DEBAT CULTURE
Le voyage à Saint-Herblain : à la rencontre d’Onyx
Érigé au milieu de l’immense parc d’attraction commercial de la zone Atlantis comme un pavé dans la foire, la salle de danse et de théâtre Onyx détonne. Un geste architectural radical pour ce cube noir qui comme le minéral du même nom, fascine et attire. Jumelée avec la salle de la Carrière depuis 2004 au sein d’un EPCC [1], Onyx bénéficie d’un conventionnement en danse et arts chorégraphiques de la part de la Drac [2], pour l’accomplissement de missions de création, de développement culturel, de diffusion et d’action avec les publics sur le territoire de la ville de Saint-Herblain. Que vient faire cet ovni dans une zone vouée au commerce et aux loisirs ? C’est la question que l’on a posée aux chargés d’action culturelle Jean-Noë l Charpentier et Élise Denier.
Présente dès la création du pôle en 1988, la salle a longtemps été gérée par une structure associative avant d’être intégrée dans ce cadre conventionné, dont les priorités sont clairement définies par la Drac. Depuis 2009 la structure s’est aussi vu confiée l’organisation de temps forts de la vie culturelle herblinoise : les festivals Jours de Fête, Soleils Bleus. Aujourd’hui, le bâtiment s’élève à deux pas du multiplexe Gaumont-Pathé, entre le plan d’eau du pôle, quelques grandes enseignes et un immense parking. Intrigant, peut-être même choquant pour certains regards, le monolithe déploie son imposante présence en plein cœur du royaume d’une culture mixte et sans aspérités.
Onyx surprend aussi par la richesse et la diversité de sa programmation. Un coup d’œil au site http://www.onyx-culturel.org suffit à donner une idée de l’ampleur des créations présentées. Danse contemporaine bien sûr, mais aussi théâtre, arts plastiques, cirque, musique, tout ceci dans un souci permanent d’ouverture qui brasse les références et les genres, sans interdits.
Les actions menées envers les publics sont également un des atouts de la salle qui multiplie les démarches et les initiatives novatrices pour aller à la rencontre des spectateurs de tous âges et de tous milieux. Ils collaborent ainsi avec les établissements scolaires [3] mais aussi l’Espace Retraités de la commune, le CCAS, l’Atelier des Initiatives, pour ne citer que ces quelques noms dans la longue liste de leurs partenariats. Un effort constant de recherche de nouveaux publics caractérise cette équipe dynamique, qui est particulièrement consciente des difficultés de leur mission.
Ces obstacles, beaucoup de structures culturelles les affrontent à l’heure actuelle, malgré la variété de leur production et les efforts mis en œuvre pour baisser les tarifs, adapter les formats. Ils sont en partie liés à l’accès à un pan de la culture perçu comme élitiste par une bonne partie du « grand public ». Une stigmatisation renforcée par le contexte général de précarisation et de repli forcé sur la satisfaction des besoins fondamentaux. La tâche n’est pas aisée et on peut penser que l’avenir d’une structure comme Onyx repose pour partie sur la réussite de ces actions pédagogiques et participatives.
C’est pourtant avec une énergie et un optimisme décapant que Jean-Noël Charpentier et Élise Denier s’attellent à cette mission délicate. Ils nous ont présenté en quelques mots ce qui les motive aujourd’hui, comment ils envisagent leur travail à Onyx et perçoivent la zone Atlantis.
Fragil : Vous mettez en place de nombreuses actions en direction du public, originales et variées, comme la séance de « coaching du spectateur », les rencontres avec les artistes, des ateliers, des apéro-théâtre etc.
Élise Denier : C’est vrai que depuis deux ans on essaie d’avoir une dynamique importante en matière d’action culturelle et de trouver des actions un peu nouvelles, qui souvent coûtent moins cher. C’est vraiment intéressant pour les gens, la séance de coaching fonctionne très bien par exemple.
D’ailleurs c’est curieux que vous utilisiez ce mot là, qui rappelle le sport et le type d’émissions qui se multiplient à la télévision.
Jean-Noël Charpentier : C’est dans l’air du temps. Histoire de faire réagir le public. Il va peut-être chez Fitness First juste à côté pour se faire coacher aussi.
ED : On est déjà une structure très hermétique au sein d’Atlantis. Quasiment un des seuls moyens pour nous de nous ouvrir c’est d’être sur un vocabulaire qui n’est pas prise de tête, qui n’est pas pédant.
JNC : Le bâtiment, du fait de son geste architectural, est là pour faire opposition à tout ce qui est autour, architecture lumineuse, éclatée, colorée. Le problème c’est que justement ça le rend un peu hermétique au public ; même si on lui a donné un peu de transparence avec les petites cordes qui indiquent les espaces intérieurs, il y a six ans. En conséquence, dans tout ce qu’on propose à l’intérieur, il faut qu’on soit le plus simple possible, le plus accessible. Tout ce qu’on ne peut pas avoir par le bâtiment, il faut l’acquérir par la programmation et comment on parle de la programmation, ce qu’on fait autour.
ED : Ainsi que dans l’image qu’on donne d’une équipe qui je l’espère n’est pas une équipe « culturo-cultureuse-cultivée »...
JNC : Donc voilà, Élise et moi passons notre temps à aller parler de ce qu’on fait aux groupes scolaires, aux pratiquants amateurs, aux publics les plus éloignés de la "chose culturelle", à aller rencontrer les gens qui sont aux minima sociaux etc. Comme notre fer de lance, c’est la danse, on a décidé d’organiser ces séances de coaching : discussion après spectacle, rencontre en fin de période de résidence avec des extraits de spectacle et un échange avec l’artiste pour que les gens comprennent un peu comment on construit une pièce de danse. On a fait la même chose aussi avec des pièces de théâtre, mais moins souvent. Toutes ces petites touches servent à donner de l’accessibilité au spectacle. Après il ne faut pas non plus dès la première année être déçu par un manque de participants, parce que pour ce genre de choses dans le spectacle en général il faut que les gens prennent des habitudes, ça ne se fait pas sur une saison. Il y a parfois de la déception, parce que les projets n’aboutissent pas ; parce qu’aussi il faut un peu de moyens quand même, ça ne se fait pas gratuitement. Mais ça fait partie de nos fonctions d’aller chercher les publics, de les renouveler, de les mixer. Autant la programmation d’Onyx est éclectique autant son public doit aussi être éclectique.
Ça fait partie de nos fonctions d'aller chercher les publics, de les renouveler, de les mixer. Autant la programmation d'Onyx est éclectique autant son public doit aussi être éclectique
Et pour l’instant ce public est assez diversifié ? Quelle est sa composition ?
JNC : Au niveau du public ici on a environ 1/3 Nantes, 1/3 périphéries, 1/3 Saint-Herblain.
ED : On a du public de partout, de Vendée même, de Carquefou, beaucoup d’herblinois forcément mais pas mal d’abonnés qui viennent du centre-ville aussi. On sait que depuis deux ans, on a nettement augmenté notre nombre d’abonnés via une programmation peut-être plus variée que dans d’autres structures. Moins ciblée, un peu plus généraliste, même s’il reste des choses très pointues. En tout cas, on veut proposer des spectacles tous publics, des spectacles pour les petits, des spectacles pour les avertis. On essaie d’avoir des horaires adaptés aussi, comme des soirées famille à 19h30.
L’enjeu est surtout d’arriver à susciter cette première visite, cette première rencontre avec le lieu et la programmation, qui peut impressionner ?
JNC : Ici, c’est vraiment les « primo accédants » qu’on vise ; ceux qu’on va essayer de faire venir pour la première fois. Le fait de faire un "coaching", ça peut permettre par exemple à des étudiants, des lycéens, d’en apprendre plus sur le spectacle. Pour une première fois devant un spectacle de danse, c’est plus facile. Il y a aussi les visites du bâtiment : on le fait dès qu’on a un créneau de libre. C’est une bonne façon de faire connaître comment fonctionne un théâtre, ce qu’on y fait, et aussi les métiers. Cela intéresse beaucoup les jeunes qui sont en fin de collège ou au lycée, qui cherchent à s’orienter. Dans un théâtre il n’y a pas que des artistes, il y a aussi des techniciens, des électriciens par exemple, des secrétaires, des administrateurs, des comptables....On parle aussi de ça. On leur explique comment cela fonctionne au niveau technique un théâtre. Ce qu’il y a derrière la scène, comment ça marche.
Y a t-il une spécificité de votre travail parce que vous êtes ici à Atlantis ?
JNC : Pour donner un ordre de valeur déjà : il y a 320 0000 personnes environ qui passent dans la galerie par semaine...des fois ça peut même être 300 000 personnes en un jour, comme le premier jour des soldes ou la veille de Noël. Et nous ici on reçoit 30 000 personnes à l’année. C’est donc extrêmement compliqué d’avoir un lien avec la clientèle. On a fait quelques incursions dans la galerie. En fait c’est à chaque fois à notre initiative. Il y a eu quelques expériences : un petit plateau de danse et de cirque, ça fait déjà plus de trois ans cependant. Depuis, on a un peu abandonné parce qu’on s’est aperçus en le faisant que les gens ne sont pas captifs dans la galerie. Ils sont là pour faire du du shopping, ils ne sont pas dans l’esprit de se cultiver.
ED : Et ceci concerne les différentes choses qu’on essaie de mener. Quand on a eu des projets participatifs comme avec la compagnie David Rolland qui fait beaucoup de projets avec des amateurs non danseurs, on avait axé nos recherches vers les comités d’entreprises, les salariés des entreprises voisines pour mettre en place des répétitions en fin de journée mais c’était impossible ! En même temps je les comprends, on est pareils. A force de passer toute l’année ici, le samedi on ne vient pas à Ikéa, c’est hors de question. Donc là ça n’a pas marché, on n’est pas arrivé à les attirer. Quelquefois, on met aussi en place des actions en accès libre sur le parvis devant la salle. On se rend compte que même si on fait des courtes formes de 15-20 minutes, déambulatoires, la part qu’on capte de gens qui sont en train de se balader est minime et pourtant on est là, sur place, on va les voir, on les aborde, on les accueille, on essaie de les faire venir.
Vous voyez ça comme un obstacle ou un défi d’être ici ?
JNC : A chaque fois qu’on a fait quelque chose à l’extérieur c’était pris comme un défi évidemment, d’intercepter les gens qui sont là avec leur caddie. Mais en même temps je pense que le fait qu’il se passe des choses autour d’Onyx, des choses qui changent, ça donne un plus à la zone en fait, ça peut perturber aussi. Pourquoi ne pas donner carte blanche à des artistes, des plasticiens, pour qu’ils interpellent le spectateur sur tout le parking ou dans la galerie ?
Mais en dehors de ça, quels rapports avez-vous ici avec le GIE du pôle ?
JNC : En fait c’est plus au niveau de la direction. Nous, au niveau de l’action culturelle c’est vrai qu’on ne fait rien avec eux ; les rapports qu’on a sont souvent financiers : on demande parfois à Leclerc de nous aider sur le financement en sponsoring de Jours de Fête, mais c’est à peu près tout. On n’est pas intégrés au Gie comme n’importe quel magasin autour. Ce ne sont que des voisins de fait.
Au fond, chacun mène son affaire dans son coin, ce qui crée ce résultat étrange ; ce « clash » entre des pratiques culturelles très différentes sur fond de dominante commerciale.
JNC : Il faut pour comprendre cela, revenir à l’origine de la zone, pourquoi elle a été construite. Quand on regarde l’urbanisation de la ville de Saint-Herblain, le centre bourg est au sud de la ville et les quartiers plus « urbanistiques » comme le Sillon sont plutôt sur l’est ; comme si Nantes avait débordé sur la ville de Saint-Herblain quand elle a connu son expansion dans les années 1960-70. Il y ensuite la zone industrielle juste à côté d’ici et la Bergerie, au niveau des espaces verts de la Gournerie.
Au final, les gens du nord de Saint-Herblain n’avaient aucune raison, aucune envie, aucun besoin de croiser ceux du bas de la ville. Il y avait très peu d’interactions entre les habitants d’un même territoire, d’une même commune. En réaction, la zone Atlantis a été créée pour donner des occasions aux différents habitants, géographiquement parlant, de se croiser. Pourquoi pas en allant faire leurs courses, leurs achats mais aussi en allant au cinéma ou au spectacle, et en allant travailler dans la zone industrielle toute proche. Depuis, ça a pris une vocation plus régionale bien sûr, même si au départ il y avait déjà une grande ambition sur la zone : le Leclerc qui a ouvert en même temps que Onyx était alors le plus grand hypermarché de l’Ouest. [4]
L’ensemble a quand même failli capoter, lorsque l’Usine Center a périclité et est resté à l’abandon, avant d’être racheté par Décathlon, avec le cinéma au-dessus. Au fur et à mesure, d’autres enseignes sont venues s’installer et après il y a eu le tramway et Ikéa. Aujourd’hui on assiste à l’agrandissement de la galerie et du parking.Tout ceci en fait un espace énorme, je crois que c’est une des plus grosses zones commerciales d’Europe. Et nous, on est là on avec notre petit 1000m2 en plein milieu. Mais il y aussi la médiathèque pas très loin, la Maison des arts à 5 minutes de tramway.
ED : En fait notre travail est également la mise en réseau des personnes et des structures : la Maison des arts, la médiathèque, faire en sorte de relier ces lieux qui sont si proches mais très éloignés dans l’image qu’en ont les gens, par la fédération et la mutualisation des compétences, pour que les infos circulent.
Comment définiriez-vous une action culturelle, dans cette ambiance générale de divertissement et de loisir ?
JNC : J’aime bien dire que quand on sort d’un bâtiment autour d’Onyx on a des choses plein les bras et quand on sort d’Onyx on en sort avec des choses plein la tête. Le spectacle permet aussi de se changer les idées. On peut dire que pour certains le fitness ça va leur changer les idées, pour d’autres c’est le shopping. On a tous une façon différente de se changer les idées. Quand on vient voir un spectacle, on va ressentir des émotions, ça va stimuler certaines pensées ou certaines façons de voir les choses, nous remettre en question. C’est un moyen, sans se « vider la tête », de voir les choses autrement, de voir le monde autrement, tout simplement.
Quand on sort d'un bâtiment autour d'Onyx on a des choses plein les bras...et quand on sort d'Onyx, on en sort avec des choses plein la tête
ED : Par rapport aux loisirs il faudrait quasiment qu’on prenne le pied inverse. Ce n’est pas facile de donner accès au théâtre. Avec la crise, le cinéma continue à augmenter sa fréquentation alors que ça coute assez cher. Et des structures culturelles qui baissent vraiment leurs prix n’augmentent que très peu leurs entrées. Au sein d’un théâtre, j’ai l’impression que c’est plus compliqué de faire valoir la culture comme un loisir à part entière parce qu’on est connotés comme intellectuels, « cultureux ». Maintenant en plus, les structures culturelles sont des structures « d’art contemporain » et le mot contemporain fait peur aux trois quarts des gens. Il faut vraiment essayer de trouver un discours différent : on ne peux pas dire que la culture est un loisir comme les autres, parce que les gens vont nous rire au nez en sortant de la salle.
Il faut donc plutôt cultiver une spécificité, une vraie différence ?
ED : En tout cas quand je vais voir des gens ou quand je suis avec des enfants, je ne parle pas de la culture comme d’un loisir. Je ne dis "venez vous éclater au théâtre" mais "venez vivre quelque chose au théâtre, autre chose". Il y a des fois vous allez vous amuser certes, selon le spectacle proposé, mais ce n’est pas systématique, donc on ne peut pas faire valoir la culture et le spectacle comme un moment de loisir pur. C’est pour ça qu’il faut vraiment une première approche. Il faut faire venir une première fois pour créer une habitude, sensibiliser au fait que venir voir une pièce de théâtre, de danse ou de cirque c’est s’ouvrir l’esprit. Et aussi se mettre en danger ; quand on va au cinéma on peut avoir peur ou pleurer mais on ne se met pas physiquement en danger. Dans une salle de spectacle, on est en 3D, physiquement en 3D. Les personnes choquées, celles qui sortent de salle, on en voit régulièrement, il faut être préparé à ces réactions.
Dans une salle de spectacle,on est en 3D, physiquement en 3D
Plus largement, la notion de consommation culturelle ou d’industrie de la culture, comment la percevez-vous ici ?
JNC : On est un théâtre subventionné, donc la rentabilité ce n’est pas notre impératif. Quelque part on n’est pas indépendants puisqu’on dépend des subsides publiques : si la mairie annonce des réductions budgétaires, on en pâtit nous aussi, il faut faire avec. Mais on est indépendants plutôt dans ce qu’on propose. Le fait de ne pas être soumis à la rentabilité, ne pas devoir faire des spectacles qui remplissent bien, on peut aller chercher et proposer des choses qui sont a priori plus compliquées à saisir et peut-être moins divertissantes mais culturellement intéressantes. Si les théâtres subventionnés par les villes n’ont plus d’indépendance alors là on est perdu ! Et puis, c’est un métier de produire des spectacles. Un programmateur va aller chercher des professionnels, il connait son réseau ; un adjoint ou un élu n’a pas à intervenir sur le contenu d’une programmation, il peut intervenir sur la politique budgétaire d’une structure mais pas sur le contenu artistique.
ED : Sur Nantes, c’est pareil pour les autres salles : l’Arc à Rezé, le Grand T, ce sont des structures qui de toute façon arrêteront directement de bosser si on leur enlève un petit doigt de leur indépendance.
Dans une perspective à plus long terme, comment envisagez vous l’évolution de votre travail ? Les tendances du secteur culturel ainsi que les écueils à éviter ?
ED : On est en plein dans une crise de la culture. Beaucoup de compagnies perdent leurs subventions, comme certains théâtres publics. Du coup, nous en action culturelle on crée des soirées plus fédératrices type « Apéricube », ça fait aussi venir des gens nouveaux. Cette année, on a ce nouveau projet « Cube » qui va être diffusé sur Télénantes, un espèce de mini Taratata local qui fédère énormément de structures et de développeurs d’artistes : la Région des Pays de la Loire, le Vip à St Nazaire, le Nouveau pavillon... Dans cet ordre d’idée, j’ai l’impression qu’avec la perte d’argent, on va regagner de l’humain : je pense que la culture de 2030 sera une culture vraiment fédératrice et très collective. On va être obligé de compenser la perte de moyens par de nouvelles idées et par le fait d’être ensemble.
En un sens, avec le phénomène de démocratisation culturelle, l’essor du nombre de structures, la création des nouveaux métiers (médiation culturelle, production musicale..) on a énormément crée de cases de la culture, avec des gens qui se sont de plus en plus spécialisés, donc un peu plus enfermés dans leur réseaux. Ces réseaux se sont eux-mêmes séparés. La musique actuelle n’a plus assez d’accroche avec ce qu’on appelle le spectacle vivant, alors que la musique actuelle c’est du spectacle vivant ! Il y a plein de segmentations comme ça, mais on va être obligé de se rassembler, ça sera la compensation je pense.
C'est important, la permanence dans l'action culturelle. Si il n'y a pas une régularité dans les interventions, on aura beau créer des événements ils n'auront pas la même portée s'ils ne sont pas soutenus par des pratiques régulières
Il y aura aussi de plus en plus d’interdisciplinarité : une compagnie de cirque qui veut intégrer de la mise en scène théâtrale dans sa création va faire appel à un intervenant rémunéré, car on n’est pas dans des logiques où on veut faire bosser les gens gratuitement. Mais si on ne peut plus le faire par manque d’argent, on aura plus de création pluri-disciplinaire, où les compagnies se reconstitueront en collectif et feront des créations communes.
JNC : Je pense que ce qui sera important dans les prochaines années ça sera de trouver de la permanence. Tout ce qui est évènementiel ne fonctionnera que si justement il y a un réseau, un tissu de pratiquants amateurs, de gens qui les encadrent ; il faut un travail collectif quotidien qui permette une assise aux évènements. C’est important, la permanence dans l’action culturelle. S’il n’y a pas une régularité dans les interventions, on aura beau créer des événements, ils n’auront pas la même portée s’ils ne sont pas soutenus par des pratiques régulières. Même pour la flash mob de Jours de fête on avait commencé un an auparavant. Le zapping auquel on assiste maintenant va s’estomper de fait. A force de zapper de changer tout le temps, on va manquer de cette permanence dont je parle.
ED : Et puis le public va en avoir assez au bout d’un moment, il va y avoir des effets de cycles. Peut-être que ça peut sonner un peu « bobo » cette idée de fidélisation, de permanence, de collectif, mais on assume, on est un peu le bureau des « bisounours » à Onyx...
Propos recueillis par Georgina Belin
[1] un EPCC est un établissement public constitué par une collectivité territoriale ou un Établissement Public de Coopération Intercommunale pour gérer un service public culturel. Crée par une loi de 2002, il permet d’associer plusieurs collectivités territoriales et éventuellement l’État dans l’organisation et le financement d’équipements culturels importants. Source : art-flox.com
[2] Direction Régionale des Affaires Culturelles
[3] Notamment le lycée Carcouët dont les étudiants du BTS Communication participent au projet musical « Cube »
[4] Les 3 premiers bâtiments furent Leclerc, Onyx et l’ancien Usine Center devenu Décathlon
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