lumière de Loïc, contient 6124 circuits. Elle est l’arme de contrôle des lumières des concerts donnés à voir sur la scène en contrebas. Les régisseurs, hommes de l’ombre tapis entre ciel et scène, sont aux manettes pour faire démarrer l’illusion musicale.
D’autres machines, vestiges d’une époque où tout était actionné manuellement, sont conservées comme des reliques, défis à l’obsolescence programmée : magnétophones à bande, platines vinyles hantent les lieux.
La matérialité est encore visible dans les coulisses, plus bas, avec les trente praticables prêts à être installés sur la scène pour délimiter les différents niveaux de l’orchestre. Ils accueilleront les instruments qui pour l’heure sont entreposés dans le parc instrumental. Deux mille six cents instruments peuvent être éveillés par des doigts experts, répartis par familles d’instruments, bois, cuivres, cordes. Dans la salle des percussions, les djembés, bongos, caisses claires, chimes, marimbes, vibraphones rivalisent avec les gongs de toute taille, en bronze ou en cuivre, suspendus à l’ un des murs et marqués d’une note qui en donne la tonalité. Les mailloches douces et feutrées, multicolores, sommeillent impatientes de faire vibrer les gongs. Le piano de 550 kilos monté sur roulettes attend pour l’heure son tour, lorsqu’un technicien le poussera sur le devant de la scène avec précision en prenant soin de ne pas driver.
La manutention et la manipulation des instruments sont délicates. Le risque est parfois grand, lors de manifestations regroupant plusieurs concerts consécutifs comme Les Folles Journées, dans des salles différentes aux mêmes heures que certains soient mal traités et abîmés. Mais Karim et son équipe de techniciens, constituée de douze permanents, sont sur le pont, anges gardiens des précieux outils qui nous feront vibrer le temps de quelques notes.
« Les machinistes ont le secret du théâtre, car ils ont le sens du métier » Louis Jouvet
Alors pour un instant seulement, lorsque les lumières éclairent comme par magie les artistes sous le feu de la rampe, avoir une pensée pour ces magiciens qui s’activent dans l’ombre et sans qui l’illusion du spectacle ne pourrait exister ne serait qu’un juste retour des choses.
Nathalie Guillotte
Crédits photos : Alice Godeau
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