
ENTRETIEN
US 2012 : un café avant l’élection
Election américaine 2012
Samuel, Emma, Becca et Walker. Le 6 novembre prochain, ces quatre jeunes américains verront depuis Nantes le résultat des élections présidentielles américaines de 2012. Au cœur des discussions : la relance économique.
Pouvez-vous expliquer ce que sont les « swing states », leur importance dans l’élection américaine ?
Emma : L’élection américaine se découpe en deux temps. Il y a d’abord le vote populaire. Dans chaque état, en fonction de son nombre d’habitants, le peuple vote pour des « grands électeurs ». Ensuite vient le vote électoral ou les « grands électeurs » élisent un président. Pour faire bref, les « swing states » sont les états qui restent divisés et donc susceptibles de rallier la cause démocrate ou républicaine selon l’élection.
Samuel : Les « swing states » varient chaque année selon le climat politique et la situation économique. Ce sont des états qui ont un nombre conséquent de votes électoraux. Qu’ils balancent à gauche ou à droite, ils décident de l’élection ! Aujourd’hui, il y a surtout l’Ohio, la Floride et la Pennsylvanie.
En France, Obama est assez populaire. Alors qu’on ne sait pas grand chose sur Romney, outre le fait qu’il soit Mormon. Pouvez-vous en dire davantage sur lui ?
Cette élection soulève moins de questions sociales que les précédentes. Il y a quatre ans, l'avortement, le mariage homosexuel étaient des sujets chauds. Aujourd'hui, les gens semblent plutôt préoccupés par l'économie
Becca : Beaucoup de gens l’accusent de changer constamment d’opinion. Demandent : « mais qu’est ce qu’il pense vraiment » ? D’abord conservateur, il se déplace maintenant dans le spectre politique pour séduire les électeurs indécis et modérés. Par exemple, le « Romneycare » mis en place dans le Massachusetts, est une assurance santé pour les démunis qui fonctionne bien, c’est la même que la « Obamacare ». Pour gagner son élection parmi les conservateurs il a renié cette carte.
Samuel : Le jeune étudiant en économie avec qui j’habite voit Romney comme un « business man » avant tout. C’est une qualité qu’il apprécie. Romney est super comme homme d’affaires. Seulement, cela ne m’intéresse pas qu’il veuille transposer cela dans la fonction présidentielle. Ni par ce qu’il est, ce qu’il vend, ou ce qu’il essaye de faire croire aux gens !
Quel bilan pour Obama ?
Emma : Il a fait des choses très téméraires, comme le « Obamacare », ou quand il s’est montré favorable au mariage homosexuel. J’apprécie cette qualité chez un président.
Samuel : Il a hérité d’une des pires crises financières depuis la grande dépression. Certains buts n’ont pas forcément été atteints, mais c’est parce que nous nous creusions hors d’un trou. Qui a affecté le monde entier. C’est trop tôt pour que les Républicains nous ramènent aux choses qui nous ont mis dans le pétrin....
Becca : Aussi, la plupart des choses qu’Obama essaye de faire sont bloquées au congrès par les républicains. Ensuite ils affirment que cela ne marche pas. Leur objectif premier est d’empêcher Obama d’être réélu plutôt que de laisser le pays progresser.
Quels sont les sujets qui pèsent dans le vote des américains ?
Emma : Cette élection soulève moins de questions sociales que les précédentes. Il y a 4 ans, l’avortement, le mariage homosexuel étaient des sujets chauds. Aujourd’hui, les gens semblent plutôt préoccupés par l’économie.
Walker : Les relations avec la Chine ! Mais dans la vie quotidienne les gens s’inquiètent plus de l’économie.
Becca : En politique internationale, les Américains sont concernés par la résolution des guerres dans lesquelles nous sommes impliquées. Notre déficit budgétaire est dû principalement aux dépenses militaires. Romney affirme qu’il peut l’augmenter tout en se débarrassant de notre déficit. C’est impossible, mais il refuse de s’expliquer en détail.
Emma : Je pense que la position sur la guerre constitue la grande différence entre les conservateurs et les libéraux. En tant que libérale, j’apprécie le fait qu’Obama soit populaire à l’étranger et qu’il veuille maintenir ce statut. Les conservateurs l’attaquent en disant que c’est une preuve de faiblesse. Eux, ils veulent un leader qui botte des culs (litt : that kick some badass, expression du langage populaire.) !
Comment les partis politiques communiquent avec les citoyens, les communautés ?
Salut, c'est Beyoncé. J'ai quelque chose à te dire à propos d'Obama !
Emma : Un énorme budget part dans les publicités dans lesquelles les candidats se vendent ou attaquent l’autre. Et dans les rallyes à travers le pays. Sinon, je reçois trois mails par jour de la part d’Obama ! Ils sont écrits dans un style très informel, comme « Salut, c’est Beyoncé. J’ai quelque chose à te dire à propos d’Obama ! »
Becca : Les candidats passent beaucoup de temps à chercher le soutien des personnes extrêmement riches et des corporations. On peux traiter avec les corporations comme avec des individus. Elles investissent des sommes illimitées dans les campagnes présidentielles. Cela montre que la population n’a pas vraiment de contrôle sur les élections.
Emma : Les candidats appellent en permanence les lobbies pour leur demander leur soutien. Peu importe la cause, c’est l’argent qui les intéresse. Ils font littéralement du « télémarketing ». Les lobbies posent leur conditions en échange. C’est assez obscur, comme des dessous de tables, mais légaux.
Becca : Si Obama gagne, cela voudra dire qu’il y a une grande majorité de gens ayant fait don d’une petite somme d’argent. Si Romney passe, ça voudra dire que c’est grâce à un petit groupe de privilégiés ayant dépensé de grandes sommes.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Samuel : Si Obama gagne l’élection, le Parti Républicain va tomber en morceaux. Parce qu’ils ne se rénovent pas. De plus en plus de gens de notre génération sont conservateurs avec leurs finances, mais libéraux socialement.
Becca : Le Parti Républicain va subir des changements énormes car il ne peut pas garder, à terme, des point de vues aussi extrêmes. Ils sont contre l’intervention de l’état en économie mais veulent tout de même imposer des choses au niveau social. Dans le domaine des droits des femmes, par exemple, ils veulent abolir l’aide à la contraception.
Emma : Je sens un changement énorme dans le parti républicain. La plupart des républicains à qui je parle de nos jours sont socialement libéraux. La société américaine devient inévitablement de plus en plus libérale.
Propos recueillis par Geneviève Brillet
Crédits photos :
Bannière : CC BY-NC-SA Geneviève Brillet. Les quatre jeunes américains au Chat Noir le 29 octobre 2012.
Centre : CC BY-SA Fringe Digital.
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