RENCONTRE
Indigènes et défricheur
Retour sur le festival Indigènes à Stereolux.Un marathon sonore pour l’auditeur qui navigue de salle micro en salle maxi entre les vagues de musique indé. Vaste programme qui regroupe, malgré ses grands écarts et les définitions variables de ce genre qui ne se définit que par son absence d’institutionnalisation, un public et des musiciens partageant « une vision défricheuse et passionnée de la musique  ».
C’est lors de ce type de festivals que l’on ne peut s’empêcher de se glisser dans la peau d’un programmateur, de celui qui, à l’heure du World Wide Web, aura joué l’éclaireur sur Soundcloud ou BandCamp et qui brûlera de faire partager ses trouvailles au public. Que l’artiste soit issu du terreau local ou des antipodes, c’est l’heure pour lui de défendre ses créations sur scène et de se frotter à l’auditeur qui suit avec enthousiasme le sentier tracé pour lui à travers ces terres inconnues.
Rendez-vous en terre inconnue
Le premier jour du festival ne réunit pas les foules à Stereolux, ce qui laissera de la place sur la piste de danse installée par le surprenant Har Mar Superstarr, alias Sean Tillmann. Ou comment imaginer un jeune Danny DeVito à la voix impressionnante dansant torse nu sur de la soul digne de la Motown.
Mais la première surprise de la soirée vient du Portugal. Paus balaie dès le début de son set les a priori qui pourraient émerger dans nos esprits prompts à la catégorisation. Les Portugais de Paus, un groupe tout de noir vêtu qui nous proposerait du fado subversif pas encore signé sur une major ? On en est loin. Paus (qui signifie « bâtons » en Portugais), fait éclater la disposition classique du quatuor sur scène en proposant un plan ramassé dans lequel deux batteries se font face de profil à la fosse. D’un côté, le genre hipster, arborant bronzage et tatouages ; de l’autre, le genre costaud, les cheveux rasés et la barbe longue. Les deux frappent aussi fort, le jeu de l’un s’intercalant dans les parties du second. A l’arrière, deux claviers manipulés par un bassiste à la longue tignasse noire et un guitariste.
Des bâtons et deux batteries
La formule musicale ? Des morceaux instrumentaux à la lisière entre métal mélodique hautement rythmé et punk psyché hypnotique, laissant parfois filtrer cris, râles et harmonies vocales à l'unisson
La formule musicale ? Des morceaux instrumentaux à la lisière entre metal mélodique hautement rythmé et punk psyché hypnotique, laissant parfois filtrer cris, râles et harmonies vocales à l’unisson. Les parties de guitare lyrique lorgnant vers le progressif, ainsi que les deux batteries évoquent l’univers somptueusement inextricable de And you will know us by the trail of dead, tandis que l’énergie bruitiste que le groupe dégage rappelle de l’indus revitalisé par des percussions latines.
Le batteur-chanteur maîtrise les quelques mots de français qu’il faut, mais excuse presque le groupe d’être Portugais tout en concluant sur cette phrase qui collerait parfaitement à l’ethnie Indigènes : « Music is universal ». Dont acte.
Vundabar, c’est merveilleux !
Le coup de cœur de la soirée pour nombre d’indigènes nantais, ce sera Vundabar. Originaires de Boston, les (très) jeunes membres de ce duo, transformé en trio pour la scène, se mettront la salle micro dans la poche en quelques minutes grâce à leur rock un peu sale et mélodique à souhait, dont on peut siffloter les airs en allant chercher une bière au bar.
Originaires de Boston, les (très) jeunes membres de ce duo, transformé en trio pour la scène, se mettront la salle micro dans la poche en quelques minutes grâce à leur rock un peu sale et mélodique à souhait
Non seulement les gars font danser le public, et ce malgré l’heure tardive, mais ils incarnent littéralement le cool sur scène malgré cette dégaine d’adolescents. Brandon Hagen, au chant, semble flotter dans sa chemise à motifs eighties. Sans doute un peu gêné par l’accueil triomphal du public, il théâtralise ses remerciements en s’inclinant devant nous dans de grands sourires crânes plus attachants qu’arrogants. Il pose son timbre élevé, étonnant de maturité, sur un rock garage énergique, tantôt urgent tantôt nonchalant, hérité du meilleur des nineties, de Nirvana aux Pixies.
Les trois gamins frappent dur, appuient sur les pédales de distorsion, avant que Brandon n’échange sa place avec le batteur, son comparse Drew McDonald, en lui faisant la révérence au milieu de la scène. Ne pas se fier à l’humour un brin potache : l’énergie juvénile délivrée par Antics, leur premier album auto-produit, est hautement contagieuse...et pourrait bien les amener à trouver un label. C’est tout le bonheur qu’on leur souhaite.
Sandrine Lesage
Crédit photo : Etienne Houtin - Stereolux
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