
PORTRAIT
Cheveu : parce qu’ils le valent bien
« Cheveu  » est un trio de musique qui mélange, au poil dressé, sonorités garage, rock blues, electro et autres influences bricolées. Ils ont débarqué à Trempolino et au Stéréolux vendredi 26 octobre, expliquer leur parcours lors d’une conférence, une projection et un concert décoiffant.
Parce qu’ils le valent bien ou « parce qu’on est beau ». Cheveu est un groupe qui a débuté dans le milieu dit « underground » pour ensuite se faire connaître dans des salles de concert plus conséquentes. Les voilà donc à Trempolino, puis au Stereolux, à Nantes, le temps d’une conférence, d’une projection et d’un concert. Les trois membres, Étienne Nicolas (guitare), Olivier Demeaux (claviers) et David Lemoine (chant) cultivent avec application le non sérieux.
Leur recette du succès ? Tout bricoler, de façon sauvage, de rien, d’une série de hasards, de sons lo-fi, de voyages et de rencontres improbables. C’est avec des sourires amusés qu’ils expliquent leurs parcours. « On s’est formés à Paris en 2003 pour une fête de la musique. C’était la fin d’études, une phase un peu molle avec la canicule... En 10 jours on a créé un groupe ». Le milieu musical, ils ne connaissent pas. Leur réseau ? Quelques groupes de punk. Surtout, un génie furieux du bric-à-brac sonore qui les habite. Leur matériel ? Un clavier Casio, récupéré à 10 « balles » (peut-être celui que tu as reçu à noël dans les 90’s), des vielles pédales, une boîte à rythmes et une guitare. À peine quinze concerts plus tard, puis coup du hasard. Ils partent en virée aux États-Unis.
Un clavier Casio, récupéré à 10 « balles » (peut-être celui que tu as reçu à noël dans les 90's), des vielles pédales, une boîte à rythmes et une guitare
« ça fait un peu tournée de bras cassés quand même ! »
Action. Ça tourne dans la « Voiture ». Le moyen-métrage de leur première tournée de petits « frenchies » débarqués aux Etats-Unis peut faire tourner la tête. Réalisé par leur compère, Gallien Déjean, avec un caméscope à bandes ayant survécu, lui aussi, au nouveau millénaire. Sur la route de Memphis : « Welcome to the jungle ! ». Ambiance surréaliste, de nuit, la traversée des grands espaces américains se fait sur fond de radio crachant des vieux titres comme celui des Guns’n’Roses. Ils frisent la folie furieuse dans une automobile pleine à craquer, chantent à tue-tête et boivent les kilomètres à travers le pays. Un montage dégénéré de leur virée et de leurs concerts. Une spectatrice commente le visionnage : « ça fait un peu tournée de bras cassés quand même ! ». Les membres de Cheveu sont proches du public pour rire de leurs exploits. Et ils ont de quoi être fiers. Après avoir dépassé le stade où « les gens ne comprenaient pas ce qu’on faisait et voulaient nous taper dessus » le groupe récolte la « gloriole » (gloire). Leur notoriété a un effet boomerang. États-Unis. Direction la France. Ils sont contactés par le sulfureux label Born Bad, s’ensuit une manageuse, un tourneur, des grandes scènes comme Rock en Seine ou encore le printemps de Bourges. Et la presse se les arrache : Libération, Télérama, Rock’n’Folk, Le Monde...
L’expérience du concert qui suit peut être comparée à se raser entièrement la boule à zéro. Ces autoproclamés « outsiders à tout, sans étiquettes collées aux fesses » offrent une musique inclassable, brocante fourre-tout, sauvage, mais tellement bien faite. Explosif sur scène. Avec des sonorités de tout poil : garage-rock, blues, electro, avec des sauts du côté de la musique classique ou encore du hip-hop. Enfin, un style « ovni » et endiablé bien à eux. Le groupe compte 2 albums (plus une compilation) au compteur, dont le dernier en date « 1000 », en partie enregistré à Tel-Aviv avec un orchestre à cordes. Un nouvel album est en préparation ainsi que la bande originale d’un long métrage. Cheveu n’a pas fini d’ébouriffer notre tête, et sans exagération, c’est vraiment au poil.
Geneviève Brillet
Bloc-Notes
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