Répertoire du Théâtre permanent au TU
Quand les apprentis comédiens entraient en scène au Théâtre Permanent
Étudiants, enseignants, curieux ou passionnés … le "chœur d’Antigone" se destinait à chacun d’entre nous et proposait une pratique du théâtre sans engagement et sans contrainte. Quelles étaient les motivations des participants à cette expérience inhabituelle ? Témoignage et rencontre avec deux participantes de l’atelier qui, chacune à leur manière, nous font partager leurs points de vue et leurs expériences au sein du groupe d’amateurs.L’expérience du théâtre permanent en images.
On pouvait y aller tous les jours, quand on pouvait, ou bien juste une seule fois, c’était le principe de cette préparation au chœur : libre et adaptée aux envies de chacun.
Jeudi matin, il est 10h et j’arrive à l’une des répétitions du chœur d’Antigone, l’atelier proposé à tous les volontaires, chaque matin au Théâtre Universitaire, pendant toute la durée du Théâtre Permanent. On pouvait y aller tous les jours, quand on pouvait, ou bien juste une seule fois, c’était le principe de cette préparation au chœur : libre et adaptée aux envies de chacun. Les motivations étaient donc variées. Et on pouvait choisir, ou non, de participer à la représentation spéciale du dernier vendredi aux coté de la troupe professionnelle de Gwenaël Morin.
Entrée dans la danse
Je me présente donc à Barbara Jung, l’une des comédiennes d’Antigone qui dirige l’atelier ce matin-là. Immédiatement, elle me propose de participer à l’atelier : elle préfère que je m’aperçoive de ce que l’on ressent de l’intérieur, en me joignant au groupe. J’accepte volontiers sans savoir vraiment ce qui m’attend. Ce sera finalement une très bonne surprise. Après quelques explications sur les déplacements et le rythme de l’énonciation, on s’y sent tout de suite parfaitement à l’aise. Les lumières se tamisent, l’ambiance change, on pénètre à tâtons dans la sombre atmosphère de la ville de Thèbes. Deux petites heures après, le verdict est sans appel : un chœur composé de plus de vingt personnes qui passent du cri au chuchotement en quelques secondes, il faut avouer que ça vous transporte dans un autre monde. Et pour avoir vu la néanmoins brillante adaptation de Gwenaël Morin avec le chœur traditionnel, celui de l’atelier crée une harmonie encore nouvelle, qui change la pièce.
En apparté avec deux Choristes
Après l’atelier, je rencontre deux participantes qui répondront volontiers aux quelques questions que j’ai à leur poser. Elles feront toutes les deux partie de la représentation du lendemain. Il y a Édith, professeur de Littérature à la faculté de Nantes, passionnée de théâtre et Rebecca, 27 ans, comédienne professionnelle. Deux profils différents, deux rapports au théâtre qui se distinguent et se complètent. Deux manières, donc, d’aborder et de restituer leur expérience dans le chœur d’Antigone.
Fragil : Comment avez-vous entendu parler de cet atelier ?
E : « Je n’ai pas pu passer à côté de toute la communication que la troupe du théâtre permanent a mise en place. Travaillant dans l’enceinte de l’université, je passais évidement devant le Théâtre Universitaire, et ils étaient là, Gwenaël Morin et les autres, tous les jours, bien avant même que le répertoire ne commence et c’est eux qui m’ont présenté l’atelier. Je me suis dis que c’était une réelle opportunité, cela fait maintenant trois semaines que je participe à cette préparation, aussi souvent que je peux ».
R : « Pour moi, ça a été différent, je ne suis arrivée que hier. Je ne suis plus à la faculté de Nantes et je suis tombée par hasard sur le journal du théâtre permanent chez une amie. J’ai couru m’inscrire dès le lendemain »
Fragil : Qu’est- ce qui vous a donné envie de suivre cette préparation et quelles étaient vos attentes en participant au chœur d’Antigone ?
E : « Pouvoir travailler avec des professionnels, observer leur manière de travailler et de mettre en scène, c’était pour moi une expérience enrichissante. Je ne voulais pas rester dans le milieu amateur, c’était important de voir une approche différente. »
R : « Après six mois sans théâtre, cela devenait vital de pratiquer, là c’est la renaissance ! De plus l’ambiance est professionnelle, mais elle reste légère pour autant, c’est très agréable de travailler dans ces conditions. »
Fragil : Cet atelier est proposé chaque jour à un nouveau public et ce pendant toute la durée du répertoire du théâtre permanent. J’imagine que cela demande un travail particulier d’adaptation à chaque groupe, une méthode d’approche différente afin de répondre aux attentes de chacun. De quelle manière avez-vous été pris en charge, de la première à la dernière séance ? Comment G.Morin et les autres parviennent à s’adapter avec un groupe qui changent chaque jour et qui vient avec des attentes différentes s’ils fréquentent l’atelier une, deux ou vingt fois ?
E : « Comme tu as pu le voir, le travail change au jour le jour : on annule, on recrée sans arrêt,…Il y a tout le temps une nouvelle version, même pour les réguliers, donc que l’on vienne une, deux ou vingt fois, il suffit d’être attentif et de prendre des notes. Le travail de chœur, c’est d’être à l’écoute de ce qui se passe, il faut tout simplement avoir envie de faire. En plus, on garde les textes en main. »
Gwenaël Morin écoute et tient compte de nos propositions, on se sent vraiment écouté et on parvient à trouver notre place dans l’équipe.
Fragil : Qu’est-ce qui vous a incité à participer à la représentation de vendredi ? Était-ce l’objectif dès votre inscription ou est-ce le principe de l’atelier qui vous a séduit ?
R : « Ce n’était pas un but en soi puisque je n’étais même pas au courant qu’on pouvait participer à la représentation de vendredi quand j’ai commencé l’atelier. Mais j’ai découvert la performance et me suis laissée convaincre, j’avais envie d’être confrontée de nouveau à un public. »
E : « Pour moi, c’était un vrai objectif. Il faut savoir que c’est la première fois que la troupe de Gwenaël Morin parvient à intégrer ce chœur d’amateur dans la représentation. Ici, à Nantes, ils ont réussi à trouver un noyau dur qui solidifie la prestation. Je suis contente de pouvoir y participer. »
Fragil : G. Morin et sa troupe on-t-il une manière particulière de travailler, comment vous on-t-il guidé, dirigé pour vous préparer comme il le faut à la représentation de vendredi ? A-t-il su répondre à vos attentes et allier plaisir et réalisation d’une performance théâtrale ?
E : « C’est génial de travailler avec eux. Il n’y a pas de prise de tête, c’est léger et on reçoit bien ce qu’ils veulent nous dire. De plus, j’ai été surprise, mais Gwenaël Morin écoute et tient compte de nos propositions, on se sent vraiment écouté et on parvient à trouver notre place dans l’équipe. »
R : « Oui c’est ça, ils travaillent tous un peu de la même façon et partent de nos propositions. Ils nous donnent une place active dans le processus. »
Fragil : Pour ceux d’entre vous qui ont eu l’occasion d’assister à une représentation du théâtre de Gwenaël Morin, quel regard portez-vous sur son travail et l’adaptation qu’il fait de ces 5 grandes pièces de répertoire ?
E : « J’ai eu l’occasion de voir "Woyzeck" et "Hamlet", c’était vraiment bien, une très bonne interprétation et un effet de distanciation intéressant. Ces adaptations vont très bien avec l’univers Shakespearien, on trouve des jeux de mots, de la dérision, de la légèreté : on s’amuse. Pour autant, G.Morin a su garder ce qui fait d’une tragédie une histoire percutante et poignante, il allie parfaitement les deux. On nous a par contre déconseillé de voir ’Antigone’ avant notre représentation, c’est mieux de percevoir la représentation de l’intérieur. »
Je leur souhaite bon courage pour le lendemain et elles me confessent malgré tout que le trac commence à monter. Il faut avouer que G.Morin semble motivé et charmé par cette représentation spéciale. Le travail de chœur est important dans son théâtre, personne n’a envie de le décevoir...
Alizée Remaud
Photos : Juan Cardona
Bloc-Notes
-
«  Chasse fermée  » remporte le prix du public au palmarès d’Univerciné 2013
-
Hellfest 2013 : Fragil prend refuge dans le nid des enfers
-
La 7ème Vague ouvre le bal des festivals
-
Le sculpteur Yonnais Pierre Augustin Marboeuf expose à Nantes pour la première fois
-
Edito du 12 avril 2013 : du fond des abysses