Let’s go sailing est né à Los Angeles. L’évocation de ces deux noms semble faire ressurgir le dépaysement estival. En effet, le groupe composé de cinq membres offre une musique qualifiée par certains critiques de « surf pop ». Dignes héritiers des Beach boys, pensez-vous ? Non, Shana Levy et ses quatre amis s’aventurent plutôt vers une musique qui pourrait être à la fois « l’expression de vos aventures amoureuses et de vos peines de cœur ». Que font alors réellement ces musiciens pour prendre le large dans les classements des meilleurs groupes indépendants américains ? La clé de leur réussite passe par des concerts remarqués qui capturent l’attention du public et... de professionnels avertis ( Rod Cervera, le producteurs de Weezer et Chris Chander, ingénieur du son des Flammings lips et d’Elliot smith).

Let’s go sailing enregistre une démo, avec le titre phare « All I want from you is love » disponible sur leur site. Rapidement, l’enregistrement concluant, se ponctue par un album achevé depuis le début de l’année 2005. La cohésion du groupe autour de la polyvalente Shana Levy (guitare-piano-voix ) est à l’origine de leur étonnante créativité. Une plongée dans leur histoire explique aussi l’originalité qui les démarque des autres groupes de cette riche scène locale de Los Angeles.

A la source de l’inspiration

Le nom « Let’s go sailing » est le reflet de l’enfance de Shana Levy, habituée à naviguer avec sa famille dès le plus jeune âge, et fascinée par un de ces jouets en forme de bateau. « J’avais installé des bonshommes dans cette embarcation fictive et j’imaginais qu’ils avaient autant de plaisir que nous lorsque nous étions en mer. Mon père avait également un autocollant sur sa voiture avec cette inscription : « Let’s go sailing ». Cette image était le symbole des jours heureux avant d’être forcés de quitter la maison. J’ai retrouvé notre bateau plus tard en très mauvais état... »

Cette nostalgie perceptible s’est convertie, dans leur musique, en une goutte de mélancolie dans l’océan de mélodies. Même après son passage, ce souvenir a laissé sa trace sur la pochette de l’album : ce dessin enfantin paraissait le plus approprié pour cette première sortie. Le secret d’une bonne chanson selon le groupe se situe en effet dans ces situations aussi banales qu’universelles, dans les changements personnels qui constituent d’intéressantes histoires pour ces « joyeux troubadours ».

Jeter l’ancre

La leader ajoute en riant qu’elle souhaite « partir en tournée avec sa bande de musiciens pour répandre « l’évangile » de Let’s go sailing dans tout l’univers ». Cette fameuse identité dont Shana est la porte-parole n’est pas seulement le prétexte à une plaisanterie. Elle revendique, sérieusement cette fois-ci, son indépendance. « L’esprit du Cd est vraiment celui d’un groupe indé » explique-t-elle. « J’adorerais être reconnue par quelqu’un qui créerait un label indépendant. Si les choses se passaient normalement, être sur une major, ou un label plus petit, ou avec n’importe qui ne devrait rien changer. J’aimerais conserver le même genre de relations que j’ai eues avec les personnes qui m’ont aidée à sortir le cd. »

A travers ces propos, l’inépuisable débat de l’intégrité et de la sincérité d’un groupe est à nouveau mis en lumière. Comment parvenir à toucher le public sans l’aide d’une stratégie commerciale ou sans l’intervention d’un(e) artiste reconnue ? Pour Let’s go sailing, la « bienfaitrice » se nomme Courtney Love, montée sur la scène d’une façon improvisée pour participer à la chanson « Sideways » qu’elle a qualifiée de « hit ». L’intervention de la rock star est parvenue aux oreilles des journalistes locaux, la machine des médias s’est mise en marche. Mais le groupe s’est déjà tourné vers d’autres horizons : une sortie de leur album en France est envisageable s’il trouve des partenaires pour les soutenir. Avis aux amateurs et pour les autres...Let’s go listening... !

www.letsgosailingmusic.com

Chloé Vigneau.