
Homosexualité
« Un combat pour tous  » met en lumière la mise à l’écart
Le webdoc nantais « Un combat pour tous  » montre comment homosexuels et défenseurs de l’égalité ont pu vivre la période du Mariage pour tous.
« Avec le Mariage pour tous, les réac’ ont fait leur coming out… » Guillaume Lecaplain, journaliste nantais, a le sens de la formule. Il est l’auteur d’un webdoc intitulé Un combat pour tous, mis en ligne lundi 24 février, qui revient sur le Mariage pour tous à travers onze interviews. Jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, homos et hétéros apportent leur parole, entre souvenirs personnels et analyses des événements.
« Je suis parti de deux constats » indique le réalisateur. « Tout d’abord : nous avons vécu un moment très particulier avec le Mariage pour tous. Une période très bizarre d’hystérie collective avec des manifestations partout, tout le temps… Mon second constat est cette impression désagréable que, un an après, on a plus entendu les catholiques traditionalistes que les homosexuels eux-mêmes. Les homophobes ont réussi à occuper le terrain médiatique. On pensait avoir le Mariage pour tous, on a eu la Manif pour tous. »
On pensait avoir le Mariage pour tous, on a eu la Manif pour tous
Dans ce film, de fait militant, Guillaume Lecaplain a cherché à montrer comment homosexuels et défenseurs de l’égalité ont pu vivre ces quelques mois s’étalant grosso modo d’août 2012 à avril 2013. « J’avais cet objectif un peu pédagogique de dire aux gens : regardez ce que tout cela a pu représenter pour les homos. C’était l’homophobie tous les jours à 20h. Elle était libérée, omniprésente, banalisée. On a tendu le micro à l’homophobie et on l’a ainsi légitimée. » « On a senti que les journalistes se positionnaient comme arbitres », peut-on entendre dans le film. Guillaume Lecaplain abonde : « les médias ont cherché à donner le même temps de parole aux homophobes qu’aux autres. Cinq minutes à la Manif pour tous contre cinq minutes pour les homos ! Est-ce que c’est vraiment ça le journalisme ? »
les réac’ ont fait leur coming out
Tout au long des quarante minutes du webdoc, on sent une émotion, une colère souvent sourde et une amertume face à des événements qui vont laisser des traces. Guillaume Lecaplain met toutefois à jour un aspect plus « positif » lorsqu’il affirme que « les réac’ ont fait leur coming out ». « Aujourd’hui, j’ai le sentiment que les homos prêchent un peu moins dans le désert. Les masques sont tombés. Et ceux qui en doutaient encore constatent que, oui, l’homophobie est une réalité de notre société. Qu’elle fait même partie d’un modèle de société défendu par des mouvements très structurés. »
Colère et amertume aussi vis-à-vis de la gauche au pouvoir. « L’épisode de la liberté de conscience des maires a été une gifle inattendue », poursuit le journaliste. « C’était blessant, les homos se sont sentis lâchés. On assiste à la même chose avec le recul sur la PMA. Pour caricaturer, les homosexuels se sont retrouvés avec une droite qui les insultait, une gauche qui les lâchait, et des amis qui leur disaient que le mariage, ce n’était plus important, que c’était quelque chose de fini. »
Un combat pour tous est finalement un film sur la mise à l’écart
Un combat pour tous est finalement un film sur la mise à l’écart. Sur le rejet qu’a pu ressentir toute une partie de la population française qui s‘apprêtait pourtant à célébrer une égalité de droits. Intelligemment, le documentaire s’achemine vers des questions plus globales sur le genre et ouvre de nombreuses perspectives de débats.
Pierre-Adrien Roux
Crédits photo : Vincent Jarousseau (CC) et Stéphane Pajot
Site web : www.uncombatpourtous.com
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