Netto : un père, son fils, deux êtres à Berlin
Un film dans la vague de l’ostalgie
Netto est un exercice, un film de fin d’études, tourné en deux semaines avec 3000 euros de budget. C’est surtout un film touchant et drôle, qui raconte l’histoire d’un père un peu paumé qui va être pris en charge par son fils de 15 ans. En l’absence du réalisateur, Robert Thalheim, Stefanie Koetz, actrice, et Stefan Kobe, monteur, sont venus présenter Netto au public nantais et raconter les conditions de tournage un peu particulières de ce film.
Robert Thalheim était en dernière année de formation à l’Académie du Film et de la Télévision de Potsdam lorsqu’il a tourné Netto. L’idée du film est née du souhait de l’acteur principal, Milan Peschel, de jouer un personnage de perdant, de « looser », tel qu’on peut le retrouver dans la figure du père dans Netto. Les acteurs du film viennent d’horizons divers. Milan Peschel, qui joue le père, est un comédien de théâtre très connu à Berlin, Stefan Butz, le fils, n’avait pas beaucoup d’expérience au moment du tournage, tandis que Stefanie Koetz, qui joue Nora, avait déjà tourné pour la télévision.
Un film basé sur l’improvisation
Mais la particularité essentielle du film, souligne Stefanie Koetz, c’est un petit budget et surtout un scénario fait de fils conducteurs, sans que les scènes ni les dialogues ne soient définitivement fixés. La prise d’images a été faite à l’aide d’une petite caméra numérique, que Stefan Kobe qualifie de « caméra documentaire », car elle suit le jeu que les acteurs développent plus qu’elle ne les dirige.
Le tournage a donc laissé beaucoup de place à l’improvisation, ce qui a conduit les acteurs à mettre une bonne part d’eux-mêmes dans le film, que ce soit en terme d’accessoires : Stefanie Koetz y a apporté son chien, ses propres vêtements..., ou en terme de contenu : Stefan Butz y a introduit ses goûts (Star Wars, les Warhammer), ce qui donne des scènes savoureuses entre le père et le fils, et lors des tête à tête avec Nora, son premier amour. De cette improvisation, basée sur des éléments personnels, naît l’humour subtil du film qui sonne « vrai ». La caméra, très mobile, suit les personnages et nous montre Berlin d’une façon originale, glissant dans la nuit avec le père lorsqu’il se déplace dans la ville à vélo.
Un succès inattendu
Le film raconte l’histoire d’un père qui n’a pas réussi à s’adapter aux changements liés à la chute du mur, alors que sa femme a refait sa vie avec un Allemand de l’ouest et que son fils, enfant de la nouvelle génération, se montre parfaitement à l’aise avec les nouvelles conditions de vie. Ce sujet, que l’on pourrait qualifier d’histoire allemande, a rencontré la sensibilité du public de Berlin qui lui a réservé un accueil très enthousiaste, raconte Stefan Kobe, alors que le public du festival Max Ophuls de Sarrebruck, moins directement concerné, s’est montré un peu plus réservé.
Quand on leur demande les raisons du succès pour le moins inattendu du film, Stefanie Koetz et Stefan Kobe évoquent l’humour du film et sa thématique, à la fois caractéristique de l’Allemagne de l’est mais également universelle, ne voulant pas enfermer Netto dans la catégorie de film « typiquement allemand ». Cette histoire, sur fond de chute du mur de Berlin, possède effectivement des accents universels dans la description de la relation entre le père et son fils. Le film tire également sa force du fait qu’il ne juge pas ses personnages mais se contente de les décrire
Emilie Le Moal
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