
Festival Locus Solus
La résurrectine roule des mécaniques
« Locus Solus  », le festival de musiques rares et d’instruments inventés a débuté par trois concerts au Pôle étudiant du Campus du Tertre. Cette co-production de l’Université de Nantes et du Lieu Unique réunissait des artistes internationaux qui créent dans leurs œuvres un lien entre le savoir scientifique, le bricolage numérique et la performance musicale. Le nom « Locus Solus  » signifie « lieu solitaire  » et fait allusion au roman du même nom de Raymond Roussel.
Ce motif du lieu solitaire était déjà repris par le premier groupe de la soirée, Immensity of the Territory de St-Nazaire.
Les trois matadors locaux font une performance devant un écran sur lequel défile une série d’images d’un road trip aux États-Unis. Les représentations des lignes ferroviaires au milieu de nulle part, des plaines désertes, des usines abandonnées et des petites villes tristes évoquent un sentiment de déclin, de solitude et d’évanescence.
Avec la mine concentrée d'un scientifique dans son laboratoire, Ankersmit lutte sur scène pour reprendre le contrôle sur la machine sonore qui semble avoir développé sa propre volonté
La musique du trio est une confrontation entre une guitare acoustique jouée à la main, une guitare à moteurs pilotés auxquelles s’ajoutent toute sorte de bruits. Dans un style que les artistes eux-mêmes situent entre industriel et post-rock, le public est invité à découvrir l’immensité du territoire dans un voyage musical qui de temps à autre, développe dans l’ensemble des composants d’images et de sons des traits de narration.
Le deuxième spectacle de ce jeudi soir était présenté par le néerlandais Thomas Ankersmit. Installé derrière un synthétiseur vintage, la performance d’Ankersmit fait penser à un opérateur de vieux standard téléphonique qui établit les connexions entre les usagers. Le bruit qu’il fait naître ainsi se caractérise par une polyphonie de pulsations débordantes qui produisent des effets épuisants et troublants. Avec la mine concentrée d’un scientifique dans son laboratoire, Ankersmit lutte sur scène pour reprendre le contrôle sur la machine sonore qui semble avoir développé sa propre volonté. Lors des moments où Ankersmit réussit à calmer ce monstre sonore il offre au public un bain sédatif dans une atmosphère sonore moins pulsative. Calme et sphérique.
Les derniers artistes sur scène, les américains du groupe Neptune, ne sont pas novices en la matière. Déjà en 1994, ils avaient travaillé avec l’artiste et musicien Jason Sanford sur un projet de bricolage de guitares amplifiées et d’instruments de percussion. Neptune a déjà changé sept fois de membres, ce qui n’enlève rien à leur grande productivité musicale. Dans un style hybride entre noise, post-punk et experimental rock, Neptune a mis un point d’exclamation à la fin de cette première soirée du festival par une performance puissante en nous faisant profiter des riffs rudes et flottants de leurs guitares bricolées.
Thomas Sohn
Crédit photos : Immensity of the Territory - Charles-Henry Beneteau
Bloc-Notes
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