
Débat Quartier
Et c’est pas trop chaud ?
Dervallières, Malakoff, Nantes-Nord, Bellevue, … «  Et c’est pas trop chaud ?  » Cette phrase, combien de fois les habitants des quartiers populaires l’entendent-ils ? Entre représentations et imaginaires, nous sommes allées prendre la température dans les rues de Nantes.
Dans l’imaginaire des habitants nantais, les quartiers populaires sont des quartiers un peu « chauds ». On entend beaucoup de choses sur ces quartiers, mais ce qui revient le plus souvent, c’est qu’il faut éviter d’y mettre les pieds. Et tout est fait pour aller dans ce sens là, comme nous l’explique cet étudiant nantais depuis trois ans : « quand je livrais des pizzas pour payer mes études, on ne livrait pas ce genre de quartier, ça laissait entendre qu’ils étaient jugés dangereux et pas assez rentables ».
On constate que ce ne sont pas dans ces quartiers que l’on trouve les lieux culturels ou de loisir. Mais cela se ressent également dans le choix de logement des nantais. Malgré les faibles coûts des loyers des habitations de ces quartiers, et quelque soit leur localisation dans la ville, ils restent peu convoités et peu conseillés. Une étudiante, nantaise depuis trois mois, raconte : « les agences immobilières nous mettent en garde contre ces secteurs là, ça laisse tout de suite penser qu’il y a plus de violence et de délinquance dans ces quartiers. Malgré cela, certains ne s’arrêtent pas aux préjugés et souhaitent se faire leur propre opinion. C’est le cas d’une jeune, nantaise depuis trois ans : « Je n’y crois pas parce que je n’ai pas vérifié. »
De l’image à l’imaginaire
Les Nantais gardent en tête les problèmes et non les améliorations proposées
Pour beaucoup de Nantais, cette image est véhiculée par la presse, qui est parfois leur seul lien avec ces quartiers populaires. En lisant la presse régionale et locale, on a souvent l’impression que les quartiers populaires ne trouvent leur place qu’en page des faits divers, et que ceux-ci ne sont mis en avant que de cette manière. De nombreux habitants ne retiennent, par exemple, du quartier Malakoff que l’incendie criminel qui avait embrasé un centre commercial en février dernier. Un Nantais mentionne : « je connais le quartier Malakoff de réputation. La dernière fois que j’en ai entendu parler, c’était au sujet des bâtiments qui ont brulé ». Pourtant, les médias ont relaté la mise en place du nouveau plan d’urbanisme du quartier Malakoff, mais les Nantais que nous avons rencontrés, gardent en tête les problèmes de violence et non les améliorations proposées. En effet, de nombreux habitants estiment que rien n’est fait pour que la situation s’améliore. Une mère de famille, croisée au Jardin des Plantes, expose son point de vue : « Il y a sûrement des choses à faire pour débloquer la situation, mais je pense que c’est à la municipalité de régler cette situation de conflit permanent, c’est peut-être un ghetto, il y a peut-être trop de gens accumulés au même endroit ».
Les gens qui n'ont aucun lien avec les quartiers populaires n'en retiennent que les ouï-dire négatifs et en présentent une mauvaise image, alors que les Nantais familiers de ces quartiers, en ont une image globalement positive
En règle générale, les gens qui n’ont aucun lien avec les quartiers populaires n’en retiennent que les ouï-dire négatifs et en présentent une mauvaise image, alors que les Nantais familiers de ces quartiers, en ont une image globalement positive, et les voient comme des quartiers vivants et renforcés par un esprit de solidarité. Une sexagénaire, nantaise depuis sa naissance, proche d’habitants du quartier Malakoff, rapporte : « j’ai toujours entendu dire par les gens que je fréquentais que c’était un quartier où ils se plaisaient beaucoup, où il y avait beaucoup de solidarité ». Mais certains préjugés sont tout de même réels à en croire ce père de famille, révolté par le quartier du Chêne des Anglais où il a habité durant un an : « la loi n’est pas faite par la loi qu’on connait, on ne peut jamais y être tranquille. »
Il faut donc savoir faire la part des choses, comme nous explique ce jeune étudiant, qui a toujours vécu à Nantes : « Ce n’est pas que des « on dit » : il n’y a pas de fumée sans feu, une rumeur part forcément d’une vérité. Comme partout en France, il y a une misère sociale qui existe mais il y a quand même une dramatisation : par exemple, le quartier de Bellevue était classé 17ème quartier plus dangereux en France, j’ai fait une bonne partie de ma scolarité là-bas, et c’est pas si dangereux que le prétend la rumeur, et je pense que c’est un peu partout pareil. »
Bérénice Kesteloot et Johanna Réau
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