
ENTRETIEN
De la Vendée à Romney
Rencontre avec les représentants vendéens et ligériens de Mitt Romney
Entretien avec les représentants officiels « Mitt Romney  » de Vendée et de Loire-Atlantique. Loin de l’exposition médiatique des US, ces deux passionnés relaient la pensée républicaine à qui souhaitera bien l’entendre. Ils considèrent que les idées républicaines devraient davantage inspirer la politique française.
Comment êtes-vous devenus représentants de comité départemental « Mitt Romney » de Vendée et de Loire Atlantique ?
Gonzague De Chantérac : On est une petite communauté, assez soudée, on se connaît depuis quelque années. Nous sommes tous intéressés par la politique américaine.
Steven : J’ai commencé à m’intéresser à la politique américaine en 2008 avec John McCain. Il y avait déjà un comité en France. Quand le GOP (Grand Old Party) France a milité cette année, je me suis dit que j’allais me lancer, pour défendre en France, les idées du parti républicain. Cette fois-ci promues par Mitt Romney. Ce ne sont pas forcément de si mauvaises idées. Et ça mérite qu’on s’y intéresse, qu’on y réfléchisse pour s’en inspirer.
Ce ne sont pas forcément de si mauvaises idées. Et ça mérite qu'on s'y intéresse, qu'on y réfléchisse pour s'en inspirer
GDC : La structure du comité nationale, c’est Pierre Toullec qui en est à l’origine, en 2004, c’est un breton qui vit a Brest. On se connaissait un peu via les réseaux sociaux, Facebook principalement. On a eu l’idée de se structurer un peu.
Steven : Le parti démocrate et le parti républicain ont déjà leurs relais en France. Ils sont fait par des américains pour des américains. Le comité français est constitué de Français qui s’adressent aux Français pour expliquer le programme de Mitt Romney.
Vous avez des contacts avec des américains ? Que pensent-ils du comité « Mitt Romney » France ?
Steven : Ils trouvent que c’est formidable. Un responsable de la campagne de Mitt Romney disait qu’il reçoit des messages de soutien du monde entier mais qu’une structure organisée comme la nôtre, c’est assez exceptionnel.
GDC : On est le seul pays avec un comité amical qui se réunit, qui arrive à avoir des petites antennes dans les territoires. Voilà, les américains nous disent qu’’ils avaient une vision de la France comme étant presque un pays communiste. Ils sont assez surpris.
Il y a un donc un comité « Mitt Romney » dans chaque département ?
Steven : On a un comité nationale, et on essaye d’avoir des représentants dans chaque département.
GDC : Il en manque un peu dans le Jura, c’est une annonce !
Vous arrivez à mobiliser beaucoup de gens ? Combien de personnes dans ces comités ?
GDC : C’est assez aléatoire selon les départements et puis ensuite selon les gens qu’on intéresse. (s’adressant à Steven)En Loire-Atlantique, je ne sais pas, combien vous êtes ?
Steven : Officiellement, en appartenance, il y a moi-même. Après il y a des personnes qui sont forcément un minimum intéressés. Par les réseaux sociaux, notamment, j’essaye d’en parler un peu. On m’en parle par la suite autour de moi. Dans dans mon cercle d’amis ou dans ma famille. On organise un petit café débat vendredi prochain pour essayer d’attirer des gens.
GDC : En Vendée, on est une trentaine de sympathisants.
Donc le but du comité Mitt Romney France est de sensibiliser les français à la droite américaine ?
Le comité français est constitué de français qui s'adressent aux français pour expliquer le programme de Mitt Romney
GDC : Notre but est d’essayer de casser le gros cliché du cow-boy inculte, qui a envie de faire la guerre au reste du monde. La tradition en politique étrangère des républicains n’est pas du tout de l’expansionnisme américain néo-colonialiste, mais au contraire l’isolationnisme. America : safety first c’est à dire : d’abord nous. On se structure, on se développe, on a une économie prospère avant d’aller voir le reste de la terre.
Steven : Car une Amérique forte à l’extérieur c’est d’abord une Amérique forte à l’intérieur ! Aller jouer au gendarme, c’est seulement dans l’extrême limite, quand il y a une menace extérieure.
Le parti républicain à déclenché la guerre en Irak, en Afghanistan. Qu’en pensez-vous ?
GDC : Factuellement, c’est vrai. Mais ça ne correspond pas à leur tradition politique et philosophique. Cela s’inscrivait dans un contexte. À partir du moment où vous avez un attentat comme celui du 11 septembre, en plein cœur de New York, sur des symboles... Les Tours jumelles, quand les immigrants arrivaient, c’est ce qu’ils voyaient directement après la Statue de la Liberté. Donc la logique de réponse en Afghanistan est évidente.
Steven : On ne peut pas imposer un modèle partout. On voit qu’il y a des tentatives d’élections démocratiques en Afghanistan ou en Irak. On essaye de faire choisir le peuple. Soit ils choisissent la liberté, la démocratie, un système qui pourrait s’inspirer des modèles occidentaux ou alors ils peuvent revenir à... Enfin, faire un autre système.
GDC : Il y a un autre préjugé, au delà du côté belliqueux, militaire fou de la droite américaine. C’est celui d’une gauche humaniste, métisse, qui accepte la diversité alors que la droite est l’avatar du Ku Klux Klan, raciste et ségrégationniste. Historiquement, c’est faux.
Il y a dans le parti Républicain des branches très conservatrices ou religieuses qui sont contre le droit à l’avortement ou au mariage homosexuel, qu’en pensez-vous ?
GDC : Ça fait partie de la tradition américaine d’avoir une acceptation du fait religieux beaucoup plus forte qu’en France. Avoir un président mormon dans dix jours, ça ne les dérange pas. La dimension spirituelle est importante dans le débat. Il y a effectivement une droite chrétienne américaine qui a son point de vue. Mais force est de constater que dans un certain nombre d’états, le peuple américain vote contre le mariage homosexuel. Donc c’est pas seulement la lutte d’un lobby mais l’expression d’une partie des américains. Le vrai débat aujourd’hui aux États-Unis c’est la création de la richesse.
Steven : C’est une vraie philosophie. La notion de développement et de progrès ne peut pas être : tu distribues plus. Par exemple le nombre de bénéficiaires des « food stamps », le ticket alimentaire, à augmenté sous le gouvernement d’Obama. 32 millions à la fin du mandat de Bush, maintenant ils sont 47 millions. C’est 15 millions de plus. Une augmentation de 50%. On ne peut pas dire qu’il y a un progrès à ce niveau là.
On reproche à Romney d’être un business man. Est-ce que d’après-vous on peut diriger un gouvernement comme une entreprise ?
GDC : Pourquoi un business man ne pourrait pas diriger un pays ? À partir du moment où il a prospéré dans ses affaires. La mentalité des américains est de faire confiance à celui qui a réussi. C’est une bonne chose. Nous, on essaye de dire aux politiciens et aux personnes : regardez quelqu’un qui a fait ses preuves. Cela amène de la responsabilité. Commencez par travailler vous-mêmes en obtenant des résultats, on progresse et on ne dépense pas plus qu’on ne gagne. Ayons confiance dans l’avenir, c’est possible de faire changer les choses. Il faut aussi qu’on s’entraide. L’action publique c’est une chose, mais on préfère nos associations. On préfère la charité. On préfère avoir des locomotives qui tirent le reste du wagon.
Face à une économie qui est bloquée à droite comme à gauche, nous on propose une autre vision en s'inspirant des États-Unis
Pouvez-vous m’expliquer le programme social de Mitt Romney ?
Steven : La responsabilisation de l’individu. On fait confiance aux gens pour qu’ils s’en sortent par le travail, en faisant des efforts, en étant méritant.
GDC : L’idée est que l’individu est capable de créer son propre système de protection, d’épargner. Par exemple, quelqu’un qui fume : doit il être à la charge de la collectivité alors qu’il sait qu’il augmente ses chances de développer un cancer ? C’est trop facile de toujours vouloir faire payer ses actes sur le dos des autres.
Qu’est-ce que la France devrait prendre en exemple dans la droite républicaine ?
GDC : Face à une économie qui est bloquée à droite comme à gauche, nous on propose une autre vision en s’inspirant des États-Unis. L’état et l’entreprise : ce sont deux missions différentes. Il ne faut pas que les deux se mélangent. Les collectivités sont là pour accompagner la société. Tout en ayant une vision de ce que les Anglais appellent « le conservatisme compassionnel ».
Steven : En France, on tente de monter les pauvres contre les riches. « Je n’aime pas les riches » a déclaré le Président de la République. Aux États-Unis, la vision du riche, c’est d’abord quelqu’un qui a réussi.
GDC : La grande différence entre le stéréotype français et américain. Quand l’américain voit passer une belle voiture, il se dit : comment je vais faire pour acheter la belle voiture. Le français se dit : comment je vais faire pour « piquer » la belle voiture. C’est assez gênant que notre cliché ce soit ça. Nous on préfère se dire : comment on fait pour avoir un deuxième gâteau.
Propos recueillis par Geneviève Brillet
Crédits photos :
Bannière : les deux représentants « Mitt Romney », Gonzague de Chantérac et Steven François. CC BY-NC-SA Geneviève Brillet
Au centre : capture d’écran du site Romney France.
Photo pendant l’entretien, le Stetson de Steven François. CC BY-NC-SA Geneviève Brillet.
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