
FOCUS
La culture, l’atout charme de Rezé
Patrimoine et musique, ce sont les deux grands axes de la culture rezéenne. En revendiquant son identité et en veillant à ce que la culture soit accessible pour le plus grand nombre, la Ville se heurte pourtant, ces derniers temps à des critiques concernant ses choix.
« Il ne faut pas y séjourner très longtemps pour comprendre : Rezé est une ville populaire » selon Mireille Pernot. Adjointe à la culture à la mairie de Rezé, elle assume pleinement cette identité « qui n’est pas celle de Nantes ». D’ailleurs, elle le concède : « Rezé est une ville indépendante à part entière, et elle résiste ». Pour autant Rezé ne se veut pas concurrente à Nantes, mais entend proposer une offre complémentaire.
Rezé est une ville indépendante à part entière, et elle résiste
Patrimoine et musique
Si Rezé fait partie de la périphérie nantaise, la ville n’a pas dit son dernier mot en termes de culture. Avec des partis pris bien définis, Rezé a fait du spectacle vivant et du patrimoine ses deux axes de prédilection. Outre la Maison du Corbusier qui caractérise Rezé, la ville mise depuis trois ans, sur « Les saisons du patrimoine », une action qui permet de vulgariser le patrimoine de Rezé dans son ensemble. Au programme : mettre en valeur les balades historiques à Pont-Rousseau ou Trentemoult, les ateliers en famille, les bistros, les visites de La Maison Radieuse. L’année 2011-2012 se clôturera par une exposition internationale qui fera la lumière sur les recherches archéologiques de la Loire. Déjà diffusée ailleurs, cette exposition sera visible pour la dernière fois à Rezé.
Les élus tiennent à le dire, Rezé est dotée d’une identité culturelle forte. D’ailleurs un projet culturel important verra le jour en 2014, il s’agit du Centre d’Interprétation et d’Animation du Patrimoine. Cette structure sera un lieu d’expositions, de rencontres, d’ateliers et de conférences autour de l’archéologie antique, de l’architecture contemporaine et des mémoires sociales. Une sorte de point de départ pour redécouvrir la ville et comprendre les mutations urbaines de Rezé. Pour ce qui est du spectacle vivant, la Ville a choisi de mettre l’accent sur la musique et les voix du monde. Présidée par Rémy Arnaud, et dirigée par Maurice Cosson, L’ARC (Art et Culture à Rezé) est la structure principale de la diffusion artistique et culturelle. Portée par la Ville, l’association est subventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC des Pays de la Loire), la Région des Pays de la Loire et le Département de la Loire-Atlantique. En plaçant la voix humaine au cœur de son projet, l’ARC propose des musiques contemporaines, baroques, musiques du monde, des voix chantées et parlées, de la poésie sonore, une offre autour des arts du cirque, en salle ou sous chapiteau. Ainsi grâce à l’ARC plusieurs projets sont développés, comme les Instants du Monde. Ce festival qui a lieu mi-mars met en valeur les musiques du monde. La structure de l’ARC souhaite aussi que sa programmation prenne en compte le cirque parce que c’est un art qui allie différentes disciplines. Pour l’ARC, cette pratique est accessible à tous types de publics car c’est un spectacle susceptible d’être vu par toute la famille.
Mais Rezé a plus d’une corde à son arc, ainsi l’ARIA, autre collectif rezéen planche sur d’autres offres culturelles : les musiques anciennes et le répertoire baroque. Les musiques actuelles sont aussi en ligne de mire par l’intermédiaire de la Barakason, salle de concerts à Rezé, une structure bien identifiée sur le territoire, soutenant la création et la résidence. Un autre lieu est également dans les cordes de la Ville : un auditorium spécialisé dans la diffusion de musiques acoustiques non amplifiées. L’école de musique qui rassemble plus de 800 élèves et la bibliothèque font aussi partie du programme culturel de Rezé. Ainsi, les professeurs de l’école de musique de Rezé interviennent dans les établissements scolaires. Que ces structures travaillent conjointement, c’est la volonté de la mairie.
Mireille Pernot, adjointe à la culture rappelle elle-même : « Nous avons encore plus besoin de culture en temps de crise, car sinon nous n'avons pas d'issue »
La culture accessible
Mireille Pernot rappelle que : « la culture c’est aussi une question d’accès ». A ses yeux, l’isolement lié au handicap et aux situations sociales difficiles peuvent éloigner les gens des manifestations culturelles. C’est pourquoi, la Ville travaille sur des structures accessibles pour tous. La médiathèque a choisi d’aider les malvoyants en mettant à disposition des livres sonores ou alors en présentant de nouveaux services : livrer des ouvrages aux personnes ne pouvant pas se déplacer. Rezé s’implique depuis 2008 auprès des habitants dans l’impossibilité de partir en vacances durant l’été ; la ville organise une séance de cinéma de plein air dans le quartier du Château. Cette opération a un coût, cinq mille euros mais permet aux individus de s’évader un peu le temps d’une soirée. Le festival Antibémol de Rezé, gratuit, va aussi dans ce sens. Tous les deux ans, en partenariat avec Trempolino et la Barakason, ce festival propose : concerts de jazz, hip hop, rock, groove, rencontres avec les associations, les artistes. D’ailleurs durant cet événement, certains rendez-vous sont retranscris en langue des signes. Antibémol a rencontré un franc succès puisque l’année dernière, 5000 personnes ont répondu présentes. Les efforts de la Ville concernant l’accessibilité à la culture avaient donc payé.
Des choix contestés
Autant de lieux et de manifestations, qui poussent à se demander si Rezé ne va pas se perdre dans toute cette diversité culturelle. Les élus répondent qu’en travaillant en complémentarité et conjointement avec les villes du territoire, il n’y a pas de risques de dispersion. Dans le même temps, la Ville a fait le choix de ne pas proposer certaines disciplines pourtant importantes. Ainsi, théâtre et danse font partie des grands absents. Pour Stéphanie Béziau-Ravard, à la direction de l’action culturelle de Rezé il s’agit d’un choix : « On peut nous reprocher de ne pas faire assez de danse ou de théâtre, d’être trop spécialisés. A cette critique nous répondons qu’il y a des offres ailleurs. A Rezé, on s’inscrit dans la complémentarité ». Deux grandes disciplines que les Rezéens devront aller chercher ailleurs. Si des projets promettent de voir le jour bientôt, certains élus sont d’ores et déjà divisés. En effet, le coût prévisionnel de l’auditorium représenterait 7 millions d’euros TTC entre les travaux, les études effectuées, le mobilier. Le coût du Centre d’’Inteprétation et d’Animation du Patrimoine coûterait lui, environ 4 millions euros selon la directrice de l’action culturelle à Rezé, Stéphanie Béziau-Ravard. En décembre dernier, lors d’un débat d’orientation budgétaire, ces deux mesures avaient alimenté le débat. Ouest-France avait d’ailleurs consacré un article le 19 décembre 2011, montrant que ces deux investissements divisaient les formations politiques à Rezé. Katell Andromaque, conseillère municipale à gauche avait même lancé : « Nous doutons que ce projet touche la majorité des Rezéens. Le coût prévisible des spectacles et la frontière culturelle entre la grande majorité de la population et la programmation de l’Arc, et encore plus de l’Aria, ne vont pas dans ce sens ». Le maire avait défendu cet investissement, mettant en avant « l’accessibilité à de nouveaux équipements pour les besoins de la population ». Difficile donc de trouver une issue favorable suite à ces discussions musclées. Mireille Pernot, adjointe à la culture rappelle elle-même : « Nous avons encore plus besoin de culture en temps de crise, car sinon nous n’avons pas d’issue ».
Hélène Hamon
Crédits Photos : Bixintx, Mypouss, Dianenaoned
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