RENCONTRE
Vide Cocagne : un modèle d’édition alter
Chez Vide Cocagne, on édite, on publie, on dessine. Cette maison d’édition nantaise et alternative s’engage en bulles et en traits à soutenir une dizaine d’éditions BD ou livre par an. Avec passion pour le fanzinat, les militances et la rencontre humaine. Interview de Thierry Brochard, membre du collectif.
Fragil : D’où vient Vide Cocagne ?
Thierry Brochard : Nous sommes tous des autodidactes dans la BD. D’où l’utilité du fanzinat, pour apprendre. Nous existons depuis une dizaine d’années ; pendant longtemps, ça a été du fanzinat, puis du fanzinat « amélioré », et depuis 2011 nous sommes vraiment une petite maison d’édition associative. Ponctuellement, nous continuons à réaliser des fanzines.
Fragil : Vous considérez-vous comme une maison d’édition alternative ?
Thierry Brochard : Oui on peut dire cela, c’est de la BD indépendante ; en même temps, nous publions aussi des BD à l’univers graphique ou narratif fort, et non pas des BD trop abstraites ou expérimentales. Nous ne sommes pas dans l’expérimentation à tout prix, nous fonctionnons aussi au coup de cœur, nous aimons les choses innovantes.
Fragil : Et chaque année, vous êtes présent au festival BD engagée près de Cholet...
Thierry Brochard : Oui, cette année on s’y est rendu avec un livre fort Les désobéisseurs du service public, livre BD qui rentrait très bien dans la logique de ce festival et il y avait même une rencontre autour de cette thématique là pour le festival. Pour ce livre, c’est un collectif d’enseignants qui est venu nous voir, nous parler de leur cause et nous demander s’il y avait possibilité de réaliser une BD pour parler de cela. Ce fut une vraie rencontre ; nous, on avait notre réseau de dessinateurs et eux de désobéisseurs. Nous avons donc créé cette BD collectivement. Notre association est présente dans des festivals, mais on a aussi un gros volet animation, ateliers en milieu scolaire, en centre de loisirs ou en médiathèques, c’est selon. Nous avons diverses formules d’ateliers, que ce soit des ateliers pour primaires ou pour collégiens suivant les âges ; études sur la narration, création de fanzines pour les adultes par exemple, c’est suivant la demande.
Nous ne sommes pas dans l'expérimentation à tout prix, nous fonctionnons aussi au coup de cœur, nous aimons les choses innovantes
Fragil : Vous avez reçu des prix pour vos BD ?
Thierry Brochard : Non, juste quelques sélections pour certains prix BD, notamment à Angoulême ou à Blois. Nous ne cherchons pas non plus les récompenses à tout prix.
Fragil : Vous faites de l’édition. Y a-t-il des albums qui ont fait de gros chiffres de ventes ?
Thierry Brochard : Oui principalement Les désobéisseurs. On croyait à cet album, et c’est notre BD qui a le mieux marché, avec un tirage de 3000 exemplaires. Et si cette BD a aussi bien marché, c’est aussi parce qu’elle avait un discours militant fort, on s’est aussi appuyé sur leur réseau.
Fragil : Être alternatif, c’est être une petite structure ?
Thierry Brochard : Nous sommes une structure plutôt petite et nous n’avons pas l’ambition et les moyens des grosses maisons d’édition. Nous avons quand même plein de projets, nous rencontrons plein d’auteurs et on veut sortir une dizaine de livres BD chaque année ; on cherche aussi à rester des militants avec des projets militants comme Les désobéisseurs.
Nous sommes une structure plutôt petite et nous n'avons pas l'ambition et les moyens des grosses maisons d'édition
Fragil : Comment finance-t-on ce genre de projet ?
Thierry Brochard : Nous avons ponctuellement fait appel au crowdfunding pour certains projets : l’édition d’Oklahoma Boy, le lancement de la collection Alimentation Générale. Cela ne se justifierait pas pour toutes nos sorties, mais ces deux financements nous ont été très utiles. Nous avons quelques subventions mais ce n’est pas énorme, c’est le fait de Nantes Métropole principalement. Aussi, quelques subventions ponctuelles de la région ou de la ville de Nantes suivant des opérations d’édition. Et chaque année, notamment pour la subvention Nantes Métropole, nous établissons un rapport sur nos activités d’édition, les livres publiés, distribués ou nos activités dans l’année.
Fragil : Vous êtes basé sur Nantes ? Vous parlez de cette ville pour vos BD ?
Thierry Brochard : Cette ville nous intéresse, oui ; mais hormis quelques fanzines ou notre journal Grand Steak , où l’on a pu parler de cette ville et de son atmosphère, ce n’est pas le sujet de nos publications.
Propos recueillis par Dominique Vergnes
Crédits photos : Vide Cocagne
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