Dix ans après sa création pour la réouverture du théâtre, après les travaux qui ont suivi l’incendie de 1996, la Fenice de Venise a repris cette saison la perturbante vision de Robert Carsen, d’une « Traviata  » très actuelle. Le chef-d’œuvre de Verdi avait vu le jour dans cette salle mythique, en 1853. En sortant de la représentation, le regard se perd avec émotion dans la troublante lagune vénitienne, où les premiers spectateurs de cet opéra contemplaient les reflets d’autres nuits. Ces eaux dormantes voient-elles passer aujourd’hui une société moins cruelle que celle de cette « dame aux camélias  » ?