
TECHNOLOGIE
Un drone au-dessus de l’île de Nantes
Singes volants, drone… Des images virtuelles ? Oui et non. Il s’agit de City Game. Du 8 au 10 février, 50 participants se sont lancés dans une folle aventure : créer un jeu dans un espace public en moins de 54 heures. Le projet AR Drone était notamment l’une des attractions du week-end.
Quatre hélices. Un capteur de mouvement. Une main bouge. Les hélices tournoient. L’OVNI décolle. Il s’agit en fait d’une sorte d’hélicoptère. Un AR Drone pour être précis. Lors de City Game du 8 au 10 février dernier, la société Emotic et un groupe d’étudiants ont créé un nouveau système de pilotage de drone. Ce concept était l’un des huit projets présentés à Stereolux pour City Game Nantes. Utilisant la technologie The Leap, capable de repérer au millimètre près les mouvements de doigts, ils ont donné naissance à une télécommande virtuelle. Le tout en moins de 54 heures. Si le drone existe déjà, il se pilote à travers une tablette ou un smartphone. À l’inverse de la technologie développée par la startup Leap Motion qui n’est pas encore commercialisée. Spécialisée dans le développement d’outils tactiles ou à reconnaissance de mouvements, la société Emotic s’est procuré un exemplaire de The Leap. « Leap Motion a envoyé environ 3 000 exemplaires de The Leap dans le monde et nous avions fait la demande », explique Michael Thoby, directeur d’Emotic et coach du groupe AR Drone. Le groupe a pu l’utiliser pour développer son concept. Pari réussi au bout du week-end : le drone volait sous contrôle d’une seule main.
Rencontre à Las Vegas
L’idée est partie d’Emotic. La société nantaise a ensuite été aidée par des étudiants d’Epitech Nantes et d’E-artsup. Ils étaient ainsi une dizaine à élaborer le projet. Et la société Parrot a bien contribué. « On a rencontré des personnes de Parrot à Las Vegas au CES (Consumer Electronic Show, NDLR), précise Michael Thoby. Après discussion, ils nous avaient dit qu’ils nous enverraient du matériel. Ils ont tenu parole, c’est super. » Le groupe a donc reçu un drone et des plots pour créer une zone d’essai. « Notre but premier c’était qu’il vole. C’est réussi, lançait Vincent Graillot, chef de projet chez Emotic. L’objectif ultime aurait été de pouvoir faire des combats de drones. Avec la réalité augmentée, on aurait incrusté des représentations virtuelles dans les images réelles. » Car en plus de voler sous l’impulsion des mouvements de la main, le drone est également équipé d’une caméra frontale. Le groupe a mis 30 heures pour en récupérer une. Ce qui laissait moins de 24 heures pour qu’elle soit prête à l’emploi. Et à l’aide d’une télévision, les images sont ainsi transférées, en direct, à l’écran. « On a eu des problèmes techniques, indique Vincent Graillot. Au premier essai, les images de la caméra avaient huit secondes de retard sur la réalité ! Le flux vidéo passait par une modification qui prenait huit secondes. Il nous a fallu trouver les bons réglages pour que le flux arrive en temps réel. »
Au premier essai, les images de la caméra avaient huit secondes de retard sur la réalité
PC et café
On se croirait dans un cockpit. La vidéo est accompagnée d’informations de pilotage. Altitude, vitesse, batterie… Il a fallu pour cela apporter une contribution artistique dans un projet où l’informatique domine. Florian Bourmaud, étudiant à E-artsup a accepté. « Notre professeur savait qu’ils recherchaient trois personnes, souligne-t-il. Je me suis dit que c’était bien de voir l’expérience designers. Et en 54 heures, le projet était un vrai défi. » Les participants ont été soumis à rude épreuve. PCs, Macs et autre matériel électronique côtoyaient café et Red Bull. « Sur tout le week-end, on a dormi 8 heures, affirme Vincent Graillot. La nuit de samedi à dimanche, on a fini à 6 h 30… » À midi, l’équipe était déjà debout, plongée dans les finitions. Si la technologie de The Leap n’est pas encore sur le marché, elle représente l’avenir selon Michael Thoby : « Cela pourrait servir sur un fauteuil roulant par exemple. En ce moment, on fait des interfaces pour des accueils de société. On a réalisé un projet avec la SNCF. L’entreprise cherche un nouveau moyen pour acheter les billets de train. Avec The Leap ça prendrait 30 secondes. » Une technologie qui fait évidemment penser au film de Steven Spielberg, Minority Report. Le tactile serait ainsi laissé de côté. C’est même déjà le cas dans certains pays qui ont « une certaine phobie des objets touchés par d’autres », affirme Michael Thoby. The Leap a en plus l’avantage d’un prix imbattable : il sera disponible à 70 €. Soit environ le même prix que la Kinect de Microsoft disponible sur Xbox 360. Seules différences : The Leap surpassera la Kinect au niveau de la précision des mouvements et sera adaptable grâce à son fonctionnement sur USB.
The Leap sera disponible à 70 €. Soit environ le même prix que la Kinect
Singes et éléphants volants
Le concept AR Drone a eu son succès, mais les autres idées ne manquaient pas d’originalité. À commencer par les applications sur mobile. Catapultez des singes et des éléphants sur les Machines de l’Ile. Des graphismes de qualité et des cris de singes envoyés en l’air qui promettent de faire rire. Si vous préférez le suspense et l’angoisse, Fog Of Loire devrait vous correspondre. Dans un monde nappé d’un brouillard sinistre, l’espèce humaine vit dans la mélancolie. Pour arrêter le mal, vous devrez chasser les nuages de tristesse. Mais attention aux attaques des dépressifs ! Des applications alliant jeu et environnement comme Bottle of Silence. Jetez vos bouteilles de verre dans un conteneur. Vous marquerez des points sur votre portable grâce au bruit émis par le verre heurtant les parois. Parfois critiqués pour leur violence, les jeux vidéo peuvent parfois rendre les gestes du quotidien plus agréable. Si en plus ça aide la planète…
Et après ?
Nantes aime les défis en 54 heures. Le Startup-Weekend en était à sa troisième édition en septembre 2012. Objectif : monter une startup en 54 heures. Les concepts semblent audacieux pour favoriser la créativité des Ligériens. Toutefois, que deviendront Bottle of Silence, Fog Of Loire ou AR Drone après ce week-end ? Car si certains projets sont par la suite soutenus et se concrétisent, la plupart restent à l’état d’idée. Ce type d’exercice n’est donc pas idéal à long terme. Toutefois, cela permet d’engranger de l’expérience pour nos jeunes créateurs. À l’image des étudiants d’Epitech Nantes et d’E-artsup sur le projet AR Drone. Ils apportent un œil neuf et des idées auxquelles ne pensent peut-être pas les entreprises.
Yann Clochard
Crédits photo :
Bannière et photo 3 : Michael Thoby
Liens vidéos :
Présentation de l’AR Drone de Parrot
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