
FESTIVAL
Hip Opsession : breakdance sous taurine
Review du Red Bull BC One Nantes Cypher
Le 7 février au Lieu Unique avait lieu le Red Bull BC One Nantes Cypher dans le cadre du festival Hip Opsession. Review d’un événement artistique, sportif et fraternel.
Noces d’étain. Dix ans que le festival Hip Opsession s’acoquine avec le bitume nantais. Et comme toujours, Pick Up Production, organisateur de l’événement, met à l’honneur la pratique du breakdance.
L’année dernière, Red Bull était déjà partenaire du festival. L’occasion de recevoir cette année l’une des qualifications nationales au Lieu Unique du Red Bull BC One : la Nantes Cypher. Un événement international qui a lieu depuis 2004, et une arène aujourd’hui culte pour de nombreux breakers.
« Red Bull donne des ailes. » Et effectivement, quand il s’agit de financer un événement sportif, la marque de boisson énergisante n’y va pas de main morte. L’entreprise consacre une très grande part de son chiffre d’affaires au marketing. Une couverture mondiale : du surf au saut en parachute de Félix Baumgartner, la marque est devenue un sponsor omniprésent dans le milieu sportif.
Hip-hop friendly
Dans la salle du Lieu Unique où a lieu l’événement, une horde de taureaux rouges. Frigos, affiches, cannettes : la boisson américaine marque son territoire. Cinq minutes pour poser le logo sur le centre de la piste, un jury assis sur de majestueux fauteuils rouge et or. L’un d’eux, Wing - célèbre bboy japonais - porte même une parka aux couleurs de la marque.
Mais ce sentiment d’un marketing outrancier s’estompe en un clin d’œil. Avant le show, les bboys dansent dans toute la salle, à même un public transgénérationnel. Ici, pas de smartphone au bout des bras, mais l’œil attentif et le sourire aux lèvres. Même les jurys (Mounir, Bootuz et Wing) s’adonnent à une démo sur la piste. Momoze, speaker au micro d’argent, chauffe la salle. Place au break.
Ici, pas de smartphone au bout des bras, mais l’œil attentif et le sourire aux lèvres
Six-steps, scissors, headspin, freeze : les figures s’enchainent, au rythme des platines de Dj Marrrtin. Le sol est dur, et donc relativement handicapant. On crache dans ses mains pour éviter de glisser. Les corps virevoltent dans tous les sens, comme en apesanteur. Les mouvements paraissent comme accélérés, vides de toute contrainte physique. Les muscles se crispent, se détendent. De gentilles provocations en checks amicaux, un constat : malgré une féroce compétition, le respect est bel et bien là.
Courte entracte. Le rappeur Vicelow en profite pour entonner le classique Angela : « Angela mwen ké fend’tchou aw, pendan papaw pa la... » Une certaine fraternité semble s’installer. Une ambiance semblable au remix d’un morceau de l’ancien du Saian Supa Crew : Hip-hop Ninja. Un hip-hop survitaminé, définitivement friendly.
Les battles se suivent la tension monte, pas à pas. À l’approche de la finale, la musique s’amplifie. On sent la sueur des participants, mêlée à l’effervescence du public.
Combattre par la danse
Quarts de finale, demi-finales... Dernier round. « C’est la guerre ! » s’exclame le speaker. Puis, le jury fait son choix. Après un match serré, Abdel 59, barbe de trois jours et snapback noire, finit vainqueur face au bboy Tonio.
Certains disent que le hip-hop n'est qu'un art. Pour moi c'est un sport aussi
Sitôt le trophée entre les mains, le danseur du Nord se pose face à la caméra de Fragil. Trajet en train le matin, encouragement de ses camarades et élèves breakers l’après-midi et performance le soir.
Sa seule envie ? « Aller dormir. » Et pourtant, le bboy prend encore le temps pour parler de son ressenti, de sa passion. « Certains disent que le hip-hop n’est qu’un art. Pour moi c’est un sport aussi. (...) Faut s’entraîner tous les jours, travailler le cardio, etc. »
Les vêtements ? « Moi j’men fous, faut que je sois à l’aise. (...) J’vais pas mettre un jean pour que ça fasse beau et que ça m’handicape pendant les passages. »
La provocation ? « Ouais ben ça fait partie du battle. (...) J’essaye de rentrer dedans, mais sans toucher ni insulter, rien du tout. Rester peace et à la fin on se sert la main comme s’il ne s’était rien passé. Mais sur le moment, c’est le battle, la bataille. » Combattre par la danse : un réel état d’esprit.
Julien Marsault
Crédit photo : Hugo Philippon
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