
Produire au Sud : l’émergence d’un autre cinéma
À l’occasion du Festival des 3 Continents, six équipes de six pays différents ont participé aux ateliers de Produire Au Sud. Dans chaque équipe : un producteur et un réalisateur qui viennent avec un projet de film. L’initiative, qui date de l’année 2000, a pour vocation de favoriser l’émergence du cinéma provenant de pays où les structures habituelles ne suffisent pas. Rencontre avec Claire Lajournard, productrice et membre de l’association Produire au Sud. Fondatrice de sa société Acrobates Films, elle est l’une des expertes qui encadrent les ateliers pendant dix jours.
Fragil : Qu’est ce-que Produire au Sud ?
Claire Lajournard : C’est une association de professionnels du cinéma français et international. Nous sommes producteurs, scénaristes, distributeurs, etc. Tous les ans, on se réunit à l’occasion du Festival des 3 Continents pour les ateliers. Produire au Sud s’exporte aussi dans d’autres pays comme l’Afrique du Sud au festival de Durban ou l’Allemagne avec celui de Berlin.
comme le cinéma est en constante évolution, nous avons décidé de nous intéresser aux cinémas émergents
Fragil : Quelle est la visée du projet ?
C-L : Le but premier de Produire au Sud est de donner les moyens à de jeunes réalisateurs et producteurs les outils pour qu’ils puissent défendre leur film et trouver les financements nécessaires à la création finale de celui-ci. Il s’agit de les former à la coproduction internationale. Et puis, comme le cinéma est en constante évolution, nous avons décidé de nous intéresser aux cinémas émergents, qui viennent de pays auquel on ne pense pas naturellement.
Fragil : Qu’apportez-vous à ces réalisateurs et producteurs ?
C-L : L’idée, c’est à la fois de mettre à profit des compétences, des connaissances et puis de créer des réseaux, et d’y intégrer de futurs professionnels du cinéma. Nous voulons renforcer l’émergence de producteurs indépendants et trouver des nouveaux talents de la réalisation.
Fragil : Comment sont sélectionnés les binômes ?
C-L : Ils doivent obligatoirement être deux, un réalisateur et un producteur qui a déjà une expérience concrète dans ce domaine. Un appel à projet est lancé et un comité de sélection choisit ceux qui seront présentés aux ateliers. Cette année nous avons reçu 130 projets et seulement six sont aux 3 Continents, c’est donc une vraie sélection qualitative.
Fragil : Produire au Sud aux 3 Continents ça donne quoi exactement ?
C-L : Nous voulons aider ces binômes dans l’ensemble de la production cinématographique, du scénario à la distribution. Ils doivent venir avec un scénario en main pour participer aux ateliers. Ensuite, nous organisons des séances collectives sur la production, la recherche de fonds et la vente internationale, en somme connaître le fonctionnement du marché du cinéma. Les séances individuelles sont pour eux l’occasion de développer leur scénario. Les ateliers durent sept jours au terme desquels un pitch est organisé pendant lequel chaque binôme présente son projet devant un public, ça fait partie de l’apprentissage.
Fragil : Ces projets verront-ils le jour ?
C-L : Certains oui, pas forcément tous, l’important est qu’en passant par ici, ils sont labellisés et trouvent une visibilité nouvelle. Les binômes repartent tous avec des compétences en production qu’ils n’auraient pas pu trouver autrement, en Europe, on apprend la production quand on apprend le cinéma, dans les pays du « Sud », ça n’existe pas. Notre démarche est aussi militante dans ce sens, nous voulons que ce cinéma que l’on ne voit pas puisse se développer indépendamment de nous et qu’une fois les clefs en main, les participants puissent se créer eux-même leurs réseaux.
Fragil : En allant chercher des investisseurs en Europe, ces jeunes réalisateurs et producteurs ne risquent t-ils pas de modifier leur projet pour qu’ils correspondent aux standards de ce qui se vend habituellement ici ?
C-L : Pas forcément, nous leur apprenons à défendre leur film, le faire vivre. L’idée finale est aussi que la norme des réseaux de production Nord-Sud évolue, et que l’on voit apparaître des coproductions des pays du sud, qu’ils puissent être indépendants.
Armel Baudet
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