
FOCUS
Le combat des femmes dans la science-fiction
Comme chaque année depuis l’an 2000, Nantes devient la capitale de la science-fiction grâce aux Utopiales. Le plus grand festival de SF s’est installé du 29 octobre au 3 novembre à la Cité, le Centre des Congrès. Le thème de cette année est l’Intelligence, qu’elle soit humaine, artificielle ou encore extra-terrestre, ce vaste sujet a été abordé sous toutes les formes : conférences, tables rondes avec des auteurs et des scientifiques, diffusions de documentaires, courts et longs métrages… Une place - trop petite - est accordée aux femmes lors de cette quinzième édition pour parler de leur présence dans la science-fiction et de l’évolution qu’elle a connue.
La Cité, le Centre des Congrès à Nantes, nous sommes le 29 octobre, il est 20h30. Alexandre Astier monte sur scène et nous fait décoller vers les étoiles avec son spectacle, l’Exoconférence. La quinzième édition des Utopiales, le plus grand festival de Science-Fiction d’Europe, est lancée. Les conférences débutent le lendemain avec le président des Utopiales, astrophysicien et écrivain, Roland Lehoucq.
Les Utopiales sont aussi le théâtre de prix littéraires, prix du meilleur album de BD de science-fiction, d’une compétition internationale de films de SF, jeux de plateau, jeux de rôle et ateliers pour les enfants. Chris Foss, illustrateur de renom pour des livres de science-fiction, était l’invité d’honneur cette année. Une exposition retraçant sa carrière lui est dédiée. Une autre exposition tient compagnie à la première, celle-ci dédiée aux « enfants de Foss », ces artistes imprégnés du travail de « leur papa » comme Benjamin Carré, dessinateur et illustrateur nantais.
Rencontre du troisième type
La science-fiction, un univers purement masculin ? Vous allez mettre les femmes, qui sont bel et bien présentes tout au long du festival, en colère. Qu’elles soient auteures ou scientifiques, elles sont là pour donner de la voix au combat féministe. C’est lors de deux conférences qu’elles se réunissent pour s’exprimer sur la place des femmes dans les œuvres de science-fiction. La première Féminisme et science-fiction : le genre est-il un nouvel espace idéologique ? où 6 auteures et un auteur prennent la parole et la seconde Wonder Women II où 9 femmes forment une table ronde pour discuter de l’évolution de leur place dans la programmation, depuis la première édition de Wonder Women, qui eut lieu aux Utopiales en 2012.
Le genre et la science-fiction
Qu’elles soient auteures ou scientifiques, elles sont là pour donner de la voix au combat féministe
Lionel Davoust, seul homme sur scène et féministe, se penche sur le titre de la conférence qu’il considère comme bloquant. L’idéologie, pour lui, est « quelque chose déviant de la norme, comme le libéralisme ou le marxisme », or le genre, qu’il interprète comme une « égalité entre les êtres humains », relève de l’évidence. Anne Larue, quant à elle, rappelle ce qu’est le féminisme de seconde vague, une opposition stricte entre les hommes et les femmes de laquelle il faut sortir avec un « féminisme de troisième vague ». Il faut en finir avec cette « logique binaire patriarcale totalement asymétrique » (l’homme blanc dominant qui ne correspond à aucun homme réel d’un côté, femmes, enfants, vieux et animaux de l’autre), et passer à autre chose où tous les genres peuvent d’épanouir.
L’avant-garde du féminisme
La science-fiction, qui a pourtant été le précurseur dans le combat féministe, reste enfermée dans un système patriarcal alors même qu’elle tire sa modernité - entre autres - de la plume de Mary Shelley, auteure féministe. Pour Jeanne-A Debats, plus que leurs écrits, ce sont les écrivains et « écrivaines » (féminisation du métier qu’elle revendique) eux-mêmes qui sont contraints par le monde dans lequel ils vivent. Si la SF prétend parler du monde, ce même monde restant sur ce système patriarcal, elle ne peut pas s’en détacher simplement.
Elisabeth Vonarburg considère qu’il y a une convergence entre la SF et les femmes, le féminisme ou le féminin, car il y a un aspect d’ouverture et de critique. Dans un système patriarcal, les femmes sont en marge et peuvent adopter une position critique vis-à-vis de ce monde, et ce regard critique est le regard de la science-fiction. Esther Rochon, prenant appui sur l’exemple de Mary Shelley, dit que dans un foyer, lorsque l’égalité entre un homme et une femme ne fait aucun doute, les enfants considèrent cela comme la norme. Il y a une filiation de cette base de liberté, lorsque les aînées la conquièrent alors les filles peuvent la revendiquer comme quelque chose de totalement naturel.
Le réel encore loin de la fiction
Le débat sur le féminisme est ramené dans le réel. Et dans science-fiction, il y a « science ». Florence Porcel, chroniqueuse radio, déplore le manque de femme dans les domaines scientifiques. Il est encore difficile de se faire une place dans les sciences lorsqu’on est une femme. Le gamersgate est évoqué et critiqué de toute part de la scène faisant aussi écho au débat lancé en 2013 par Mar_Lard, joueuse féministe, sur le sexisme chez les geeks.
À ce sujet : lire l’article « la femme aux manettes »
Il est de bon ton aussi de rappeler qu’un joueur sur deux est une joueuse. Le gamergate, qui est donc le refus par certains que les femmes prennent part au monde du jeu vidéo et qu’ils perdent ainsi leur place de dominant, n’est pas sans rappeler un phénomène quasi-identique dans la science-fiction dans les années 1980 où il y avait ce qui pourrait être appelé « la panique de l’extinction ». Cette extinction de la population dominante étant de plus en plus évidente les réactions en sont plus violentes et espérées plus rares.
La suite de la conférence fait récit d’expériences aussi différentes qu’intéressantes à propos de l’image de la femme dans les œuvres de SF. De la BD qui montre en grande majorité des filles aux formes improbables et souvent intégralement nues aux films comme Alien. Ripley est, certes, un personnage principal féminin fort, mais elle se fait insulter dès le début et la taille de sa culotte pourrait laisser penser que dans le futur, il y aura une pénurie de tissu. On n’oubliera pas de mentionner le fait que Sigourney Weaver n’apparaît qu’en second au générique. La plupart des autres œuvres présentent des femmes comme « fille de », « mère de », ou « femme de ».
La question sera réglée lorsqu’on n'aura plus à s’excuser du point de vu duquel on écrit
Les auteurs ont aussi parlé de la difficulté ou de la facilité à écrire, que ce soit en se sentant « genré » ou non et de créer des personnages de sexe opposé. Ils feraient, pour les personnes présentes à la table-ronde, de la « vérification des privilèges », c’est-à-dire qu’un homme blanc de 30-40 ans ferait partie de la population souvent privilégiée en science-fiction. S’il ne fait pas attention en écrivant, il peut vite faire d’un personnage féminin, un cliché sur pattes sans s’en rendre compte. Cette vérification est valable dans les deux cas.
Pour conclure Lionel Davoust cite Joss Whedon qui répondait à la question « Pourquoi faites-vous des personnages féminins aussi fort ? » en disant « Parce que vous continuez à me poser la question. » Citons alors sa dernière phrase en guise de conclusion : « La question sera réglée lorsqu’on n’aura plus à s’excuser du point de vue duquel on écrit. »
Interview : Florence Porcel, la femme qui veut aller sur Mars
Présente aux Utopiales 2014 pour parler du féminisme dans la science-fiction et de sa candidature au projet Mars One, elle est amatrice de sciences et de science-fiction, comédienne, chroniqueuse radio, podcasteuse. Elle se présente comme « Community Manager de l’Univers », Florence Porcel nous a accordé une interview pour en savoir encore un peu plus sur elle et son projet de partir sur la planète rouge.
Fragil : Florence Porcel est-ce que la passion de l’espace est un virus, et si oui comment ça s’attrape ?
Florence Porcel : (Rires) Je ne sais pas comment je l’ai attrapé. J’ai l’impression que je suis née avec. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fascinée par l’espace, les planètes et les étoiles. Après, ce que j’essaie, avec mon podcast, mon blog, c’est de transmettre ce virus. Et visiblement, il s’attrape facilement mais pas si facilement, c’est-à-dire que ceux qui s’intéressent à mon travail s’intéressent déjà un peu à l’espace. Je prêche des convaincus. Ils ont déjà le virus et je mets le coup de grâce si on veut. Je pense que, quel que soit le sujet, si la personne est passionnée par son sujet et arrive à transmettre cette passion, on attrape un virus. Par exemple, je ne supporte pas tout ce qui est médecine, je tourne de l’œil directement si on m’en parle. Ce n’est pas possible. On m’a invitée à l’institut Curie, on m’a fait visiter les lieux avec des médecins et chercheuses qui nous expliqué beaucoup de sujets comme le cancer du sein. Sujet difficile, mais je m’y suis intéressée par la passion et le professionnalisme des personnels médicaux.
Fragil : Podcasts, réseaux sociaux, radio, blog, télé, théâtre : autant de liens avec tes contemporains, cela ne va pas te manquer sur Mars ?
Florence Porcel : Non, parce que tout ça se fait par l’intermédiaire d’ondes, radio en l’occurrence, et de fibre optique et donc ça passe par des supports techniques que l’on aura là-bas, à part le théâtre évidemment où il y a une scène et un public, mais je n’en fais plus depuis très longtemps même si j’aimerais en refaire. Du coup, que je fasse mon podcast depuis chez moi ou depuis l’autre bout de la Terre ou depuis Mars, personne ne se rendra compte d’où il a été fait puisque ça reste le même contenu à la fin.
Fragil : Sur ton blog tu expliques que la télé-réalité sera différente de ce qu’on peut voir actuellement, et préfères le terme de série documentaire, qu’entends-tu par-là ?
Florence Porcel : J’espère que ce sera différent. Je ne dis pas ça comme ça juste parce que je n’aime pas le terme de télé-réalité, c’est à dire que Mars One s’est mis en contact avec une société de production qui s’appelle DSP. Cette firme britannique fait des documentaires scientifiques et techniques. Je ne vois donc pas l’intérêt de s’associer à une boîte de production qui fait des documentaires si c’est pour faire de la télé-réalité. C’est pour ça que je dis que ce sera plus une série documentaire que de la télé-réalité. Alors, je n’ai jamais vu Rendez-vous en terre inconnue, donc c’est délicat d’en parler mais je pense que ça se rapprochera plus de quelque chose dans ce style plutôt que Loft Story ou je ne sais quel Chti à Bollywood. C’est un peu l’idée, mais après je ne sais du tout ce qui va en ressortir, je ne suis pas dans le secret des dieux de Mars One.
Que je fasse mon podcast depuis chez moi ou depuis l'autre bout de la Terre ou depuis Mars, personne ne se rendra compte d'où il a été fait
Fragil : Ce n’était pas la société Endemol qui voulait mettre la main dessus ?
Florence Porcel : Alors, le truc c’est que DSP fait partie du groupe Endemol. Mais je me suis renseignée parce que, quand on me dit Endemol, moi aussi ça me fait peur. Je me suis informée et je me suis rendue compte qu’Endemol est une énorme pieuvre, un énorme groupe qui a des centaines de boîtes de production. Elle les achète et donc, le groupe, c’est Endemol et il y a des tentacules. Par exemple la série Black Mirror, c’est produit par une boîte de production rachetée par Endemol. Donc quand je dis à quelqu’un « Vous savez qu’Endemol fait Black Mirror ? » On me regarde avec des yeux exorbités. Nous, effectivement, en France, Endemol c’est Secret Story et autres. Ce n’est donc effectivement pas brillant, mais Endemol, ce n’est pas une boîte de production, c’est un groupe qui a racheté des sociétés, et les sociétés font des choses très différentes : des documentaires, de la fiction, oui, de la télé-réalité aussi, des jeux, des émissions en plateau, etc. De tout ce que peut proposer la télé, du pire au meilleur. Il se trouve que DSP fait plutôt partie du meilleur et que ça me rassure.
Fragil : Et le fait d’être filmée tout le temps ne te gêne pas ?
Florence Porcel : Ça sera assez spécial, c’est vrai. A partir du moment où on est sélectionné on sait ce qu’il va advenir, tout le monde est au courant et il n’y a pas de problème. Ça va être étrange, mais après, tout dépend de ce qu’ils filment. S’ils filment les cours, les simulations de mission et d’autres choses intéressantes à suivre, pourquoi pas. Après qu’ils nous filment dans les douches, ça n’a aucun intérêt.
Fragil : Il n’y a que 4 places pour Mars One pour le premier voyage, combien de personnes sont encore en lice avec toi ?
Florence Porcel : Nous sommes encore 705 personnes en lice autour du monde et ils en prennent 40 pour les former. Ils seront embauchés, et ce sera des équipes de 4. Ils veulent former 6 équipes de 4, ce qui fait 24. Ils en prennent 40 si jamais il y a des désistements, des blessés, des malades, comme ça, ça fait une petite marge.
Fragil : Tu penses déjà au choix de tes compagnons de voyage, à la promiscuité ? Tu en as déjà rencontré ?
Florence Porcel : Non, je n’en ai pas rencontré. Je suis en contact avec certains par Facebook, par mail, ce genre de choses. Il y a des groupes sur Facebook, on connaît tous vaguement nos noms, c’est drôle. Je n’en ai pas encore rencontré en vrai. J’aimerais bien être avec des gens complètement différents, c’est à dire que j’aimerais bien être avec un Africain, une Asiatique et un Américain par exemple. C’est ce qui est prévu : 2 hommes, 2 femmes, 4 nationalités différentes pour que l’on ait des tas de choses à s’apprendre. Plus on sera différent, moins on s’ennuiera, car on aura tous des choses à s’apporter. Des différentes cultures, des différents points de vue et j’adorerais.
Plus on sera différent, moins on s'ennuiera, car on aura tous des choses à s'apporter
Fragil : Le départ est prévu pour 2024, comment ce projet va-t-il influencer les années qui viennent ? Vas-tu recevoir par exemple une formation scientifique particulière ?
Florence Porcel : Si je fais partie des 40 sélectionnés, ce qui est loin d’être le cas encore, oui. A partir du moment où on est sélectionné on est embauché par Mars One, donc employé et notre job sera d’être formé par une agence spatiale, comme n’importe quel astronaute. Ce sera une formation d’au moins 10 ans, c’est comme quand on décide de quitter une entreprise pour une autre, c’est un job. Donc, oui, si je fais partie des sélectionnés, ce sera ma vie. Mais pour le moment, je ne me prends pas le chou, j’attends de voir ce qu’il se passe. Je ne fais pas de plans sur la comète.
Fragil : As-tu des craintes spécifiques sur le plan technique, la fusée Antarès qui a explosé après son décollage le 28 octobre ?
Florence Porcel : L’espace est un domaine épouvantablement dangereux parce que c’est un environnement extrêmement hostile, et on le sait. Les astronautes qui passent 6 mois dans la station voient leurs muscles s’atrophier, leurs os s’affaiblissent, le cœur aussi. On n’est pas fait pour l’espace, malheureusement. On n’est pas fait pour, et c’est vraiment horriblement dommage parce qu’être en apesanteur, c’est juste la sensation la plus fabuleuse du monde et de tout l’univers. Du point de vue technique, on a des tas de problèmes à régler, justement en physiologie et en médecine, les rayons cosmiques par exemple qui peuvent nous tuer, c’est dommage, plus ou moins rapidement, mais de toute façon dans d’atroces souffrances, donc ça m’intéresse moyennement. Le vaisseau n’existe pas, c’est embêtant aussi. Il y a des tas de détails à régler, des milliards de détails à régler pour que cette mission voie le jour et je pense qu’en 10 ans, ça ne sera pas possible.
C'est bien que de gens se posent la question avant d'envoyer des hommes et des femmes sur Mar
Fragil : Que penses-tu de l’étude du MIT et des 68 jours maximum pour la mission ?
Florence Porcel : Justement, parmi les problèmes à régler, ça en fait partie et je trouve ça sain. C’est bien que de gens se posent la question avant d’envoyer des hommes et des femmes sur Mars. C’est mieux de régler les problèmes avant plutôt que de les découvrir une fois sur place. C’est risqué l’espace, Mars est un environnement hostile donc c’est une mission très aléatoire. Après chacun voit le risque qu’il a envie de prendre.
Fragil : Y a-t-il des choses à faire quand on est dans l’espace ? Et sur Mars ?
Florence Porcel : Qu’est-ce qu’on fait ici, sur Terre ? Qu’est-ce qu’on fait de nos journées ? On fera pareil sur Mars. On se lèvera, on mangera, on travaillera, on fera le ménage parce qu’il y aura de la poussière martienne partout et qu’il faut la nettoyer et qu’il faut entretenir son habitat, comme on entretient son appartement ou sa voiture, on se divertira, on fera du sexe parce que ça fait partie de la vie, on sortira explorer, on fera des expériences scientifiques, on cultivera nos céréales, nos fruits, nos légumes... Voilà, comme on a des besoins qui ne changeront pas, c’est-à-dire respirer, se nourrir et se nourrir de divertissements, ce sera la même chose, juste dans un environnement qui n’est pas fait pour nous. Ça impliquera d’autres contraintes, mais ce sera la même chose, se lever le matin, se coucher le soir et entre temps faire des choses pour être heureux et rester en vie.
Fragil : Tu as parlé de médecine plus tôt, comment seront gérées les bactéries sur place ?
Florence Porcel : On sait grâce à l’ISS que les bactéries sont plus virulentes en apesanteur que sur Terre. Le principe c’est que les marsonautes arrivent avec le moins de bactéries possible. Mais s’il y avait des bactéries sur Mars, ça se saurait. Le pire qui puisse nous arriver c’est que nos bactéries soient plus virulentes une fois sur place, mais sinon il n’y a aucun risque d’infection de bactéries martienne puisque pour l’instant, on n’a trouvé aucune forme de vie. On ne peut se transmettre que nos propres miasmes donc on les connaît.
Fragil : Pour se raccorder au thème des Utopiales, l’Intelligence, Elon Musk [ndlr : fondateur de SpaceX et Tesla Motors] a dit récemment qu’il fallait se méfier de ce que pourrait devenir les IA, HAL 9000 ne serait rien et facilement contrôlable comparé aux IA d’aujourd’hui. Aimerais-tu être escortée dans ta mission par une IA ?
Florence Porcel : Moi ça me fait peur les intelligences artificielles. Le problème qu’on a dans cette société est de réfléchir à l’éthique avant de faire. Il n’y a personne pour penser à l’éthique ou très peu et quand il y a des gens qui réfléchissent à ce qu’on fait, ils ne sont pas écoutés, pas entendus, pas relayés par les médias. C’est un peu le problème de l’intelligence artificielle, on se dit « on peut le faire, on peut aller plus loin, on peut faire de meilleurs algorithmes ! » Puis il y aura un moment où ça va se retourner contre nous parce qu’on est allé trop loin et que ce sera trop tard. Il y a Elon Musk, Stephen Hawking, mais qui sont loin d’être des philosophes ou ce genre de chose, mais on manque de gens qui réfléchissent et qui mettent en alerte, ainsi que des comités d’éthique dont on manque dans notre société, je pense. Être accompagnée par une IA est un trop gros risque à prendre, car on sera dépendant de systèmes de survie, donc de techniques qui nous permettront de recycler l’air, l’eau, et si l’intelligence artificielle décide de tout couper, on n’a aucun moyen de la contrer. Ça me parait être un risque.
Fragil : Après la conférence sur le féminisme et la science-fiction, quel est ton point de vue ?
Florence Porcel : (Soupir) On n’est pas rendu. C’est encore compliqué et il y a différentes sources de science-fiction, les, films, les livres, les BD, les jeux vidéo, ça dépend des supports. En BD par exemple, je ne vois que des nanas avec des seins qui pèsent 10kg chacun et une taille qui fait celle de mon poignet, je trouve ça monstrueux, car un être humain ce n’est pas comme ça et c’est encore mettre en valeur la sexualité des femmes qui sont encore réduites à ça et c’est pénible. Enfin, moi ça me gonfle. Je n’arrive pas, en tant que lectrice, à m’identifier. Mes amis masculins aimeraient bien avoir de vrais personnages féminins forts à peu près proportionnés normalement et pas toujours à moitié nus, voire complètement nus. Là c’est plutôt dans la BD, mais je n’ai pas lu non plus toutes les BD, si ça se trouve j’en connais pas qui sont formidablement bien et je m’excuse par avance auprès de ces auteurs-là. Au cinéma, c’est compliqué, il y a quelques exemples avec des personnages féminins forts, mais ils sont hélas peu nombreux. Je pense à Star Wars avec la princesse Leia qui est très bien, le Cinquième Elément, Leeloo qui est parfaite, dans tous les sens du terme d’ailleurs, c’est un vrai personnage féminin fort de science-fiction, il y a Contact qui est très bien aussi ou Hunger Games plus récemment, j’ai trouvé ça top. Il y a des choses, mais c’est rare. Quant aux livres, c’est souvent des hommes, c’est tellement rare qu’il y ait des personnages principaux féminins ou des personnages intéressants qui sont féminins et qui soient exemptés de tous les gros clichés qui leur collent à la peau, c’est compliqué encore. On n’y est pas... C’est d’autant plus dommage dans la SF que c’est censé se passer en général dans le futur où normalement, il y a eu une évolution et des progrès ! Mais les progrès, au niveau des droits humains, non, on en n’est pas encore là même dans les futurs de la SF donc ça limite un peu. .
Fragil : Si je résume : comédienne, journaliste, future spationaute et martienne d’adoption, y a-t-il encore d’autres facettes à explorer de Florence Porcel ?
Florence Porcel : Bonne question ! Je n’en sais rien, on verra bien (rires). Comédienne, je n’ai pas fait grand-chose depuis un moment, je m’y emploie, mais c’est intermittent. Spationaute, je n’y suis pas encore, de même que pour marsienne d’adoption. Je fais de mon mieux, c’est promis !
Vous pouvez retrouver la rencontre qui lui était consacrée en vidéo :
Paul Vassé
Photos : Alice Grégoire, Florence Porcel
Photos CC : David Shankbone, Alberto Racatumba, Avi Solomon
Vidéos : ActusfSite, Laurence Honnorat, MarsOneProject]
Bloc-Notes
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