FOCUS
Nantes Creative Generations 2011 : quand l’Europe ouvre la bouche...
Les porteurs de projets européens en séminaire à Nantes pendant 3 jours
Ils sont lituaniens, suédois, italiens, macédoniens, anglais, allemands, biélorusses ou nantais, mais surtout européens. Pour sa troisième édition, Nantes Creative Generations a réuni du 20 au 22 octobre 2011, quatre-vingts jeunes européens dont trente nantais, tous engagés dans la citoyenneté sur leur territoire et le continent. Autour d’ateliers pratiques, de tables rondes ou de discussions plus informelles, chacun a présenté son projet innovant et crée des liens entre les initiatives citoyennes. Retour sur trois jours cosmopolites sur fond de déliquescence économique européenne.
« Nantes Creative Generations est un forum d’échange d’expériences entre jeunes européens, tous investis dans des projets originaux qui contribuent à renforcer l’engagement des jeunes, la citoyenneté, et l’ouverture aux autres. » Telle est l’ambition de Nantes Métropole en collaboration avec la Direction Enfance Jeunesse, qui depuis 2009 cherche à redonner du sens à l’Europe, souvent boudée par les jeunes. Car c’est aussi ça l’enjeu de ces trois jours, les Jeunes et leur place dans l’Europe.
Une Europe d’idées
Jusqu’à fin avril 2011, Nantes Métropole a recueilli les candidatures européennes. A partir d’un questionnaire sur les besoins, objectifs, actions mises en place, temps de mise en œuvre, partenaires du projet... 21 initiatives originales de quatorze pays ont été retenues. « Elles portent sur des thématiques diverses : art et culture, solidarité, dialogue interculturel et diversité, presse et médias. »
Cette année c’est l’Europe de l’est qui a été à l’honneur comme l’association lituanienne Naujoji Vilnia Culture Center, qui collecte les stéréotypes sur les pays baltes pour réaliser un manuel de bonnes pratiques contre les préjugés racistes. Ou encore les hongrois et leur plateforme multimédia d’échange linguistique Netizens.net.
L’Europe centrale s’active aussi : en témoigne l’initiative allemande Verein für visuelle Bildung qui organise un marathon Photo dans les trois villes jumelles Nantes-Saarbrücken-Tbilissi. Les italiens, quant à eux ont choisi la presse et les médias : Radio Jeans Network gère un réseau de 90 studios radio à travers l’Europe dédiés aux jeunes.
A partir de la présentation des projets, durant deux jours, huit workshop ont été animés par les partenaires de la manifestation. Le principe étant à la fois de susciter la réflexion sur des questions de société (place des jeunes en Europe, valeurs, engagement, démocratie, mobilité), mais aussi d’apporter des réponses concrètes à la « démarche projet » (méthodologie de financement, constitution de réseaux de communication...).
La Maison de l’Europe, l’Atelier des Initiatives, Unis Cité, l’EclectiC Léo Lagrange... chacun a produit avec les participants un support illustrant les points forts des débats. Comme il le fait depuis plusieurs années, le magazine Europa a lancé le défi de publier un journal en 24 heures. L’association Ping s’est concentrée sur la plateforme numérique du Nantes Creative Generation pour faciliter l’échange entre les porteurs de projets.
Ces ateliers d’échange de bonnes pratiques ont été aussi l’occasion pour les européens d’élaborer une liste d’idées de projets communs : forums pour encourager les jeunes à être actifs dans la société, outils linguistiques multimédia pour améliorer son niveau d’anglais ou encore voyages à travers le continent pour faire découvrir les associations du NCG. Comme lors de l’édition passée, des associations se sont unies pour participer au prix de Coopération NCG 2012.
Les lauréats de 2011 ont été d’ailleurs récompensés. En haut du podium, on retrouve le projet Art Rocket à Saint-Nazaire : Des performances socio-artistiques entre Blackport Design Kollectiv de Pforzheim (Allemagne), Ok Corral de Copenhague et les nantais d’ Atelier Flexible. La deuxième place a été attribuée à l’initiative My Europe : quatre médias européens ont crée un carrefour d’articles, photos, chroniques radiophoniques online sur les clichés européens racontés aux jeunes. C’est un TV studio web franco-germano-anglais sur l’art et la culture qui est arrivé troisième.
Préférer l’association au parti
Il n' y a pas d'hymne reconnu, les billets sont anonymes avec des ponts qui n'existent pas... Si on ne crée pas d'émotion européenne, les jeunes tourneront encore le dos au continent.
Pour clore ce Nantes Creative Generations, Euradionantes a pris l’antenne et animé le débat : Quelle place donner aux jeunes dans le débat public ? A la table, des initiés : Patricia Loncle, docteur en sciences politiques, spécialiste des politiques de jeunesse ; Vincent Seguela, DRH de la fédération nationale Léo Lagrange ; Karine Daniel, élue déléguée aux affaires européennes ; un jeune roumain Andrei, membre du bureau de la jeune presse européenne ; et le journaliste « européen » Alex Taylor qui a aussi été le modérateur des trois jours de NCG.
Ce NCG 2011 peut s’inscrire dans la continuité de l’année européenne du volontariat en 2010. Si on note que l’engagement est toujours aussi important chez les jeunes, la forme qu’il prend a changé. A l’adhésion à un parti, on préfère en effet l’association. Difficile donc pour l’Europe de légitimer son rôle politique, même au terme de ces trois jours. « Il ne suffit pas de crier l’Europe, l’Europe, l’Europe pour que les jeunes s’investissent » a dit Alex Taylor. « Il n’ y a pas d’hymne reconnu, les billets sont anonymes avec des ponts qui n’existent pas... Si on ne crée pas d’émotion européenne, les jeunes tourneront encore le dos au continent. » Même si selon Karine Daniel le premier engagement des jeunes doit passer par le vote, il ne faut pas avoir une vision étriquée de celui-ci. Alors quand l’offre politique politique ne plaît pas, il faut proposer de nouvelles formes de participation formelles ou informelles. « Le collectif est le meilleur endroit pour se réaliser individuellement » a rappelé Vincent Seguela. Mais au-delà de l’engagement, c’est le jeune lui-même qui s’est plaint d’être instrumentalisé dans les débats. « Est-on jeune avant d’être citoyen ? Sommes-nous vraiment écoutés ? » s’est demandé au final un jeune participant. Silence dans la salle.
« C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient la température du monde à la normale. Quand la jeunesse a froid le monde claque des dents. » Cette citation de Bernanos pourrait être la conclusion de ce troisième NCG. Il n’a fait ni chaud, ni froid pendant ces trois jours, il n’ a pas plu non plus.
Pauline Vermeulen
Crédit photo : Olivier Decré
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses