Ceux qui se créent au Pannonica
La revue Ce Qui Secret avait carte blanche le jeudi 24 mai à la salle Pannonica pour nous faire partager ce qui se fait en matière d’improvisation vocale, musicale et scénique. Une performance artistique expérimentale qui a rencontré un public averti et curieux. Fragil ne pouvait manquer ça.
L’équipe de la revue Ce Qui Secret n’avait pas lésiné sur la communication de l’événement en lançant de multiples appels Facebook à l’invitation de sa soirée carte blanche en commençant par ces mots : « Mesdames, Messieurs, votre attention, s’il vous plaît : il est 10h48, mardi 23 mai 2012, dans Facebook : on confirme une soirée CE QUI SECRET le 24 mai 2012 à Nantes à partir de 19h00 (du moins si l’on en croit les experts). » Le ton était donné. Quelques indices aussi...
Quelle heure est-il au Pannonica ?
Le Pannonica accueilla donc comme il se doit un public nombreux et curieux dans une atmosphère chaleureuse, posée et calme, devant une scène où des tables fleurissaient la salle dans une lumière tamisée. L’exceptionnelle discipline du public silencieux qui s’imposait un respect religieux pour ne rien manquer du spectacle qui l’entourait marquait une première impressionnante performance.
Marc Perrin, co-fondateur de la revue Ce Qui Secret, commença par égrener quelques mots sans jamais omettre de citer l’heure de Nantes, de Tokyo ou de Caen pour ouvrir la soirée. Un leitmotiv inlassable où les mots forment le temps qui passe et ne s’arrête jamais.
La scène, dressée d’un piano majestueux, où la gracieuse Geneviève Foccrouille entamait l’improvisation d’un solo époustouflant dura tout le long du spectacle. Impression pourtant déstabilisante qui prit la forme d’un métronome musical qui battait la mesure du temps qu’on aurait dit en suspend, pendant que l’artiste prenait possession de l’instrument, jouant à lui caresser les cordes comme à le personnifier jusqu’à en imaginer une étreinte amoureuse.
Papier machine et tapis roulant
Au pied de la scène, la douce Pauline Gélédan, telle une studieuse écolière, dessinait sans compter son temps sur un ruban blanc de machine à calculer (justement...) dont la bobine pendue au plafond ne semblait jamais s’épuiser. Au bout du compte, le ruban blanc atteignit trois mètres de long pour tout bilan.
Et pendant ce temps qui s’écoulait, Jean-Marc Savic, vêtu d’un tee-shirt blanc flanqué d’un accrocheur « LAISSE DORMIR LA MAJORITÉ » inscrit au marqueur, enclenchait un tapis roulant placé au milieu du public et se lança dans une course effrénée de la lecture de huit quatrains écrits par Bruno Fern (resté à Caen, mais en duplex live grâce à Skype) jusqu’à épuisement. Les huit quatrains étant inspirés par les huit artistes de la soirée qui lui avaient confié chacun un mot, avoua pour conclure Bruno Fern. Une prestation scénique qu’on oserait comparer au clip « Here It Goes Again » d’OK Go, mais cette comparaison hasardeuse se limitera au seul tapis roulant présent ce soir-là.
Ce qui fascine au bout du compte c’est la très forte concentration des auteurs, sans doute nécessaire pour mener à bien leur improvisation. Et les motivations certainement très diverses du public qui s’est déplacé pour y assister. La revue Ce Qui Secret réussit enfin le bel exploit de dépasser les cadres conventionnels étant à la fois présente sur internet, en format papier, et surtout en représentation comme lors de cette résidence au Pannonica. Désormais Ce Qui Secret n’en est plus un pour vous.
Jérôme Romain
Photos : Documents de travail pour une soirée Ce qui secret le 24 mai 2012 à Nantes
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