
Exposition à l’Historial de la Vendée
Félicie de Fauveau : entre amour, engagement et art
Avant de s’installer dans les salles du musée d’Orsay, les sculptures de Félicie de Fauveau font étape dans le très bel écrin de l’Historial de la Vendée aux Lucs-sur-Boulogne. Logique pour cette amoureuse qui a vécu ses années artistiques les plus déterminantes en Vendée, aux côtés de la comtesse de La Rochejaquelein.
Félicie de Fauveau, sculptrice du XIXe siècle. Ce nom ne vous dit rien ? Normal ! Contrairement à sa comparse Camille Claudel, l’artiste n’a pas laissé beaucoup de traces dans les mémoires. Malgré sa production riche et son décès tardif à l’âge de 85 ans, Félicie est restée jusqu’au bout une artiste confidentielle.
Tout avait pourtant bien commencé pour elle. Premier salon en 1827, premiers éloges : de la part de nombreux critiques dont le célèbre Henry Trianon qui dira plus tard d’elle « Un talent bizarre et incorrect, mais plein de sentiments ». Stendhal souligne également son talent.
Un coup de foudre fait tout basculer
Tout bascule en 1826, quand elle rencontre Félicie de la Rochejaquelein, alors comtesse de son état. Cette dernière partage son temps entre Paris (où réside la sculptrice avec sa mère et son frère) et la Vendée. C’est le coup de foudre entre les deux. Une relation platonique, néanmoins amoureuse, surtout du côté de Félicie de Fauveau, s’installe. « L’amazone de la sculpture », comme certains l’appellent, quitte tout et suit la comtesse en Vendée quand celle-ci s’engage, en janvier 1831, dans le soulèvement qui permettrait à la duchesse de Berry de porter sur le trône de France son fils Henri. L’artiste met alors son art au service de la cause en sculptant armes, poignards, hausse-col… Un art militaire donc pendant quelques années et surtout un engagement politique qui fait basculer sa carrière.
Une féministe qui a engagé sa vie et son art pour défendre une utopie politique
Elle qui aurait pu devenir une artiste officielle reconnue, choisit, par amour, de mettre sa carrière – purement artistique – entre parenthèses. Une étape décisive qui mettra un frein définitif à toute velléité de notoriété. D’autant plus que le soulèvement vendéen de 1831-1832 est un échec cuisant et qu’elle est condamnée à l’exil. Retranchée à Florence puis dans la campagne toscane, Félicie restera toujours nostalgique de cette période. Elle garde néanmoins contact avec la comtesse qui viendra régulièrement lui rendre visite dans son atelier. Loin d’une fin de vie à la Camille Claudel, Félicie a beaucoup de commandes et vivra jusqu’à la fin de son art. Mais sa notoriété ne dépassera jamais les frontières ni les siècles.
Sa réhabilitation est peut-être en marche avec cette exposition de 92 œuvres (sculptures en marbre, bronze ou plâtre, peintures, photographies, objets d’art et carnets de croquis) à l’Historial jusqu’au 19 mai. Un juste retour des choses pour celle qui, sentant la mort venir, grave sur son tombeau le mot « Vendée » juste à côté de ses armoiries « Labeur, Honneur, Douleur ». Des mots qui symbolisent bien le caractère de sa vie. Une artiste, une héroïne, une amoureuse, une militante, qui a engagé sa vie et son art pour défendre une utopie politique. Une féministe aussi dont les moeurs atypiques ont souvent détonné dans le contexte de l’époque. Mais une artiste qui a toujours mené sa vie comme elle l’entendait, en faisant fi des conventions.
Delphine Blanchard
Photo bannière : Portrait de Félicie de Fauveau devant le Saint Georges de Lord Egerton.Florence, par Félicité Beaudin. 1842. Cliché : Patrick Durandet/© CG Vendée-Conservation départementale des musées expositions.
À voir ensuite au musée d’Orsay du 11 juin au 15 septembre.
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