
DEBAT CULTURE
2030, la fin du spectacle ?
Le magazine Fragil organise les Ateliers du Débat Démocratique à la Barakason. Ce projet porte en lui des valeurs d’éducation populaire, de citoyenneté et de médiation culturelle qui résonnent dans l’ensemble de notre dossier dont nous débattrons collectivement le jeudi 26 janvier 2012.
Barakason. Voilà qui sonne comme un repaire de bons copains. Avec ce « k » en plein milieu qui détonne ; on imagine que c’est pour ce « cas » de la Barakason, en plein milieu du quartier populaire Château, à Rezé.
La nécessité d’une médiation culturelle, au sens large. De passeur de sens, de culture et d’information. Sans cela, pas d’émancipation, pas de découvertes et pas de frictions à d’autres cultures
A la Barakason, on y vient pour le concert de Brigitte, apprendre à maîtriser les potards de son ampli ou réagir à un débat. La précision est de mise dès lors que l’on parle de ce lieu : il associe en fait une Maison des Jeunes et de la Culture et un Centre Socio-Culturel. Ce qui permet aux 12 membres de l’équipe (sans compter les professeurs d’ateliers), d’être tout à la fois dans la plus grande proximité avec les habitants du quartier et de rayonner dans toute la métropole nantaise. Un tour de force, depuis 40 ans, et un « cas » d’école : « on compte trois ou quatre structures de ce type au national » nous rappelle Sandrine Blin, directrice de la structure.
D’ailleurs, il n’y a pas de structures comparables à Nantes. Car même si la ligne 3 du tramway permet de se rendre à la Barakason en 18 minutes, « Passés les ponts, ce n’est plus Nantes ». Sandrine Blin, anciennement dans le 93 fait un parallèle entre le périphérique parisien et les ponts nantais pour expliquer la frontière physique mais surtout psychologique concernant Rezé. Le même sentiment à St-Herblain dans l’hyper-marché culturel d’Atlantis lorsque nous nous y sommes rendus pour parler culture. Dès lors, il est nécessaire de réfléchir à Nantes comme métropole, et pas comme ville avec un centre bouillonnant et une périphérie morne comme un terminus de tramway. Mais bien comme des réseaux qui se répondent, se cherchent et parfois se trouvent, des centres de vie multiples dont jaillissent des projets aussi inattendus que Nidiad, ce mensuel en breton next-gen où l’on traduit Lovecraft et parle de culture, fondé par des jeunes qui étaient à peines nés au début de Tri Yann.
Irréductibles à l’étroit
« Nous sommes un projet politique » précise Emmanuel Legrand, président de la Barakason qui officie également à St-Nazaire pour le VIP et le festival Les Escales. Et ce projet politique passe par l’éducation populaire. « Pouvoir apprendre, découvrir, s’investir dans un projet collectif » et Sandrine Blin de rajouter : « la culture est un moyen pour l’éducation ». Alors que l’Education Nationale fait des choix économiques et politiques également, comme le socle commun de connaissances ou la raréfaction de l’action culturelle au niveau de l’académie, c’est finalement en-dehors de l’école que l’on entend parler d’éducation et de culture.
Là, on tient quelque chose. A la lecture des articles, les fondations de cet Atelier du Débat Démocratique, un constat transcende toutes les réflexions. La nécessité d’une médiation culturelle, au sens large. De passeur de sens, de culture et d’information. Sans cela, pas d’émancipation, pas de découvertes et pas de frictions à d’autres cultures : d’où l’affaiblissement prégnant du bien commun et l’apathie, tout aussi prégnante, de l’individu pour la société collective. En période de crise économique (et des consciences), la culture se sent à l’étroit. En témoignent les Loubards Pédés qui, il y a un an, perdaient le Fouloir ou les responsables de structures culturelles qui doivent imaginer l’avenir de la culture en répondant à des exigences fortes, mais aussi l’école, en tant que dépositaires de l’éducation des futurs citoyens...
La culture se sent à l’étroit, et pour cause : tout le monde s’accorde à dire qu’elle est irréductible.
Romain Ledroit
Crédits bannière : Murs 16, quelques mois avant la fermeture du Tacheles, une des places fortes de la culture alternative à Berlin, un graf’ reprend une citation de Paulo Freire.
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