
CARNET DE FESTIVAL
Un FIF joyeux, libertaire et engagé
Du 17 au 23 octobre se tenait le Festival International du Film de La Roche-sur-Yon. Depuis trois ans maintenant, un festival qui trace son sillon. Une ligne directrice : montrer des films et parler de réalisateurs méconnus. Une démarche : faire se rencontrer acteurs et spectateurs. Un engagement : donner à voir le monde de manière frontale.
Dès la cérémonie d’ouverture, le ton est donné avec la projection du film No du chilien Pablo Larrain (présenté à Cannes en mai dernier à la Quinzaine des réalisateurs). Le FIF sera engagé ou il ne sera pas. Voyez un peu : Chili, 1988. Un référendum doit décider du sort du mandat d’Augusto Pinochet. Le camp du « non » met en place une campagne publicitaire, moderne, joyeuse, résolument orientée vers la communication positive. Le camp du « oui » riposte mais a bien du mal à rattraper son retard. Un film qui fait sourire à l’heure où la com’ en politique est plus que jamais omniprésente. Un film drôle bien que sérieux. Parce que les ficelles de la com’ sont quand même parfois à se tordre de rire. Et surtout parce que le parallèle avec ce qui peut se passer actuellement, notamment en France, reste à l’esprit tout au long du film. Arnaud Montebourg en marinière posant avec un robot électroménager à la Une du Parisien magazine vient en tête ! Les images se superposent au film. Ce maelström formidable prouve qu’un bon festival est un festival qui choisit bien ses films, en connexion totale avec l’époque. Le FIF a réussi son défi pour le film d’ouverture.
Léaud, Delépine, Suwa…
Des rencontres engageantes mais surtout des personnalités engagées. Qui offrent un cinéma à part
Un peu avant, Caroline Champetier, présidente du jury, donnait le ton en énumérant les invités du festival : l’immense acteur Jean-Pierre Léaud, le déjanté grolandais Benoit Delépine, le cinéaste chinois mal-aimé Nobuhiro Suwa… Des rencontres engageantes mais surtout des personnalités engagées. Qui offrent un cinéma à part. Quel rapport entre le regard exalté de Léaud, la folie douce de Kervern et Delépine, le mystère de Suwa, me direz-vous ? Une façon de faire du cinéma qui sort des chemins tout tracés. À l’image de cette magnifique prestation lors de la cérémonie d’ouverture. Caroline Champetier, directrice de la photo sur le dernier film de Leos Carax, Holy Motors, a pu amener dans ses bagages les musiciens de la plus belle scène de ce film : l’entracte d’anthologie à l’accordéon démultiplié. Une mise en bouche parfaite pour un festival à la fois joyeux, libertaire et réjouissant.
Un festival de rencontres
Joyeux et réjouissant sans paillette façon Cannes mais du champagne quand même ! Et surtout des rencontres en off. Entre festivaliers et invités mais aussi entre invités eux-même. Ainsi Jean-Pierre Léaud a pu rencontrer son idole Nobuhiro Suwa et il se murmure que ces deux-là ont pu concrétiser quelque projet. À suivre donc… Il faut rappeler que Suwa est réputé pour être « le cinéaste chinois le plus français ». Son dernier film en date, Yuki et Nina, co-réalisé avec Hippolyte Girardot, était présenté lors du festival. Un film sensible, empli d’émotions sur l’amitié entre deux fillettes, bientôt séparées par le divorce des parents de l’une d’elles. Un film à quatre mains et en deux langues. Hippolyte Girardot confie : « c’était une aventure, moi qui ne parlait pas un mot de chinois, lui pas un mot de français. Mais les périodes de traduction, finalement, ça permet de réfléchir. Ça laisse des moments pour un cheminement intérieur » .
Le cheminement intérieur, un fil rouge qui pourrait convenir à tous les films présentés pendant ces quelques jours à La Roche-sur-Yon. Des films faits pour réfléchir. Que demander de plus au cinéma ?
Delphine Blanchard
Bloc-Notes
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