FRANCOFOLIES DE LA ROCHELLE
Le Larron : «  ma priorité c’est le texte  »
C’est l’histoire d’un mec qui pensait ne pas savoir chanter. Alors il jouait… Du clavier, sa grande passion. Il jouait pour les autres comme Ridan. Il écrivait pour les autres aussi. Il produisait, surtout. Le premier album de Cali, c’est lui. Puis, un jour, à force d’écrire des chansons trop personnelles, "inchantables par les autres", il s’y est collé ! Un premier album en 2009 (Le Larron). Un EP 7 titres sorti en janvier dernier (Original). Et quand on l’écoute, on se demande comment le garçon a pu croire qu’il ne savait pas chanter ? Sa voix fait penser à Gaë tan Roussel ou Mickey 3D, un timbre si particulier, enveloppant. Pas de doute, ce lascar a un truc ! Rencontre avec Laurent, alias Le Larron, au lendemain de sa prestation aux Francofolies, autour d’une menthe à l’eau, en terrasse, par une belle et chaude après-midi d’été.
Fragil : Le Larron, tu es avant tout pianiste, auteur pour d’autres, notamment Ridan. Tu as tourné pendant près de 10 ans sans jamais être sur le devant de la scène. Comment es-tu passé de l’ombre à la lumière ?
Laurent : Ça s’est fait vraiment par hasard. Chanter était inenvisageable pour moi. Dès que je faisais des chœurs, ça n’allait pas. J’écrivais pour les autres et ça m’allait très bien. Sauf qu’à force d’écrire des choses trop personnelles, qui me collaient trop à la peau, et bien plus personne ne voulait les chanter. Alors, un jour, pour présenter mes chansons, j’ai eu l’idée de faire une maquette en posant ma voix, juste histoire d’avoir la mélodie accompagnée. Puis cette maquette est tombée dans les mains d’un distributeur qui m’a dit, t’as qu’à les chanter toi-même ces chansons, ça fonctionne très bien comme ça. Petit à petit, je me suis pris au jeu, on a enregistré en deux jours, j’étais moi-même étonné de m’entendre chanter !
Fragil : L’album Le Larron est sorti en 2009. Un album éponyme donc. Pourquoi avoir choisi ce nom ? Un larron, c’est quand même un voleur, un petit escroc… Drôle de choix ?
Laurent : C’est tout simplement mon surnom depuis 10 ans. Mes potes m’appellent comme ça donc ça me semblait une évidence. Laurent, le larron. Quand tant de personnes t’appellent comme ça depuis aussi longtemps, c’est qu’il y a un truc, c’est que, quelque part, ça doit me définir et plutôt bien m’aller.
Fragil : Et Le Larron, il fait quel genre de musique alors ? À quelqu’un qui ne te connaît pas, comment tu lui définis ta musique ?
Laurent : Ah ça, c’est la question piège ! Parfois, des spectateurs me la posent… mais après le concert ! Je me dis, merde, on a raté un truc ! En général, je dis que je fais de la chanson. Un soir, un type m’a demandé si c’est plutôt du Pagny ou du Obispo… Ça m’a fait sourire. Comme s’il n’y avait pas d’autres alternatives. Mes influences, c’est plutôt Renaud, Dutronc, Arno. Ma réponse préférée c’est celle que m’a donnée un autre spectateur et que je ressors : il m’a dit, toi, tu fais de la chanson désagréable. Ça me va comme définition !
Fragil : Tes "chansons désagréables", comment tu t’y prends pour les écrire ? Comment as-tu bossé pour cet EP et pour le prochain album qui sortira début 2014 ?
Laurent : Le précédent album, on l’avait fait en 2 jours ; cet EP 7 titres, on a mis… un an en studio ! En règle générale, ma priorité c’est le texte. J’ai au moins toujours le refrain écrit avant de m’atteler à la musique. J’ai aussi la trame de la chanson, je sais de quoi je vais parler. Ensuite, la métrique, ça vient en chantant. Jusqu’à ce que qu’on arrive à un truc qui sonne correct. Pour le premier album, j’avais bossé tout seul, en jouant moi-même de tous les instrus. Là, j’ai bossé avec mon pote gratteux, David Carroll, que je connais depuis 15 ans et Francois-Marie Moreau, le genre de mec qui sait tout faire, multi instrumentiste qui te file des complexes. Sur scène, on est tous les trois.
Fragil : Hier soir, justement, vous étiez tous les trois sur la scène de l’Horloge rouge. Votre première fois aux Francos ? Alors, comment c’était ?
Laurent : C’était chouette évidemment. On a fait quelques nouveaux titres parce qu’on voulait se faire plaisir. Que cette date reste gravée. Qu’elle ait une saveur particulière…
Fragil : Si tu es aux Francos cette année, c’est par le biais des Rencontres d’Astaffort et de Voix du Sud, raconte-nous la genèse de cette histoire…
Laurent : Créées en 1994 par Francis Cabrel, les Rencontres d’Astaffort ce sont des formations qui t’aident à créer ton projet, c’est un dispositif d’accompagnement, géré par l’association Voix du Sud et notamment son président Pascal Bagnara. L’année dernière, je suis venu une semaine bosser le projet de l’EP et j’ai gagné le prix Prix Centre des Écritures de la Chanson 2013 avec deux autres lauréats. Puis récemment, je suis devenu formateur moi-même là-bas et c’est un truc très enrichissant. Quand tu aides d’autres musiciens à créer, qu’ils te posent des questions sur comment tu fais ça ou ça, ça t’aide toi-même à te poser des questions sur ta musique et la façon de la faire.
Fragil : Et sur scène, toujours avec ton contre-piano ? Parle-nous de ce mystérieux instrument ?
Comme il existe la contrebasse, moi j’ai fait le contre-piano, une sorte de guitare synthé. Quand tu es derrière ton clavier à chanter, ce n’est pas toujours facile d’avoir une présence sur scène. Avec le contre-piano, je peux bouger et me rapprocher du public. C’est en voyant un concert de Imbert Imbert que j’en ai eu l’idée. Je suis allé au BHV au rayon bricolage et j’ai fabriqué ça. Tout simplement.
Un chanteur qui ne savait pas qu’il l’était, des instruments fait de bric et de broc, Le Larron est décidément un artiste original et inclassable. Son EP intitulé Original mélange chanson d’amour (à la sauce Le Larron, ça donne « Je t’aime/Je t’aime/Dis-moi je t’aime/En le répétant ça viendra (…) Je sais qu’un jour tu m’aimeras… »), duo (avec la sublime Lisa Portelli) et poème de Victor Hugo. Laurent n’est pas un larron comme les autres. Sa place dans la chanson française, il ne l’a pas volée. Si vous n’avez pas encore croisé son chemin, allez découvrir de toute urgence son univers musical sur www.lelarron.com, en attendant son deuxième album à paraître en février 2014.
Delphine Blanchard
Bloc-Notes
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