MUSIQUE
Elodie Rama : « mes chansons sont bleues, sombres, solaires…  »
Petit événement dans le microcosme musical nantais : Elodie Rama vient de sortir son premier album solo, Strange Island. Celle qui a collaboré avec la clique d’Hocus Pocus et C2C offre huit titres au carrefour de la soul, du jazz, de la chanson française et la world… Ou plutôt huit tableaux conçus à l’aide d’un parcours dans les arts visuels.
« Je ne lis pas la musique. Je ne joue pas de guitare. » Deux petites phrases anodines glissées en milieu d’interview avec une pointe de gêne. Non pas que cela ait une grande importance. A l’écoute de Strange island, on se moque pas mal de savoir si Elodie Rama a suivi des cours de solfège tant le résultat est brillant et envoûtant. De cette soi-disant lacune, la chanteuse fait la force motrice sur son EP. Ses chansons sont avant tout des images, plus que des constructions rythmiques et mélodiques. Et pour cause…
Le background d’Elodie Rama ne s’est pas forgé dans la musique, mais dans les arts visuels. Aujourd’hui styliste de métier, elle est partie d’un BTS en design textile et design de mode, suivis d’un diplôme supérieur d’arts appliqués en mode et environnement. « Je suis souvent dans les trains entre Nantes et Paris. Je travaille en freelance, la plupart du temps pour des campagnes de pub, des catalogues. »
Voilà pour le parcours professionnel atypique, qu’elle mêle depuis quelques années à une activité de chanteuse. « J’ai commencé à apprendre le graphisme au moment où j’ai démarré la musique, il y a 5 ou 6 ans » indique Elodie Rama. « Au début c’était une nécessité : il fallait que je puisse communiquer mon identité musicale par mon identité visuelle. » L’œil et l‘oreille sont intimement liés chez Elodie Rama. Dès le départ, et sur toute la ligne. « Je conçois affiches, flyers, petits livres, et récemment l’artwork de mon disque Strange Island. »
Pour son envol solo après différentes collaborations (Blue apple quartet, Hocus Pocus, Natural Self…), la chanteuse est allée puiser dans ce parcours en arts visuels. « Quand j’ai abordé la construction des chansons, j’avais des images, des tableaux à l’esprit. Je voyais des chansons bleues, sombres, solaires, etc. En fait, j’ai donné des couleurs à David (Darricarrère, alias DTwice, réalisateur de son album et cofondateur du label Do you like, NDLR). « Je lui ai dit : cette chanson je la vois de cette couleur, celle-ci plus noire ou celle-là lumineuse… »
« Pour le titre City of hope par exemple, j’avais vraiment envie d’une musique très solaire soutenue par une percussion, comme un battement du cœur », détaille Elodie Rama. « Pour Winter blue, je voyais plutôt quelque chose de sombre. Le morceau Clair-obscur renvoie bien sûr à la technique picturale, mais c’est aussi une métaphore du métissage. C’est ce que je suis : un clair et un obscur, un entre-deux. »
De l’image au son… « Finalement, ma formation, mes études ont un vrai sens maintenant que je fais de la musique » poursuit la chanteuse. « La manière d’aborder un projet en arts visuels, c’est à peu de chose près la même chose que d’élaborer un projet musical. Ce n’est pas juste un morceau que tu vas additionner à un autre morceau. Je voyais ce projet Strange island comme un tout de choses qui ont vraiment un sens ensemble. J’espère que ça s’entend ! »
Les textes de Strange island aussi reflètent le parcours professionnel de cette Nantaise originaire de Martinique. Il y est souvent question d’ouverture, de rencontres, de métissage, mais aussi de destination imaginaire, d’île (étrange), et d’au-delà des frontières… Déjà par le passé, Elodie Rama avait couché sur papier ses obsessions. « Je suis une dingue de cartes, lâche-t-elle. Je créé des cartes géographiques imaginaires à partir d’éléments du réel. Je redessine des îles essentiellement à partir de territoires déjà existants. » Un travail qui avait abouti à une exposition à la Maison des arts de Saint-Herblain en juin 2011. « Tout ça a vraiment un sens de proposer aujourd’hui une musique qui soit en réalité une géographie musicale nouvelle. »
Texte : Pierre-Adrien Roux
Photos : Misteur Mad
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