Julie Duchaussoy : portrait d’une amoureuse
Les loges des femmes
Rencontre avec Julie Duchaussoy, première rencontre de la série « Les loges des femmes  ». Intimiste, une rencontre avec cette comédienne entre Bérénice et Simone de Beauvoir.
En novembre 2009, je rencontre pour la première fois Julie Duchaussoy. Elle jouait dans son premier spectacle 399 secondes de Fabrice Melquiot, mis en scène par Stanislas Nordey. Nous avons pris un café en ce dimanche pluvieux et, tout de suite, j’ai été envouté par cette voix rauque et sensuelle. Elle me racontait son parcours à l’école du T.N.B, ses carnets de bords, Angelina Jolie et Novarina... On décèle rapidement dans cette voix une comédienne, pleine de passion. Une comédienne qui fait du théâtre un endroit de vie, de remise cause de sa personne et de sa pratique personnelle. Un brin romantique, Julie Duchaussoy monte des projets sans argent, avec pour seuls producteurs ses amis et ses amours : les lettres et les mythes. Récemment, Vanille Fiaux et Julie Duchaussoy ont monté Le Feuilleton d’Hermès, un spectacle pour enfants qui raconte les aventures et les erreurs des dieux. Il nous révèle que les dieux nous ressemblent et que le sacré n’existe finalement que dans nos propres représentations.
Un brin romantique, Julie Duchaussoy monte des projets sans argent, avec pour seuls producteurs ses amis et ses amours : les lettres et les mythes
Une comédienne au service des femmes
Ce tempérament passionné, c’est Christine Letailleur qui la première lui a confié avec ce rôle dans Le Château de Wetterstein créé en 2010 à Lausanne et au T.N.B. Elle est Effie, jeune fille révoltée de Frank Wedekind qui, pour se détacher de l’ordre social, s’enfuit au théâtre d’Ibsen devenu miroir de ses aspirations... Des femmes de convictions, Julie Duchaussoy en incarne, à l’instar de Schérazade, dans la création À la racine de Marine Bachelot (novembre 2011). Son personnage défend la place de la femme musulmane, le voile, le choix religieux. Dernièrement, je l’ai retrouvé en Diotime, prêtresse de l’Amour dans Le Banquet de Platon, une nouvelle fois dans une mise en scène de Christine Letailleur. Elle est arrivée en Vénus sortant des Flots pour y incarner L’Amour. Nacrée dans le blanc de sa nudité, elle se consume à définir Éros — fantôme errant dans les songes de tous les convives. Grâce à la puissance de sa force céleste, elle en devient pour chacun, un obscur objet de désir...
Julie Duchaussoy, dans la vie comme au théâtre, est un subtil mélange de Bérénice et de Simone de Beauvoir, femme passionnée et retenue, intelligente et intuitive, amoureuse de la littérature et des personnages qu’elle incarne comme de ceux qu’elle rencontre. Une amoureuse accomplie, en somme.
Texte : Clément Pascaud
Photos : Caroline Ablain
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